L'importance de la supplémentation - Naviguer les besoins en oligo-éléments d'un troupeau de bovins 🎙️
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Comment puis-je rĂ©pondre le mieux possible aux besoins en minĂ©raux de mon troupeau de bovins ? Il n’est pas surprenant que la rĂ©ponse Ă cette question ne soit pas simple. De nombreux facteurs ont une incidence sur les besoins en minĂ©raux des bovins, tels que le stade de production, l’âge et l’Ă©tat corporel. Ces facteurs sont encore accentuĂ©s par la biodisponibilitĂ© de la source minĂ©rale fournie et par les antagonistes qui peuvent ĂŞtre prĂ©sents dans l’alimentation.
Les variations régionales de la teneur en oligo-éléments des fourrages et des sols créent des zones à haut risque où les carences en oligo-éléments sont plus susceptibles de se produire. Des sources supplémentaires doivent être fournies pour prévenir les baisses de production, les problèmes de santé animale ou les troubles de la reproduction.
La carence en cuivre chez les bovins de boucherie matures est un problème à travers le Canada.
Des donnĂ©es publiĂ©es rĂ©cemment dans le cadre de travaux dirigĂ©s par la Dre Cheryl Waldner du Western College of Veterinary Medicine Ă Saskatoon, en Saskatchewan, ont montrĂ© que 64 % des vaches de boucherie matures de l’Ouest du Canada et 59 % des vaches de boucherie matures de l’Est du Canada ont un statut en cuivre moins qu’adĂ©quat1. Ces chiffres sont basĂ©s sur des donnĂ©es collectĂ©es en 2019.
« L’une des tendances que nous avons observĂ©es avec les donnĂ©es sur le cuivre Ă©tait qu’elles semblaient un peu plus rĂ©gionales chez les jeunes vaches. Mais lorsque nous avons examinĂ© les vaches adultes, la portĂ©e du problème Ă travers le pays est devenue vraiment Ă©vidente », explique la Dre Waldner. « Si vous ĂŞtes un Ă©leveur vache-veau au Canada, vous devez vous prĂ©occuper de la supplĂ©mentation en cuivre de votre troupeau, quel que soit l’endroit oĂą vous vous trouvez. »
Le Dr Van Mitchell et son Ă©quipe de Metzger Veterinary Services en Ontario ont effectuĂ© des tests de dĂ©pistage des oligo-Ă©lĂ©ments en 2023 sur des veaux arrivant dans des parcs d’engraissement de l’Ontario. Ils ont constatĂ© que 56 % des veaux provenant de l’Ouest canadien (Manitoba, Saskatchewan et Alberta) prĂ©sentaient une teneur marginale ou dĂ©ficiente en cuivre. En comparaison, 33 % des veaux de l’Ontario tombaient dans la mĂŞme catĂ©gorie.
« En général, nous attribuons les carences en cuivre des bovins à la mauvaise qualité du fourrage, à un apport minéral faible ou nul ou à une alimentation riche en sulfate ou en molybdène », explique-t-il.
Le Dr Andrew Acton, de la Deep South Animal Clinic Ă Ogema, en Saskatchewan, affirme que la carence en cuivre est la plus courante qu’il ait observĂ©e dans sa pratique et note qu’elle peut aussi ĂŞtre l’une des plus difficiles Ă corriger.
« Tout se joue dans l’interrelation entre le cuivre, le molybdène et le soufre. Un dĂ©sĂ©quilibre de l’un d’entre eux peut entraĂ®ner des problèmes avec les autres », explique-t-il.
Les recherches du groupe de Dre Waldner ont Ă©galement Ă©valuĂ© les niveaux de molybdène chez les vaches de boucherie et ont rĂ©vĂ©lĂ© d’importantes variations rĂ©gionales. Le molybdène est prĂ©sent dans les sols et les plantes, et il peut emprisonner le cuivre. Cela signifie que si le molybdène est prĂ©sent dans le fourrage, tout cuivre qui s’y trouve n’est plus disponible pour ĂŞtre utilisĂ© par l’animal. Il en rĂ©sulte une carence secondaire en cuivre.
« Si vous ĂŞtes un Ă©leveur vache-veau au Canada, vous devez vous prĂ©occuper de la supplĂ©mentation en cuivre de votre troupeau, quel que soit l’endroit oĂą vous vous trouvez. »
– Dre Cheryl Waldner, Western College of Veterinary Medicine
- Une carence minérale primaire se produit lorsque les bovins consomment un régime dépourvu de ce minéral.
- Une carence minĂ©rale secondaire se produit lorsque les bovins consomment suffisamment d’un minĂ©ral spĂ©cifique pour rĂ©pondre aux besoins, mais que des antagonistes minĂ©raux sont prĂ©sents dans l’alimentation et interfèrent avec l’absorption normale de ce minĂ©ral.
Outre le molybdène, les niveaux Ă©levĂ©s de sulfate prĂ©sents dans les sources d’eau ou dans certains aliments de substitution peuvent limiter davantage la biodisponibilitĂ© du cuivre dans l’alimentation. Par consĂ©quent, malgrĂ© la supplĂ©mentation, de nombreux troupeaux peuvent encore prĂ©senter des carences.
Le statut du sélénium est une préoccupation régionale
En ce qui concerne le sĂ©lĂ©nium, 73 % des vaches de l’Est du Canada et 33 % des vaches de l’Ouest du Canada ont des niveaux de sĂ©lĂ©nium sĂ©rique de 0,8 ppm ou moins, ce qui est considĂ©rĂ© comme moins qu’adĂ©quat.
« Il y a quelques petites zones dans l’ouest du Canada oĂą nous constatons un problème, essentiellement Ă l’ouest de l’autoroute 2 en Alberta et jusqu’en Colombie Britannique. Mais ce qui ressort de ces cartes, c’est que la carence en sĂ©lĂ©nium est beaucoup plus frĂ©quente dans l’est du Canada », explique la Dre Waldner, ajoutant que pour les producteurs de l’Ontario, du QuĂ©bec et des Maritimes, le risque rĂ©gional accru d’une faible teneur en sĂ©lĂ©nium doit ĂŞtre pris en compte lors de l’Ă©valuation d’un programme de supplĂ©mentation minĂ©rale.
« Il s’agit d’un problème liĂ© au sol », explique le Dr Mitchell, « et c’est certainement le problème le plus important que nous voyons (en termes de carence en minĂ©raux) chez les veaux provenant de l’Ontario. C’est un facteur qui contribue fortement aux Ă©pidĂ©mies de diarrhĂ©e du veau, aux veaux faibles Ă la naissance et aux rĂ©ponses immunitaires dĂ©ficientes. »
En outre, la plupart des fourrages et des cultures produites en Ontario sont déficients en sélénium, ce qui signifie que sans supplémentation, les bovins ne reçoivent pas les quantités adéquates de leur régime alimentaire.
« Notre rĂ©gion [le centre-sud de la Saskatchewan] n’est pas typiquement dĂ©ficiente en sĂ©lĂ©nium, et nous sommes un peu plus susceptibles de voir un excès de sĂ©lĂ©nium dans certains troupeaux », note le Dr Acton. « Lorsque nous observons des problèmes, ils sont probablement liĂ©s aux conditions de sĂ©cheresse et Ă la consommation de certaines plantes. »
Le sĂ©lĂ©nium agit de manière prĂ©visible avec la supplĂ©mentation, en ce sens que les niveaux corporels augmentent relativement rapidement lorsque la supplĂ©mentation est fournie. Toutefois, les producteurs doivent s’assurer que les apports sont adĂ©quats et que le bon niveau d’oligo-Ă©lĂ©ments est formulĂ© dans le produit.
« Si les producteurs reçoivent un chargement de minĂ©raux qui n’est pas conçu pour une rĂ©gion dĂ©ficiente en sĂ©lĂ©nium, il n’y a pas assez de sĂ©lĂ©nium dans le produit. MĂŞme si les vaches consomment les quantitĂ©s adĂ©quates indiquĂ©es sur l’Ă©tiquette, ce n’est toujours pas suffisant », prĂ©vient le Dr Mitchell.
ConsĂ©quences d’une carence en oligo-Ă©lĂ©ments
Selon le Dr Acton, les carences en oligo-Ă©lĂ©ments peuvent prendre des mois avant de se manifester par des symptĂ´mes cliniques, en fonction de facteurs tels que l’alimentation, la qualitĂ© de l’eau ou l’Ă©tat de santĂ©. Les symptĂ´mes observĂ©s ne sont souvent pas propres Ă une carence spĂ©cifique et peuvent inclure des taux de conception faibles, des avortements tardifs, des bovins peu performants malgrĂ© une alimentation de haute qualitĂ©, une rĂ©ponse immunitaire rĂ©duite ou un pelage rĂŞche.
De nombreux oligo-Ă©lĂ©ments, tels que le cuivre et le zinc, sont essentiels Ă la gestation, et lorsque les besoins des vaches ne sont pas satisfaits, elles risquent davantage d’ĂŞtre vides Ă l’automne.
Les docteurs Acton et Mitchell soulignent tous deux que la supplémentation pendant la gestation est une période clé qui a un impact sur la santé et la production des veaux et des vaches, ainsi que sur les futures performances reproductives des vaches.
« Pendant la gestation, la vache sacrifie une partie de ses propres rĂ©serves d’oligo-Ă©lĂ©ments pour le fĹ“tus et, dans certains cas, le veau naĂ®t avec des niveaux adĂ©quats alors que la vache est maintenant dĂ©ficiente Ă cause de cela », explique le Dr Acton.
« Lorsqu’une vache est carencĂ©e pendant la gestation, le veau naĂ®t lui aussi carencĂ©. Et lorsqu’il connaĂ®t un mauvais dĂ©part, cela l’affecte tout au long de sa vie productive », explique le Dr Mitchell. « Il est courant de donner une injection de sĂ©lĂ©nium Ă un veau Ă la naissance, mais il faut souvent attendre quatre Ă sept jours pour qu’elle ait un effet positif sur une carence. Par consĂ©quent, une injection Ă la naissance peut s’avĂ©rer trop tardive pour un veau rĂ©ellement dĂ©ficient ; l’accent doit ĂŞtre mis sur la vache gestante. »
« Il est courant de donner une injection de sĂ©lĂ©nium Ă un veau Ă la naissance, mais il faut souvent attendre quatre Ă sept jours pour qu’elle ait un effet positif sur une carence. Par consĂ©quent, une injection Ă la naissance peut s’avĂ©rer trop tardive pour un veau rĂ©ellement dĂ©ficient ; l’accent doit ĂŞtre mis sur la vache gestante. »
– Dr. Van Mitchell, Metzger Veterinary Services
Une bonne alimentation en oligo-Ă©lĂ©ments est encore plus importante chez les jeunes vaches. Ces animaux sont eux-mĂŞmes encore en pleine croissance et doivent Ă©quilibrer ce qu’ils apportent Ă leur veau tout en rĂ©pondant Ă leurs propres besoins.
« Un autre aspect est l’impact des oligo-Ă©lĂ©ments sur le fonctionnement du système immunitaire, Ă la fois en termes de risque que les animaux tombent malades et de leur capacitĂ© Ă rĂ©pondre aux vaccins que nous leur administrons », explique la Dre Waldner.
« Le système immunitaire est très complexe et nous avons besoin que tous ses aspects fonctionnent », explique-t-elle. « Il est prouvĂ© que l’alimentation en oligo-Ă©lĂ©ments est importante Ă la fois pour les parties du système immunitaire qui crĂ©ent des anticorps contre le vaccin et pour les parties du système immunitaire qui ont un impact direct sur les cellules qui sont importantes pour la rĂ©ponse du système immunitaire. »
Lorsque les vaches et les veaux n’ont pas des niveaux adĂ©quats d’oligo-Ă©lĂ©ments, leur capacitĂ© Ă rĂ©pondre aux vaccinations est rĂ©duite.
Suivi de l’Ă©tat d’un troupeau de bĹ“ufs en matière d’oligo-Ă©lĂ©ments
Plusieurs tests sont disponibles pour diagnostiquer les carences en oligo-Ă©lĂ©ments, notamment des Ă©chantillons de sĂ©rum et des biopsies du foie. L’utilisation de ces outils dans les tests de routine peut aider Ă identifier des situations potentielles limitant la production, mais elle doit se faire en comprenant parfaitement les limites et la manière d’interprĂ©ter les rĂ©sultats.
« Dans le cas du cuivre, le foie est le rĂ©servoir d’essence et la circulation sanguine est la canalisation d’essence. Le rĂ©servoir d’essence alimente la canalisation d’essence, donc si la canalisation d’essence est basse, cela signifie que les niveaux de cuivre sont très bas ou proches d’une carence », explique le Dr Acton.
« Lorsque nous examinons un problème de troupeau pour commencer, les échantillons de sérum constituent un bon test de dépistage », dit-il. « Si nous prélevons 10 ou 20 échantillons et que nous constatons que 30 % ont une carence, nous savons que nous avons un gros problème, car il y en a probablement plus que cela. »
La Dre Waldner ajoute que « les tests sanguins sont plus rapides, plus faciles et gĂ©nĂ©ralement moins chers. C’est pourquoi il est plus probable que nous prĂ©levions des Ă©chantillons sur un plus grand nombre de vaches appartenant Ă un large Ă©ventail de groupes de gestion que lorsque nous prĂ©levons des Ă©chantillons de foie ».
« Dans le cas du cuivre, le foie est le rĂ©servoir d’essence et la circulation sanguine est la canalisation d’essence. Le rĂ©servoir d’essence alimente la canalisation d’essence, donc si la canalisation d’essence est basse, cela signifie que les niveaux de cuivre sont très bas ou proches d’une carence. »
– Dr. Andrew Acton, Deep South Animal Clinic
Selon elle, de nombreux producteurs utilisent des supplĂ©ments libres, ce qui entraĂ®ne de grandes variations dans les apports en oligo-Ă©lĂ©ments. « Lorsque l’Ă©tat minĂ©ral du troupeau de vaches est très variable, la rĂ©alisation d’un petit nombre de tests hĂ©patiques potentiellement plus sensibles pourrait ne pas rĂ©vĂ©ler l’ampleur du problème. »
Les niveaux sĂ©riques d’oligo-Ă©lĂ©ments fluctuent en fonction de la rĂ©gularitĂ© de l’apport en minĂ©raux, prĂ©vient le Dr Mitchell, ajoutant qu’un animal dĂ©ficient peut en fait prĂ©senter des niveaux adĂ©quats lors d’un test sanguin si le foie a rĂ©cemment mobilisĂ© les niveaux stockĂ©s pour compenser la carence.
Alors que les Ă©chantillons de sang constituent une excellente première Ă©tape dans le suivi du statut minĂ©ral d’un troupeau, l’utilisation de biopsies du foie est recommandĂ©e lorsqu’il s’agit de dĂ©terminer les besoins de supplĂ©mentation en minĂ©raux ou si un problème sĂ©rieux est observĂ© au sein du troupeau.
« Pour dĂ©terminer la quantitĂ© Ă supplĂ©menter, il faut connaĂ®tre les rĂ©serves du foie, et c’est lĂ que les biopsies hĂ©patiques entrent en jeu. Elles permettent de mesurer avec prĂ©cision les niveaux de nutriments essentiels et de dĂ©tecter les carences ou les toxicitĂ©s qui ne sont pas facilement identifiĂ©es par des signes extĂ©rieurs ou des analyses sanguines de routine », explique la Dre Waldner.
Quand tester l’Ă©tat en matière d’oligo-Ă©lĂ©ments ?
Lorsque des signes cliniques apparaissent ou qu’un troupeau ne prĂ©sente pas des performances de production optimales, tous les experts recommandent d’effectuer des prĂ©lèvements de foie ou de sang dans le cadre du processus de diagnostic. Les rĂ©sultats peuvent Ă©galement mettre en Ă©vidence des problèmes nutritionnels potentiels pour une pĂ©riode d’alimentation donnĂ©e.
« Si nous constatons des problèmes de veaux nĂ©s faibles ou mort-nĂ©s, cela indique que le problème se situe au niveau de l’alimentation hivernale. Si les veaux naissent en bonne santĂ©, vifs et alertes, mais qu’après le sevrage ils tombent malades et que nous avons des taux de retrait Ă©levĂ©s, nos yeux se tournent alors vers l’alimentation d’Ă©tĂ© », prĂ©cise le Dr Mitchell.
Certains producteurs devraient peut-ĂŞtre vouloir Ă©valuer rĂ©gulièrement l’Ă©tat de leurs troupeaux en matière d’oligo-Ă©lĂ©ments afin de s’assurer que les rations formulĂ©es rĂ©pondent aux besoins.
Les Drs Waldner et Acton suggèrent que le suivi concernant l’Ă©tat des oligo-Ă©lĂ©ments est idĂ©al au moment de la vĂ©rification de la gestation Ă l’automne. Les tests effectuĂ©s Ă ce moment-lĂ devraient laisser suffisamment de temps pour ajuster la supplĂ©mentation afin de corriger toute carence identifiĂ©e avant le vĂŞlage.
Travaillez avec votre vétérinaire et votre nutritionniste pour vous assurer que les besoins en oligo-éléments de votre troupeau sont satisfaits.
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