Quelle place occupe le maïs dans l'alimentation des parcs d'engraissement de l'Ouest canadien? 🎙️

29 Octobre 2024

Cet article rédigé par le Dr Reynold Bergen, directeur scientifique du BCRC, a été initialement publié dans le numéro de octobre 2024 du magazine Canadian Cattlemen et est reproduit sur BeefResearch.ca avec la permission de l’éditeur.

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Les superficies consacrées au maïs augmentent partout au Canada. Il y a environ 25 acres de maïs pour chaque acre d’orge en Ontario et au Québec, où les températures, la longueur du jour et l’humidité permettent de prévoir les rendements de maïs et la qualité des aliments pour animaux. Dans les Prairies, on compte environ huit acres d’orge pour un acre de maïs, bien que des efforts ambitieux de sélection soient en cours pour développer des variétés de maïs de courte saison et des stratégies de production adaptées au climat plus difficile de l’ouest du Canada.

Le maïs peut être ensilé sous forme de maïs moulu, à forte teneur en eau (une source d’énergie riche en amidon), ou sous forme d’ensilage de plantes entières (une source d’énergie modérée de fibres). Il peut également être ensilé sous forme d’ensilage épi-hampe (l’ensemble de l’épi de maïs coupé, y compris la tige, l’épi, l’enveloppe et le grain), ce qui se situe quelque part entre les deux. Une équipe de chercheurs dirigée par Greg Penner, de l’université de la Saskatchewan, a mené un essai en utilisant ces différentes formes de maïs pour remplacer partiellement l’orge dans les régimes de finition des parcs d’engraissement (Maïs égrené de courte saison à forte teneur en eau, ensilage épi-hampe ou ensilage de maïs en remplacement partiel de grains d’orge roulés ou d’ensilage d’orge dans les régimes de finition des bovins de boucherie de l’ouest du Canada); dx.doi.org/10.1139/CJAS-2023-0032).

Ce qu’ils ont fait

Après avoir été nourris avec le même régime, 320 bouvillons croisés (1 164 livres) ont été nourris avec l’un des quatre régimes de finition dans le cadre d’un essai en petits enclos (10 têtes par enclos) en 2020 et 2021. Les quatre régimes ont été conçus pour déterminer ce qui se passerait lorsque l’ensilage d’orge CDC Austenson et le grain d’orge étaient remplacés par de l’ensilage de maïs denté Pioneer 7202AM, du grain de maïs à forte teneur en eau ou de l’ensilage épi-hampe.

Le régime de contrôle contenait 10 % d’ensilage d’orge et 88 % d’orge roulée (roulée à un indice de transformation de 65 %). Le deuxième régime remplaçait l’ensilage d’orge par 10 % d’ensilage de maïs et 88 % d’orge roulée. Le troisième régime contenait 10 % d’ensilage d’orge et des quantités égales (44 % chacune) d’orge roulée et de maïs moulu à haute teneur en eau. Le quatrième régime contenait 20 % d’ensilage de maïs pour remplacer entièrement l’ensilage d’orge et abaisser la teneur en grains d’orge roulée à 77 %. La concentration d’amidon dans l’alimentation était ainsi similaire à celle du contrôle. Le reste de l’alimentation était composé de calcaire, d’urée et d’un supplément de minéraux/vitamines. Les bouvillons ont été abattus après 99 jours (année 1) ou 72 jours (année 2) d’alimentation. Le poids vif, le gain quotidien moyen, la consommation d’aliments, le rapport gain/alimentation, la teneur en amidon dans les selles, les abcès du foie et les données relatives à la carcasse ont été mesurés.

Ce qu’ils ont appris

Performance de croissance: La consommation de matière sèche, le poids final, les gains quotidiens moyens et le ratio gain/alimentation des bouvillons nourris avec le régime témoin standard à base d’orge n’étaient pas statistiquement différents de ceux des bouvillons nourris avec l’un ou l’autre des trois régimes à base de maïs. Bien que l’amidon fécal ait été très faible dans cette étude, la teneur en amidon fécal était plus élevée chez les bouvillons nourris à l’orge et au maïs à forte teneur en eau (2,2 contre 1,4 %) que dans le cas du régime témoin à base d’orge.

Mesures de la carcasse: Les bouvillons nourris avec l’orge et le maïs à haute teneur en eau ont eu des poids de carcasse chaude statistiquement plus élevés (895 vs 884) et des rendements de carcasse plus élevés (59,7 vs 59,0) que les bouvillons nourris avec le régime témoin à base d’orge. Cela s’est traduit par des poids vifs finaux ajustés à la carcasse (1 508 vs. 1 486 lb) et des gains quotidiens moyens (4,2 vs. 3,9 lb/jour) supérieurs à ceux des bouvillons nourris avec le régime de contrôle à base d’orge. Cela suggère que le niveau d’amidon plus élevé du régime à base d’orge et de maïs à haute teneur en eau (56 contre 52 % dans le régime témoin à base d’orge) était suffisant pour compenser l’amidon perdu dans les fèces tout en favorisant un poids de carcasse plus élevé. Ni le régime à base d’ensilage de maïs, ni le régime à base d’ensilage épi-hampe ne différaient du régime de contrôle à base d’orge. Il n’y a pas eu de différence de rendement ou de qualité.

Abcès du foie: Dans l’ensemble, les proportions d’abcès du foie mineurs ou graves étaient les mêmes pour les quatre régimes (74 %). Les abcès du foie graves étaient moins fréquents chez les bœufs nourris avec le régime à base de grains d’orge et d’ensilage épi-hampe que chez les bouvillons nourris avec le régime témoin à base d’orge (10 % contre 26 %). Ce résultat a été attribué à la teneur plus élevée en « fibres physiquement efficaces » du régime à base d’ensilage épi-hampe (5,3 % contre 4,5 % pour le régime à base d’orge), qui peut avoir contribué à maintenir la santé du rumen et à modérer le pH du rumen.

En bref

Le remplacement de l’ensilage d’orge par de l’ensilage de maïs, ou le remplacement complet de l’ensilage d’orge et d’une partie de l’orge roulée par de l’ensilage épi-hampe de maïs, n’a pas eu d’impact négatif sur les performances des bouvillons de finition ou sur la valeur de la carcasse. Le remplacement de la moitié de l’orge roulée par du maïs à haute teneur en eau a produit certains avantages.

Alors, qu’est-ce que cela signifie (ou NE signifie PAS) … pour vous ?

Le maïs est une pratique courante dans l’Est du Canada. Mais si vous débutez dans la culture et l’alimentation du maïs dans l’Ouest canadien, rappelez-vous que les variétés et les conditions de croissance sont importantes! Le maïs à forte teneur en eau a généralement une teneur en amidon plus élevée que l’orge. Les variétés de maïs denté (comme celle utilisée dans cet essai) ont généralement plus de protéines et d’amidon digestibles que les variétés de maïs corné. Le maïs denté est plus couramment cultivé aux États-Unis et dans l’Est du Canada. La majeure partie du maïs de saison courte cultivé dans l’Ouest canadien est du maïs corné. Mais la teneur en amidon et le rendement diminuent lorsque le maïs est soumis à une sécheresse, comme c’était le cas dans cette étude. En fait, la sécheresse était suffisamment grave en 2021 pour que ni l’ensilage de maïs ni l’ensilage épi-hampe ne puissent être produits, et la deuxième année de l’étude a utilisé l’ensilage de maïs et l’ensilage épi-hampe restant de la campagne agricole 2020. En revanche, le grain et l’ensilage d’orge ont été cultivés au cours des deux années de l’étude. Le maïs de culture locale présente un potentiel important dans le secteur des parcs d’engraissement de l’Ouest canadien, mais il faut faire plus pour éliminer les risques liés à la production.

Le Conseil de recherche sur les bovins de boucherie est une organisation sans but lucratif financée par le Prélèvement national sur les bovins de boucherie. Le BCRC s’associe à Agriculture et Agroalimentaire Canada, aux groupes provinciaux de l’industrie du bœuf et aux gouvernements pour faire progresser la recherche et le transfert de technologie à l’appui de la vision de l’Industrie canadienne du bœuf qui consiste à être reconnue comme un fournisseur privilégié de bœuf, de bovins et de génétique sains et de haute qualité. Pour en savoir plus sur le BCRC, consultez le site suivant : www.beefresearch.ca.

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