Une vache devrait avoir un veau chaque année. Bien que ceci soit un énoncé simple et direct, les producteurs bovins savent que pour que cela se produise, des efforts, de la planification et de la régie sont nécessaires. L’un des moyens pour réaliser cet objectif est d’établir des saisons bien définies pour la reproduction et le vêlage.
Points importants |
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Une saison de vêlage contrôlée est une période de 60 à 90 jours pendant laquelle tous les veaux sont nés |
Une période de vêlage contrôlée permet une meilleure régie des nutriments, de la santé et de la commercialisation en raison des similitudes entre les animaux tout au long de l’année |
Des recherches ont démontré que le vêlage à longueur d’année diminuait les retours pour les producteurs comparativement au vêlage au printemps et à l’automne |
Une saison de reproduction plus courte pourrait nécessiter un ajustement du ratio de taureaux et de vaches |
Une commercialisation à longueur d’année permet une meilleure gestion du risque, car seulement une portion des récoltes destinées aux veaux est vendue à un taux annuel faible ou élevé |
Pour les producteurs qui prévoient de raccourcir leur saison de vêlage ou de changer pour une période plus tôt, un ajustement lent est recommandé afin d’éviter d’affecter négativement les taux de conception |
Introduction
Les mesures clés du succès et l’approche envers l’amélioration du rendement reproductif du troupeau varieront selon le système de vêlage. Les éleveurs-naisseurs partout au Canada mettent en œuvre diverses saisons de vêlage, incluant:
- En hiver (début janvier jusqu’à mars),
- Au printemps (mars jusqu’à mai),
- En été (juin jusqu’au début du mois d’août),
- À l’automne (septembre jusqu’au début du mois de novembre), et
- À longueur d’année (aucune période de vêlage définie).
Un sondage 2016-2017 réalisé auprès des éleveurs-naisseurs des provinces de l’Atlantique démontrait que la durée moyenne d’une saison de reproduction pour les vaches et les génisses était de 136 jours et que la durée moyenne de la saison de vêlage était de 121 jours. À noter que certaines exploitations avaient des saisons de reproduction et de vêlage à longueur d’année.
La sélection d’une saison de vêlage
Une saison de vêlage contrôlée est une période de 60 à 90 jours pendant laquelle tous les veaux sont nés. Il a été démontré qu’une saison de vêlage définie (printemps ou automne)1:
- améliore l’uniformité des bovins pour la commercialisation,
- fournit une période plus courte entre les vêlages afin de permettre aux vaches d’avoir un veau tous les 12 mois,
- réduit les besoins en main-d’œuvre à des moments spécifiques de l’année, ce qui permet aux producteurs de miser sur des entreprises alternatives comme la production de cultures et de fourrages,
- améliore les poids au sevrage (les veaux nés au cours des 21 premiers jours de la saison de vêlage sont souvent les plus lourds au sevrage),
- aide les producteurs à coordonner les vaccins avec plus de précision, comme un vaccin pour la prévention de la diarrhée par exemple, qui doit être administré à un intervalle spécifique avant le vêlage, et
- réduit les variations dans les besoins nutritionnels au sein du troupeau à un moment quelconque.
Tout ceci pourrait aider les producteurs à économiser de l’argent sur les intrants du troupeau.
Pour évaluer la répartition actuelle du vêlage dans votre troupeau et l’impact que peut avoir une saison de vêlage plus condensée, apprenez-en davantage et consultez l’outil sur la valeur de la répartition des vêlages.
En général, une période de vêlage contrôlée permet une meilleure régie des nutriments, de la santé et de la commercialisation en raison des similitudes entre les animaux tout au long de l’année. Quelle que soit la période de l’année choisie, une saison de vêlage contrôlée fournit des périodes précises pendant lesquelles les évènements surviennent à la ferme.
En ce qui concerne la planification (hiver, printemps, été, automne), les producteurs peuvent faire correspondre la génétique du troupeau à l’environnement, en prévoyant fournir des fourrages de qualité supérieure au troupeau de vaches après le vêlage et tout au long de la saison de la reproduction. Or, il existe des considérations additionnelles à prendre en compte dans de nombreux cas, comme les autres demandes sur la main-d’œuvre.
Le vêlage à longueur d’année ou les longues saisons de vêlage (cinq mois ou plus) nécessitent une régie moins active, généralement aux dépens d’intervalles accrus entre les vêlages (période entre les vêlages). Des recherches ont démontré que le vêlage à longueur d’année diminuait les retours pour les producteurs comparativement au vêlage au printemps et à l’automne2. On a cependant émis l’hypothèse que les petites exploitations sacrifiaient les retours pour un contrôle de la saison de vêlage afin de faciliter la régie et d’éviter d’investir dans des installations qui sépareraient les taureaux du reste du cheptel reproducteur.
Pour les petits troupeaux qui considèrent faire une transition vers une saison de vêlage définie, la logistique entourant la régie d’un taureau peut représenter un obstacle considérable. L’objectif est de maintenir les taureaux dans un pâturage ou une aire d’attente distincte et sécurisée afin d’éviter les accouplements accidentels, sans qu’il soit trop difficile de s’en occuper. Une option est de partager les taureaux avec d’autres producteurs pour qu’ils soient seulement sur les lieux lors de la période de reproduction désignée. Ceci peut être attrayant si plusieurs voisins optent pour une saison de vêlage définie et peut aider à avoir un nombre adéquat de taureaux pour s’accoupler avec le troupeau pendant la période de reproduction désignée. Une saison de reproduction plus courte pourrait nécessiter un ajustement du ratio de taureaux et de vaches. (Notez que le ratio idéal de taureaux et de vaches variera en fonction de plusieurs facteurs, incluant la taille et les conditions du pâturage, ainsi que la concentration du troupeau). Le partage de taureaux rend ceci faisable, tout en abordant la question à savoir où garder les taureaux lorsqu’ils ne se reproduisent pas. Cependant, il y a des considérations de biosécurité qui doivent être discutées avant que les taureaux soient partagés entre les exploitations.
Si une commercialisation à longueur d’année est utilisée, les poids au sevrage pourraient ne pas être affectés. L’ajustement à un flux financier plus saisonnier peut représenter des défis si une exploitation est habituée à une commercialisation à longueur d’année. Une commercialisation à longueur d’année permet une meilleure gestion du risque, car seulement une portion des récoltes destinées aux veaux est vendue à un taux annuel faible ou élevé.
Les systèmes de vêlage double, soit lorsqu’une partie du troupeau vêle au printemps et que l’autre partie vêle à l’automne, permettent certaines pratiques de régie spécifiques. Par exemple, les vaches à vêlage tardif ou les vaches non gestantes d’un groupe peuvent être transférées de groupe. Cependant, de bons registres sont nécessaires pour s’assurer que les vaches ne sont pas continuellement changées de groupe. Avoir un système dans lequel les vaches à vêlage tardif peuvent être transférées d’un groupe du printemps à un groupe d’automne, mais pas le contraire, peut éviter les changements fréquents de groupe. Ceci divise les besoins en main-d’œuvre, car moins de vaches vêlent en même temps. Cela procure également des saisons de vêlage définies, ce qui peut accommoder certains problèmes liés à la température, comme la boue.
Comment effectuer la transition?
Pour les producteurs qui prévoient de raccourcir leur saison de vêlage ou de changer pour une période plus tôt, un ajustement lent est recommandé afin d’éviter d’affecter négativement les taux de conception. Lors du changement pour une saison de vêlage plus tôt, les producteurs pourraient considérer l’insémination de leurs génisses à leur premier veau avant leurs vaches matures afin d’allouer du temps additionnel pour une autre insémination, tout en maintenant la saison de vêlage désirée. Cependant, ceci pourrait nécessiter d’exposer plus d’animaux à un plus jeune âge pour obtenir le taux de conception nécessaire.
Une autre option est d’utiliser des protocoles d’hormones pour assurer que les génisses sont inséminées plus tôt que les vaches ou au début de la saison de vêlage désignée. Si vous cherchez à maintenir un intervalle entre les vêlages de moins de 60 jours, vous ne voulez pas que les génisses vêlent avant le reste du troupeau, mais vous pouvez vous assurer qu’elles vêlent au tout début de la période de vêlage. Dans cette situation, assurez-vous que les génisses sont suffisamment développées au début de la reproduction et qu’elles sont inséminées avec un taureau permettant une facilité de vêlage, car elles seront inséminées tout juste après l’âge d’un an dans la plupart des cas.
La procédure la plus couramment utilisée pour convertir le vêlage à longueur d’année à une saison de vêlage définie est d’effectuer une transition lente, sur une période de trois ans (voir le tableau ci-dessous), en ciblant la période à laquelle la majorité des vaches vêlent déjà au cours du cycle d’un an. Cette méthode entraîne généralement une transition qui ne nécessite pas la réforme d’un grand nombre de vaches en une année et cela est plus réalisable sur le plan économique que d’effectuer une transition en une seule saison. Pour certaines exploitations ayant des coûts d’achat élevés pour les génisses inséminées ou l’élevage de vaches de remplacement, une période de transition encore plus lente pourrait être une meilleure option.
S’il y a suffisamment de vaches pour permettre deux saisons de vêlage, un regroupement basé sur l’état de gestation initial pourrait réduire les coûts de la transition. Comme mentionné ci-dessus, une transition lente permettra de transférer les vaches non saillies à l’autre saison de reproduction lorsqu’elles deviendront vides pour la première fois, à condition qu’il n’y ait aucune autre raison pour la réforme (p. ex., faible rendement de veaux, pis/mastite, boiterie, etc.).
Pour lire sur des expériences directes de producteurs qui ont fait leurs devoirs et qui ont planifié avant de changer leurs saisons de vêlage, consultez la publication du BCRC : Calendrier et transition de la saison de vêlage.
- Références
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1. Carpenter, B. and L.R. Sprott. Long Calving Seasons: Problems and Solutions. AgriLife Extension, Texas A&M System. B-1443. 6/07. Disponible ici.
2. Doye, D., M. Popp, and C. West. “Controlled versus Continuous Calving Seasons in the South: What’s at Stake?”. Journal of the American Society of Farm Managers and Rural Appraisers. 90(2008):60–73.
Remerciements
Merci à Brenna Grant, Directrice, Canfax Research Services, pour la contribution de son temps et de son expertise dans la rédaction de cette publication.
Révision d’un expert
Ce contenu a été révisé pour la dernière fois en Avril 2024.