Les méthodes permettant de prolonger la saison de pâturage, incluant les réserves de cultures fourragères vivaces, l’utilisation de fourrages annuels, de résidus de culture et de balles laissées dans le champ, ont des avantages économiques et environnementaux considérables comparativement aux systèmes traditionnels d’alimentation en hiver. Les systèmes bien régis réduisent ou éliminent les besoins requis pour la main-d’œuvre, la récolte, le transport et la livraison d’aliments ainsi que pour la manutention de fumier. Ces systèmes permettent également une plus grande flexibilité pour retourner les nutriments à la terre plutôt que de concentrer les animaux dans des enclos. Or, la capacité d’instaurer un système de pâturage en hiver dépend d’un nombre de facteurs, incluant la disponibilité de l’eau, les conditions de neige, la fourniture d’un abri, la disponibilité de réserves d’aliments et l’utilisation des fourrages par la faune.
Points importants |
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Pour qu’un système de pâturage prolongé ait du succès, une bonne régie est nécessaire afin de maintenir les bovins en santé et en bon état |
Suivez toujours les réglementations provinciales en matière d’environnement et de régie du fumier. Les environnements sensibles, comme les cours d’eau, peuvent être affectés par leur proximité à du fumier et le volume du fumier |
Limiter les fourrages disponibles à quelques jours à la fois assure un apport de nutrition plus uniforme ; le pâturage rationné, l’utilisation de clôtures électriques ou le déplacement des bovins d’un champ vers un autre encourage une meilleure utilisation des fourrages par acre |
Ce ne sont pas tous les systèmes qui conviennent à toutes les catégories de bovins. La prudence est de mise pendant la régie de veaux, de jeunes vaches, de vaches maigres et de vaches avec des veaux, car ces animaux ont besoin de niveaux plus élevés d’énergie et de régie comparativement aux vaches taries matures |
Vérifiez régulièrement les conditions de neige ; la neige NE DOIT PAS être utilisée comme l’unique source d’eau pour les bovins en lactation, récemment sevrés, qui ont un état corporel inférieur à 2,5 sur 5 ou les bovins qui n’ont pas accès à des ressources alimentaires optimales |
Dans l’est du Canada, les quantités et les qualités variables de la neige signifient qu’elle n’est pas toujours une source d’eau viable. Une autre source d’eau est fortement recommandée |
Des analyses des aliments sont essentielles pour évaluer la qualité et pour faire correspondre les besoins de l’animal avec les nutriments fournis |
Ayez toujours un « plan B » ou des options de rechange à mettre en œuvre dans un délai très court si les conditions deviennent défavorables pour les animaux |
L’accent mis sur le rendement versus la qualité doit toujours être aligné avec le type d’animaux qui vont paître |
Les recherches indiquent que le pâturage rationné peut réduire les coûts alimentaires quotidiens totaux par vache de 41 à 48 % comparativement à l’alimentation dans les parcs d’élevage |
La production réussie de maïs est hautement dépendante de la disponibilité de variétés tolérantes au froid, des degrés-jour adéquats, de la fertilité et du contrôle des mauvaises herbes |
L’aspect économique de la culture de maïs variera |
Les fourrages annuels de cultures de Brassica peuvent fournir du pâturage à croissance rapide et à rendement élevé tardivement en automne, mais ils peuvent entraîner des problèmes de santé animale s’ils ne sont pas régis adéquatement |
Évitez le pâturage sur balles dans des endroits sensibles sur le plan environnemental ; ne PERMETTEZ PAS le pâturage sur balles dans des pâturages indigènes |
Les avantages du pâturage prolongé
De nombreuses études ont démontré les avantages économiques et environnementaux des systèmes de pâturage prolongé1. Les coûts de production sont réduits comparativement à une alimentation hivernale en confinement plus traditionnelle. Il y a également des avantages pour l’environnement et le rendement agronomique en raison d’une meilleure fertilité du sol et d’un rendement accru des fourrages. Les obstacles à l’adoption exprimés par les producteurs comprennent une trop grande quantité de neige, une trop grande accumulation de glace ou de croûte de neige, un manque de source d’eau en hiver, les températures froides, le gaspillage alimentaire, le bien-être animal et le rendement de l’animal. Ce sont tous des risques potentiels qui doivent être surveillés et gérés attentivement.
Des avantages économiques potentiels peuvent être trouvés dans les coûts de régie des aliments, de la main-d’œuvre, de la machinerie, des résidus et du fumier. Le pâturage prolongé peut réduire ou éliminer les coûts et le temps nécessaire pour récolter les fourrages et l’utilisation de la machinerie pour manipuler les aliments. Dans les systèmes où les animaux récoltent leurs propres aliments, les coûts associés à la main-d’œuvre et à la machinerie seront également inférieurs. Le pâturage prolongé peut également réduire les coûts associés avec le nettoyage des corrals et l’épandage de fumier.
Le pâturage prolongé offre également des bienfaits environnementaux. Le fumier est épandu par-dessus l’ensemble du pâturage ou du champ, minimisant les effets négatifs potentiels d’une concentration à un seul endroit. Une fertilisation naturelle peut survenir sur des terres régies à des taux qui sont bénéfiques pour l’environnement. De plus, la réduction ou l’élimination de l’utilisation de machinerie et d’équipement se traduit par une moins grande utilisation de carburant et d’énergie.
Considérations de régie lors de la mise en œuvre de systèmes de pâturage prolongé
Pour qu’un système de pâturage prolongé ait du succès, une bonne régie est nécessaire afin de maintenir les bovins en santé et en bon état. La qualité des fourrages, les clôtures, l’eau et les abris sont des éléments importants qui doivent être planifiés avec soin en fonction des conditions régionales.
Les producteurs doivent examiner attentivement la densité de peuplement et les impacts environnementaux lorsqu’ils développent des stratégies de pâturage en hiver. Il y a un risque élevé de ruissellement des nutriments pendant les mois d’hiver, il faut donc être prudent et limiter la quantité de fumier déposé dans un espace donné en offrant une quantité suffisante de terre par animal. Il est important de reconnaître que différentes provinces ont différentes réglementations concernant la régie du fumier. Visitez la page thématique Gestion du fumier et des éléments nutritifs pour plus d’informations.
Sachez que le bétail dépense 18 à 20 % plus d’énergie pour récolter ses propres aliments comparativement aux animaux nourris dans un parc d’élevage, majoritairement en raison de l’énergie supplémentaire additionnelle nécessaire pour rechercher de la nourriture et rester au chaud. Le pâturage rationné, l’utilisation de clôtures électriques ou le déplacement des bovins d’un champ vers un autre assurent un apport de nutrition plus uniforme et encouragent une meilleure utilisation des fourrages par acre lorsque les champs sont pâturés en lisière versus lorsque les champs broutés en entier. Lorsque les bovins ont accès à de plus grands espaces (champ entier) pendant de plus longues périodes, ils consommeront les meilleurs aliments en premier. Ceci pourrait se traduire par une prise de poids rapide, suivi d’une diminution de la nutrition et d’une perte de poids importante une fois que les meilleurs aliments ont été récoltés. Pour ce qui est du pâturage de maïs, il y a un risque accru d’acidose en raison d’une surconsommation d’épis à teneur élevée en énergie. Pour vous assurer que les vaches continuent à prendre du poids ou à maintenir leur poids sans ajout de ressources de pâturage, déplacez-les plus souvent vers des champs frais ou des lisières pour vous assurer qu’elles ont accès à une qualité adéquate. Le piétinement et le gaspillage alimentaire seront également réduits avec une régie du pâturage.
Comme avec tous les scénarios de régie en hiver, les producteurs doivent considérer si leur système de pâturage prolongé conviendra à leur catégorie de bovins et aux conditions environnementales de leur région. La prudence est de mise pendant la régie de veaux, de jeunes vaches, de vaches maigres et de vaches avec des veaux, car ces animaux ont besoin de niveaux plus élevés d’énergie et de régie comparativement aux vaches taries matures. Si vous faites paître ces catégories d’animaux ayant de plus grands besoins en énergie à la fin de l’automne ou en hiver, vous pourriez devoir leur fournir des aliments supplémentaires et un abri lorsque les conditions météorologiques l’obligent. Un approvisionnement d’aliments d’urgence pendant des conditions météorologiques hivernales rigoureuses sera possiblement nécessaire et devrait être disponible en cas de conditions ne permettant pas un pâturage prolongé au cours d’un hiver particulier. Analysez les aliments et ajustez les suppléments à la ration au besoin pendant l’hiver. N’oubliez pas que les besoins en protéines et en énergie chez les vaches matures gestantes augmentent pendant le deuxième et le troisième trimestre.
Lorsque cela est possible, sélectionnez un pâturage ou un champ protégé du vent qui est accessible lors de journées froides et venteuses, pendant des périodes d’importantes accumulations de neige ou lorsque la neige se transforme en glace. Ceci facilitera la surveillance des animaux et au besoin, le déplacement des animaux vers un meilleur emplacement. Le pâturage ou le champ devrait avoir ou permettre l’installation d’un système d’approvisionnement en eau si la neige n’est pas disponible ou de qualité inadéquate, et dans les endroits où l’accès aux fourrages n’est pas limité en raison d’importantes accumulations de neige. Si des coupe-vent naturels ne sont pas présents, des coupe-vent artificiels sont recommandés et ils peuvent inclure l’utilisation de clôtures coupe-vent portatives ou de balles empilées avec une clôture électrique comme barrière. Les champs initialement choisis pour le pâturage doivent être ceux se trouvant le plus loin des enclos ou des espaces plus protégés en hiver. Ceci permettra aux animaux d’être plus près lorsque les conditions météorologiques empirent à mesure que la saison progresse.
Après une courte période d’adaptation, les bovins qui ne sont pas en lactation consommeront de la neige en quantités équivalentes à la consommation des vaches qui consomment de l’eau et ils peuvent satisfaire à leurs besoins en eau tant que la neige est en quantité et en qualité adéquate ; la neige doit être propre, légère, non croûtée et suffisamment profonde pour couvrir le sol. La neige NE DOIT PAS être utilisée comme l’unique source d’eau pour les bovins en lactation, récemment sevrés, qui ont un état corporel inférieur à 2,5 sur 5 ou les bovins qui n’ont pas accès à des ressources alimentaires optimales.2. Les conditions météorologiques changeantes peuvent faire en sorte que la neige disparaît rapidement et la qualité de la neige comme source d’eau se détériora en raison du vent, du dégel, du regel et de l’encroûtement. Les producteurs doivent vérifier les conditions de la neige régulièrement. En cas de doute, offrez aux bovins un accès à de l’eau fraîche, ce qui signifie que vous devez avoir une source d’eau disponible dans un court délai.
En raison de la nature des cycles fréquents de gel/dégel dans l’est du Canada, il est fortement recommandé de fournir une source d’eau, autre que la neige, lors du pâturage prolongé afin d’assurer l’accès à une ressource essentielle pour les animaux. Des précautions doivent être prises lorsque vous utilisez une mare, un étang ou une autre source d’eau profonde. Ces endroits doivent être clôturés pour empêcher les bovins de marcher sur la glace, car ils pourraient tomber dans l’eau et se noyer.
Le plus grand stress pour les bovins qui consomment de la neige a lieu pendant la période de transition. Les bovins qui n’ont pas consommé de neige et qui ont seulement consommé de l’eau vocaliseront souvent pour montrer leur mécontentement. Après une journée ou deux, le troupeau apprend des animaux qui s’adaptent plus rapidement.
Les vaches peuvent paître au travers de quantités considérables de neige poudreuse. Cependant, l’accumulation de neige ou la neige très croûtée rendent le pâturage difficile ou impossible. Les périodes de gel/dégel entraîneront des croûtes épaisses de neige ou de glace. Si la neige est trop dure ou cristallisée, le nez de l’animal devient sensible et les poils du bas des pattes peuvent s’arracher. Si la neige devient trop dure ou trop profonde, il pourrait être physiquement impossible pour le troupeau d’accéder aux fourrages.
Ayez toujours un « plan B » ou des options de rechange à mettre en œuvre dans un délai très court lorsque vous utilisez des systèmes de pâturage prolongé. Ceci inclut le fait d’avoir des réserves d’aliments, un accès à une source d’eau et des enclos ou des abris vers lesquels les bovins peuvent être déplacés lors de conditions météorologiques rigoureuses imminentes ou prolongées, rendant le pâturage impossible ou dangereux pour le bien-être animal. Un printemps tardif peut également signifier que les ressources de pâturage planifiées s’épuisent trop rapidement et que des aliments entreposés doivent être disponibles. Les producteurs doivent également porter attention aux conditions des champs pendant les cycles de gel/dégel à l’hiver et au début du printemps, car selon le site, les animaux pourraient endommager les champs pendant ces périodes et/ou être recouverts de boue, ce qui nuirait à leur capacité à rester chauds.
Considérations lors du choix d’un système de pâturage prolongé
Lorsque vous considérez la mise en œuvre d’un système de pâturage prolongé, il est important d’évaluer les ressources disponibles ainsi que les pratiques de régie dont vous êtes disposées et en mesure d’employer.
Il est possible d’utiliser des méthodes multiples pour atteindre les objectifs de production. Ce ne sont pas tous les systèmes qui sont recommandés pour toutes les régions en raison des périodes de pluie, de la quantité de pluie et de neige et du type de neige (neige mouillée, légère ou un mélange de neige et de pluie). Par exemple, le pâturage en andain n’est pas recommandé dans de nombreuses régions du centre et de l’est du Canada en raison des fortes précipitations. Sur la côte ouest de Terre-Neuve, les plans de pâturage prolongé pourraient rapidement être interrompus en raison d’importantes accumulations de neige.
Les questions suivantes ne sont pas exhaustives, mais elles soulignent des sujets essentiels à évaluer.
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Cultures fourragères vivaces stockées
Les cultures fourragères vivaces stockées comprennent les pâturages ou les champs de foin qui sont conservés pour être broutés à l’automne, à l’hiver ou au début du printemps une fois que la croissance des fourrages a cessé. Les pâturages stockés peuvent également être référés comme des pâturages différés ou des pâturages en saison dormante.
Pour obtenir un rendement de fourrages adéquat pour le pâturage en saison dormante, il est essentiel de bien planifier la saison de croissance afin de permettre un délai approprié pour la croissance et l’accumulation de fourrages avant la fin de la saison de croissance. Les tiges des fourrages doivent avoir suffisamment de temps pour se rétablir et pousser à nouveau suivant la pâture ou la coupe afin que le pâturage de réserve soit une réussite. N’oubliez pas que le bétail doit être retiré du pâturage pendant la saison de croissance pour permettre aux plants de repousser avant qu’ils ne deviennent dormants.
La coordination de la période d’accumulation est également essentielle pour obtenir une qualité et une quantité appropriées de réserves de fourrages. Si la qualité des fourrages est plus importante, les plants devraient être moins matures lors de la période de dormance. Cependant, le rendement des fourrages sera sacrifié. Lorsque la quantité est l’objectif principal, une plus longue période de repousse se traduira par de meilleurs rendements de fourrages plus matures, mais aux dépens de la qualité.
N’oubliez pas que l’accent mis sur le rendement versus la qualité doit toujours être aligné avec le type d’animaux qui vont paître. Les vaches taries auront des besoins nutritionnels inférieurs et elles peuvent mieux utiliser des aliments de moins bonne qualité que les vaches et leurs veaux, les veaux sevrés ou les veaux d’un an. Il est possible d’utiliser différentes décisions de régie des pâturages sur différents champs afin d’avoir un mélange de fourrages stockés avec des rendements et des qualités diverses en fonction des besoins alimentaires et de la catégorie de bovins à différents moments de l’année3.
À New Liskeard, en Ontario, le pâturage mis en pause vers la mi-juillet avait un rendement automnal (octobre/novembre) de 4500 kg/ha (4050 lb/acre, tandis que du pâturage semblable stocké après la mi-août avait un rendement automnal de 2600 kg/ha (2450 lb/acre)4. Une pause de pâture plus tôt en été a donné lieu à une moins bonne qualité du pâturage à l’automne comparativement à une pause de pâture plus tardive. Le pâturage mis en pause au milieu du mois de juillet avait 10,3 % de protéines brutes et 58,5 % UNT (unités nutritives totales) à l’automne, tandis que le pâturage mis en pause au milieu du mois d’août avait 14,7 % de protéines brutes et 63,4 % UNT à l’automne.
Les espèces ayant une repousse plus rapide fourniront plus de biomasse pour le pâturage comparativement aux espèces qui poussent plus lentement. Une fertilité adéquate du sol améliore la repousse des cultures et prolonge la période de pâturage jusqu’à l’automne et à l’hiver. De l’azote peut être appliqué au début du stockage pour augmenter le rendement au moment du pâturage. Cependant, la rentabilité de cette méthode dépendra des coûts de remplacement des fourrages et des fertilisants dans une année donnée5. Une étude réalisée à New Liskeard, en Ontario, de 1995 à 1997 a révélé qu’une application de 50 gh/ha d’azote actuel (34-0-0) au début du stockage augmentait considérablement le rendement comparativement à un pâturage sans ajout d’azote en 1996 et en 1997, mais pas en 1995. Le rendement moyen sur trois ans était de 750 kg/ha au moment du pâturage.
Les espèces doivent également être sélectionnées pour leur capacité à pousser tardivement en automne pour une saveur et une qualité maximales et pour leur capacité à rester physiquement accessibles aux animaux une fois qu’elles sont dormantes. Les espèces qui se cassent ou qui ont une perte de feuilles importante une fois qu’elles sont en dormance, comme la luzerne, ne sont pas bien adaptées pour le stockage de pâturage. Certaines espèces maintiennent leur qualité nutritive mieux que d’autres. L’élyme de Russie, la fétuque élevée, le brome des prés, l’astragale pois chiche et certaines graminées indigènes, comme l’agropyre de l’Ouest6 maintiennent leur qualité relativement bien tout au long de la saison de dormance. La fétuque est particulièrement un bon choix pour les régions avec beaucoup de périodes de gel et de dégel.
Des travaux réalisés par des chercheurs de l’Université du Manitoba pour évaluer les cultures fourragères annuelles et vivaces destinées au pâturage de réserve comprenaient l’analyse de l’impact de la qualité des fourrages dans les systèmes de pâturage à l’automne/l’hiver sur le rendement de l’animal, le comportement de pâture, la consommation alimentaire et l’efficacité énergétique.
Il est important d’assurer que les fourrages de réserve répondent adéquatement aux besoins nutritionnels des animaux. La valeur des fourrages décline en raison de pertes dues à la dégradation et ceci a d’importantes implications pour le pâturage7. La décomposition du matériel végétal réduit à la fois la quantité et la qualité des fourrages disponibles pour la pâture et par conséquent, réduit l’efficacité de la pâture. Assurez-vous d’analyser les fourrages de réserve pour déterminer les niveaux de protéines et d’énergie pendant la saison de dormance pour déterminer si des suppléments sont requis ou non.
S’il y a une quantité et une qualité adéquate de fourrages de réserve, les bovins paîtront au travers de 15 centimètres (6 pouces) ou plus de neige poudreuse et légère. Cependant, les bovins pourraient avoir de la difficulté à accéder aux fourrages s’il y a une importante croûte sur la surface. Il est recommandé d’utiliser une clôture électrique dans les systèmes de pâturage contrôlés lorsqu’il y a une couverture de neige. Le bétail peut ensuite être limité à deux à trois jours de fourrages à un certain moment, ce qui permet une meilleure régie de l’utilisation des aliments et une réduction du gaspillage. Une clôture de remplacement est recommandée au cas où l’accumulation de glace sur les câbles en polyéthylène affecte l’intégrité du système de clôture.
Des recherches réalisées dans l’Ouest canadien comparant le pâturage de cultures fourragères vivaces stockées avec l’alimentation sur des balles de foin rondes dans les parcs d’élevage démontraient que sur une moyenne de trois ans, les coûts totaux du système étaient 14 % de moins pour le pâturage de réserve8. Les stratégies de régie incluaient l’offre de suppléments de fourrages au besoin pour maintenir le poids corporel et l’état corporel. Les résultats suggèrent que le pâturage de cultures fourragères vivaces stockées peut être une stratégie viable sans effets négatifs sur le rendement des bovins.
Pâturage de cultures fourragères annuelles
Céréales à petits grains
Des céréales annuelles peuvent être cultivées pour produire du pâturage au cours de la même année. Les fourrages seront disponibles approximativement six à huit semaines après l’ensemencement9. Les céréales printanières ou hivernales peuvent servir de suppléments aux cultures fourragères vivaces en augmentant l’approvisionnement général des fourrages et en offrant de la souplesse selon le moment de l’ensemencement et leur utilisation subséquente. Elles sont souvent utilisées lorsque des sources de fourrage d’urgence sont requises, comme lors de conditions de sécheresse.
Les céréales de choix à cultiver pour la pâture sont souvent le seigle d’automne, le blé d’hiver et le triticale d’hiver, car ces céréales peuvent être ensemencées et broutées à l’automne, ou hivernées et broutées au printemps. Les céréales d’hiver peuvent également être semées au printemps et utilisées à l’été.
L’avoine, l’orge et le triticale de printemps sont également des sources de fourrage communes. Le rendement des fourrages d’avoine et d’orge est généralement égal et celui du triticale est habituellement plus bas9. Au même stade de maturité, la qualité des fourrages est semblable pour ces trois céréales de printemps.
Le maïs devient également une source de fourrage communément utilisée pour prolonger la saison de pâturage (voir la section Pâturage de maïs ci-dessous pour en apprendre davantage).
Le ray-grass est une autre option pour prolonger la saison de pâturage, car il pousse tardivement en automne et croîtra lorsque tous les autres fourrages deviennent dormants. Il n’hiverne pas et agit comme une plante annuelle sous les conditions météorologiques canadiennes.
Des travaux sur la sélection des végétaux dans l’objectif d’évaluer les céréales annuelles ayant des caractéristiques pour les fourrages représentent des efforts continus.
Pâturage en andain
Pour le pâturage en andain, des céréales ensemencées au printemps, des annuelles d’hiver, des légumineuses annuelles ou des combinaisons de celles-ci sont coupées à l’automne pour permettre aux bovins de paître pendant l’hiver. Le pâturage en andain est effectué suffisamment tard en automne pour que les températures fraîches pendant le jour empêchent la croissance de moisissures. Les andains devraient reposer sur les chaumes de céréales et être les plus étroits et les plus profonds que possible.
Les annuelles, comme les cultures d’orge ou d’avoine à maturation tardive, sont généralement utilisées pour le pâturage en andain en raison de leur rendement relativement élevé. Des études ont démontré que le maïs et le triticale sont également de bonnes options pour le pâturage en andain l’hiver.
L’ensemencement devrait être coordonné pour s’assurer que les cultures sont mises en andain juste avant le premier gel afin de maximiser le rendement et atteindre le stade de maturité désiré. Bien que les recommandations traditionnelles étaient de mettre les cultures en andain entre la fin du stade laiteux et le stade pâteux mou, des recherches récentes suggèrent qu’il y a des avantages de procéder à la coupe à un stade de maturité plus tardif10. L’avoine, l’orge et le triticale mis en andain au stade pâteux produisaient une biomasse disponible accrue et une plus grande valeur nutritionnelle et les trois cultures avaient des niveaux de protéines adéquats pour les bovins au milieu de la gestation. Avec des rendements accrus des cultures, les journées de pâturage seront également augmentées, ce qui entraînera des coûts réduits pour le pâturage en hiver. Des recherches continues affineront davantage les recommandations concernant le temps de récolte optimal des céréales pour la mise en andain.
Des clôtures électriques doivent être utilisées pour contrôler l’utilisation des fourrages. Les bovins doivent avoir accès à suffisamment d’andains pour qu’ils nettoient l’endroit en deux à trois jours. Si l’accès n’est pas régi, il y a un plus grand risque que les andains soient piétinés, mélangeant ainsi de la neige avec les fourrages. Ceci pourrait entraîner le gel des fourrages, les rendant difficiles à atteindre ou inaccessibles pour la pâture. En plus de minimiser le gaspillage, limiter les fourrages disponibles à quelques jours à la fois assure un apport de nutrition plus uniforme en empêchant la sélection initiale d’une grande proportion de têtes suivie des aliments de qualité inférieure qui demeurent, incluant la paille et les résidus. Ceci est particulièrement important avec les sources d’aliments ayant une teneur élevée en énergie, incluant le pâturage de maïs, car les bovins privilégieront les épis qui, en raison de leur teneur élevée en énergie, peuvent entraîner une acidose et la mort. Un câble de remplacement devrait être utilisé dans les endroits qui reçoivent beaucoup de neige ou du verglas. Une accumulation de glace sur les câbles en polyéthylène peut les surcharger suffisamment pour que les bovins puissent s’échapper et accéder à d’autres endroits du champ. Un câble en polyéthylène additionnel augmente les chances que les bovins resteront dans l’aire de pâturage désigné.
Les bovins doivent avoir accès à suffisamment d’andains pour qu’ils nettoient l’endroit en deux à trois jours. Limiter les fourrages disponibles à quelques jours à la fois assure également un apport de nutrition plus uniforme et réduit le risque d’acidose.
Pour ouvrir des espaces lors de chutes de neige importantes, un tracteur peut être conduit le long de l’andain ou une lame peut être utilisée pour retirer la neige de l’andain. Souvent, le simple fait d’exposer l’extrémité de l’andain attirera les vaches et elles continueront à paître le long de l’andain fourni. En cas d’encroûtement, les bovins pourraient devoir se faire montrer l’emplacement de l’andain en cassant la croûte de glace. Dépendamment de l’épaisseur de la glace, les bovins pourraient utiliser leurs sabots pour accéder à l’andain par eux-mêmes. Placer la clôture électrique en travers des andains aidera à exposer les extrémités de l’andain, ce qui permettra aux vaches de voir la continuation de l’andain après chaque déplacement de clôture. Une autre préoccupation est le cycle de gel-dégel après qu’un andain soit devenu gelé et inaccessible. Les températures plus chaudes pourraient endommager l’andain, entraînant de la pourriture et du gaspillage.
Pour tous les types de pâturages prolongés, incluant le pâturage en andain, il est essentiel que l’état corporel soit surveillé de très près sur une base régulière. Le pâturage en andain augmente les besoins en énergie de l’animal d’environ 18-20 %, donc dépendamment de la source de nourriture et des conditions environnementales — qui peuvent être très imprévisibles — l’état des vaches peut se détériorer rapidement si elles ne sont pas surveillées de près.
Selon les conditions météorologiques et les pratiques de régie, l’utilisation d’aliments provenant du pâturage en andain peut être aussi élevée ou plus élevée que l’utilisation de foin récolté ou de récoltes d’ensilage. Permettre au bétail d’obtenir l’ensemble ou une partie de leurs aliments au moyen du pâturage en andain prolonge la saison de pâture et réduit les coûts alimentaires pendant l’hiver. Les recherches indiquent que le pâturage en andain peut réduire les coûts alimentaires quotidiens totaux par vache de 41 à 48 % comparativement à l’alimentation dans les parcs d’élevage. Ceci est basé sur une réduction de 78 % en coûts de superficie et une réduction de 25 % en coûts alimentaires. Les coûts alimentaires quotidiens du pâturage en andain se situent entre 0,61 $ et 1,80 $ par vache, principalement en raison de la variabilité du nombre de jours de pâturage par acre.
Bien que le pâturage en andain bien régi soit connu pour offrir des avantages économiques aux producteurs, les résultats de recherche ont démontré qu’il peut également avoir des avantages environnementaux20.
Pâturage de maïs
Le pâturage de maïs sur pied est une autre option utilisée par les producteurs pour prolonger la saison de pâture, pour supplémenter les pâturages de cultures fourragères vivaces ou pour augmenter la capacité de charge en général. Il s’agit toutefois d’une culture à intrants et à risques relativement élevés.
L’ensemencement de variétés de maïs à ensilage pour un pâturage tardif a énormément de potentiel, car la productivité est très élevée et la position verticale du plan permet aux bovins de récolter les épis lorsque la neige est profonde. La production réussie de maïs est hautement dépendante de la disponibilité de variétés tolérantes au froid, des degrés-jour adéquats, de la fertilité et du contrôle des mauvaises herbes. Ces quatre aspects sont essentiels à une production réussie.
Sélectionnez une variété qui correspondra à la notation d’unité thermique du maïs (UTM) de votre région pour augmenter les chances de produire une culture de maïs de grande qualité et à rendement élevé. La notation d’UTM indique la quantité d’unités thermiques requise pour que le grain atteigne la maturité. Des variétés à faibles unités thermiques (moins de 2100 UTM) ont été développées au cours des dernières années. En moyenne, 200 UTM de moins sont requis pour que le maïs atteigne un niveau d’humidité et de maturité considéré comme étant favorable pour le pâturage ou la production d’ensilage comparativement à la production de grains11. Des cartes sur les unités thermiques du maïs sont disponibles sur les sites des départements d’agriculture de la plupart des provinces.
Le maïs de pâturage peut être ensemencé avec un semoir pneumatique, une perceuse pneumatique, un semoir en rangs ou un semoir à houe conventionnel11. Des travaux réalisés au Western Beef Development Centre en Saskatchewan ont démontré un avantage lors de l’utilisation d’un semoir de précision pour le maïs lorsque cela est possible afin de maximiser la production de biomasse. Du Manitoba à la Colombie-Britannique, la profondeur recommandée pour les semis est de 1,5 -2 pouces, préférablement dans un sol humide ayant une température d’au moins 10 degrés Celsius pour qu’ils puissent germer. De l’Ontario à l’Île-du-Prince-Édouard, la profondeur recommandée de semis dans un sol humide est de 1,5 -3 pouces. Un espacement de 30 pouces entre les rangs est recommandé.
Le maïs a des besoins de fertilité relativement élevés. L’application de fertilisants, qu’ils soient inorganiques ou sous forme de fumier, doit être basée sur les recommandations locales des analyses de sol. Cette culture n’est pas très compétitive par rapport aux mauvaises herbes ou aux récoltes bénévoles, donc une attention au contrôle des mauvaises herbes dans les premiers stades de croissance est essentielle.
Dans les années avec beaucoup de précipitations de neige, les bovins pourraient avoir un meilleur accès à du maïs sur pied comparativement à des cultures en andain recouvertes de neige. Des observations ont également démontré que le maïs sur pied fournit une protection contre le vent lors de mauvaises conditions météorologiques. Le pâturage rationné, au moyen de l’utilisation d’une clôture électrique, fournit une consommation de nutriments plus uniforme, réduisant le risque d’acidose causé lorsque les bovins consomment seulement des épis à teneur élevée en énergie. L’utilisation par acre est également améliorée. Ceci réduit également le piétinement et le gaspillage.
Des études suggèrent que les nouvelles espèces hybrides de maïs conçues pour les saisons froides peuvent produire des fourrages de grande qualité pour satisfaire aux besoins nutritionnels des bovins pâturant au milieu ou à la fin de leur gestation, en offrant une option adéquate pour les stratégies de pâturage en hiver avec l’élimination des coûts pour la récolte des fourrages12, 13. Il est important de noter que même si le maïs est une culture avec un rendement élevé et une teneur élevée en énergie, il peut être faible en protéines, ce qui signifie que des suppléments sont nécessaires. Des recherches suggèrent que la culture intercalaire de maïs avec des variétés de fourrages à teneur élevée en protéines comme le trèfle, la vesce velue ou l’ivraie d’Italie peut satisfaire les besoins nutritionnels des vaches. Cependant, davantage de recherches sont requises sur cette stratégie pour déterminer une variété de facteurs.
La publication du BCRC, Sept conseils pour le pâturage de maïs couvre des sujets pour aider à tirer le meilleur parti du pâturage de maïs, incluant l’importance:
- de permettre aux bovins d’effectuer une transition lente vers cette nouvelle source d’aliments,
- de limiter l’accès à trois ou quatre jours à la fois afin de gérer le risque d’acidose en raison d’une surconsommation d’épis,
- de protéger les bovins des éléments,
- d’analyser les aliments,
- d’avoir un plan de rechange,
- de planifier à l’avance,
- de semer pour du succès.
L’aspect économique de la culture de maïs variera et il est important, comme avec tous les systèmes de régie, de déterminer les dépenses et les projections de revenus pour votre propre scénario.
Occasions/défis de la culture intercalaire de maïs
Le maïs peut être une excellente option pour certains producteurs désirant prolonger leur saison de pâturage. Or, bien que le maïs convient bien aux vaches matures, cela n’est pas le cas pour les animaux en développement en raison de la faible teneur en protéines. La culture intercalaire de maïs avec d’autres cultures fourragères annuelles pourrait aider à accroître la teneur en protéines de la tige et même réduire la quantité de fertilisants nécessaires. La culture intercalaire de maïs peut fournir aux producteurs des options flexibles pour le pâturage prolongé en hiver qui rallongent la saison de pâture et qui réduisent les coûts alimentaires en hiver, tout en répondant aux besoins nutritionnels de l’animal. La capacité de paître d’autres fourrages à teneur élevée en protéines entre les rangs de maïs permet de réduire le besoin d’offrir des suppléments de protéines. Cette pratique a également le potentiel de fournir des aliments de qualité supérieure pour les catégories de bovins dont le rendement est difficile avec du maïs à faible teneur en protéines, comme les bovins semi-finis.
L’un des défis actuels pour cette stratégie de pâturage prolongé est le nombre limité de recherches qui ont été effectuées au Canada pour identifier les espèces de cultures intercalaires (légumineuses, graminées, Brassica), les taux de fertilité, les espaces entre les rangs et les stratégies d’herbicides qui fonctionneront le mieux pour cette nouvelle pratique dans les prairies canadiennes. Un autre défi de cette stratégie est le coût accru associé avec les cultures intercalaires en raison des coûts de production élevés pour les semences et l’utilisation de l’équipement. Il y a à la fois des occasions et des défis liés aux cultures intercalaires avec du maïs et des recherches approfondies sont requises sur cette stratégie pour comprendre ce qui fonctionnera le mieux et pour déterminer comment les vaches réagissent à ces mélanges de pâturage.
Cultures de brassica
Les fourrages annuels de cultures de Brassica peuvent fournir un pâturage tardif en automne à croissance rapide et à rendement élevé. Les cultures de Brassica utilisées par certains producteurs pour prolonger la saison de pâturage comprennent le kale, le colza fourrager, les radis, les navets et le rutabaga. Ces cultures annuelles ont été utilisées en Europe comme des fourrages pour le bétail depuis au moins 600 ans. Les facteurs qui auront un impact sur le choix des cultures de Brassica à utiliser sont le moment des semis, la période de pâturage désirée et la catégorie de bétail qui sera dans les champs.
Les cultures de Brassica tolèrent des températures aussi basses que -5 degrés Celsius et elles sont bien adaptées aux régions nordiques froides du Canada. Les fourrages de Brassica poussent mieux dans des sols bien drainés ayant un pH entre 5,3 et 6,8 (modérément à légèrement acides). Généralement, la teneur en protéines brutes du kale et des feuilles de colza se situe entre 18 à 25 pour cent et de 9 à 10 pour cent pour les racines de navet.
Les navets ont des têtes feuillues et de larges racines qui sont riches en glucides. De nombreuses variétés peuvent être broutées à deux reprises, une fois pour la croissance supérieure des plants (vers la fin de l’été) et ensuite pour les racines. Les navets ont un rendement plus faible en matière sèche comparativement au colza ou au kale. Bien que cela ne soit pas commun et que cela dépend d’une taille et d’une forme spécifique, il y a un risque que les animaux s’étouffent sur les racines de navets. Par conséquent, une surveillance régulière est conseillée.
Le fourrage de kale a des feuilles et des tiges très digestibles et le kale peut pousser jusqu’à 5 pieds (1,5 mètre) de hauteur dans des conditions fraîches et humides. Les rendements en matière sèche du kale s’étendent entre 4500 à 7100 lb/ac (5000 à 8000 kg/ha) et le pâturage peut débuter à la fin de l’été.
Il y a deux types de colza fourrager, l’espèce géante qui est feuillue et sur pied et l’espèce naine qui est courte et avec des branches. Les espèces géantes de colza fourrager ont des rendements plus élevés et elles sont plus savoureuses que les espèces naines. Le colza est généralement prêt à être brouté environ huit semaines après la plantation. Notez que le colza fourrager n’est pas la même chose que le colza oléagineux ou le canola.
Les fourrages de Brassica doivent être semés de la même manière que le canola. Assurez-vous que le sol est ferme et ne semez pas à plus de 0,5 pouce (1,5 cm) de profondeur ou semez avec un semoir pour semis direct dans les pâturages ou les chaumes de céréales. Les taux de semis peuvent être aussi élevés que 4,5 lb/acre (5 kg/ha) si un problème avec des mauvaises herbes est anticipé. L’ensemencement de kale et de navets après la mi-juin entraîne généralement des rendements inférieurs. L’ensemencement tardif de colza assure qu’il y a des fourrages adéquats disponibles au mois de septembre. Des niveaux modérés de potassium et de phosphore sont requis et approximativement 18 lb/acre (20 kg/ha) de soufre sont essentielles pour une croissance productive. Sous irrigation, des quantités adéquates de soufre naturel devraient être disponibles dans l’eau.
Les suppléments de minéraux fournis aux animaux doivent assurer que le ratio de calcium et de phosphore dans les aliments ne dépasse pas 7:1. Les fourrages de Brassica sont généralement semés avec un mélange de 50 pour cent ou plus de fourrages comprenant d’autres espèces, incluant des céréales comme de l’avoine, de l’orge, du triticale ou du seigle d’automne. Cette combinaison fournit une digestibilité élevée et des protéines brutes provenant des fourrages de cultures de Brassica ainsi qu’une teneur élevée en fibre et en amidon des céréales.
Les cultures de Brassica peuvent causer des problèmes de santé animale si elles ne sont pas régies adéquatement. Ces types de fourrages contiennent un nombre de composés inhibiteurs pouvant interférer avec la fonction thyroïdienne ou causer de l’anémie. D’autres problèmes potentiels comprennent des ballonnements, une pneumonie atypique, une intoxication au nitrate et l’hypothyroïdie. Une intoxication au soufre peut survenir, surtout si la source d’eau a également une teneur élevée en soufre. Ces risques peuvent être évités en introduisant les animaux lentement, sur une période de trois ou quatre jours, aux pâturages de Brassica ou en offrant des suppléments de foin ou d’autres pâturages de graminées si les bovins broutent continuellement ces cultures14.
De plus amples informations sur l’utilisation des cultures de Brassica, y compris en mélange avec d’autres espèces fourragères, sont disponibles sur la page Cultures de couverture.
Résidus de cultures
Les résidus de cultures de paillette et de paille de céréales, de légumineuses et de cultures oléagineuses peuvent également être broutés dans les champs. La paillette comprend des glumes, des enveloppes, des épis non battus, de la paille courte, des feuilles, des graines de mauvaises herbes et des parties de grains et des grains entiers. La valeur nutritionnelle varie selon le type de culture, le stade de maturité à la récolte, l’efficacité de l’équipement de récolte et la quantité relative restante de chaque composante.
Avec les moissonneuses-batteuses conventionnelles qui séparent la paillette dans un flux distinct, la paillette seule peut être rassemblée et collectée. Avec les moissonneuses-batteuses rotatives, la paillette et la paille sont rejetées dans un seul flux. Les systèmes de collecte de résidus de culture qui collectent et rassemblent soit uniquement la paillette, ou la paillette et la paille sont utilisés pour rassembler et faire des piles dans le champ. Des systèmes commerciaux sont disponibles et certains producteurs choisissent de construire une boîte à paillette.
Les grains dans la paillette augmentent la qualité des aliments. S’il y a un grand nombre de petits grains dans l’échantillon, la moissonneuse-batteuse peut être réglée de manière à rejeter les petits grains dans la paillette. Des coupes plus hautes lors du moissonnage-battage direct peuvent produire des valeurs nutritionnelles plus élevées que lorsque les plants sont coupés au niveau du sol. Bien que cette approche réduit le rendement total de paille, elle améliore la qualité générale des aliments.
Comme pour tous les systèmes de pâturage et d’alimentation, une analyse des aliments est essentielle pour évaluer la qualité et pour faire correspondre les besoins de l’animal avec les nutriments offerts. Les conditions environnementales, incluant la profondeur de la neige et la température, dictent la disponibilité des fourrages. Par conséquent, des suppléments adéquats pourraient être nécessaires pour assurer que les besoins nutritionnels sont satisfaits15. Par exemple, des suppléments de protéines sont recommandés lorsque la paillette contient moins de 6 pour cent de protéines brutes pour accroître la digestion de fourrages de moins bonne qualité.
Des rapports anecdotiques suggèrent que de nouvelles technologies dans les moissonneuses-batteuses ont donné lieu à une réduction de la valeur nutritionnelle des résidus de cultures, car les moissonneuses-batteuses plus efficaces séparent davantage les composantes de qualité supérieure. Ceci met l’accent sur l’importance de surveiller la qualité des aliments et de réévaluer la pratique au besoin.
Comme avec d’autres systèmes de pâturage prolongé, des clôtures électriques sont un outil important pour contrôler l’utilisation des fourrages et pour gérer la qualité des aliments disponibles à l’animal. Limiter les fourrages disponibles à quelques jours à la fois assure un apport de nutrition plus uniforme en évitant le triage et la sélection des composantes de qualité supérieure, laissant la paille de moins bonne qualité à un moment plus tard dans la saison, lorsque les demandes nutritionnelles pourraient être plus élevées.
Le pâturage dans les champs de résidus de culture à l’automne et à l’hiver peut réduire les coûts alimentaires et de superficie. Les coûts associés avec le pâturage dans les champs comprennent les accessoires des moissonneuses-batteuses pour le regroupement, les clôtures électriques, la protection contre le vent, l’approvisionnement en eau et les suppléments d’aliments. Tout comme les autres systèmes de pâturage prolongé, le pâturage de résidus de cultures dans les champs a des avantages environnementaux, car des niveaux plus élevés d’azote sont recyclés dans le sol par le dépôt de fumier et d’urine comparativement à l’alimentation en confinement.
Pâturage sur balles
Le pâturage sur balle permet au bétail de brouter des balles dans les pâturages et les champs de foin, plutôt que de les nourrir intensivement en confinement. Les balles peuvent être broutées à l’emplacement où elles ont été éjectées de la presse à balles ou elles peuvent être déplacées vers les champs d’alimentation, éliminant le besoin d’empiler ou de déplacer les balles près des animaux à nouveau en hiver.
Les balles sont rationnées pendant l’hiver en déplaçant périodiquement une clôture électrique. Le gaspillage alimentaire est affecté par la durée de la période d’alimentation et de la qualité des aliments. Les périodes d’alimentation plus longues ont tendance à avoir plus de gaspillage comparativement à la plage recommandée de deux à cinq jours.
Le fumier et les restes d’aliments sont déposés directement sur le pâturage ou le champ de foin, éliminant les coûts de manutention du fumier. Les endroits ayant une faible fertilité dans un pâturage ou un champ de foin semé peuvent être améliorés, car l’ajout de nutriment provenant du fumier et des aliments non consommés augmentera la production de fourrage dans les années subséquentes. Plusieurs projets de recherche dans l’Ouest canadien ont rapporté une production de fourrage plus élevée en raison du pâturage sur balles. Au cours d’une période de deux ans sur des sites en Alberta, le pâturage sur balles produisait continuellement un rendement plus élevé de fourrages de matières sèches comparativement à un site de contrôle sans pâturage sur balles16 avec 100 % plus de rendement de fourrages de matières sèches sur un site et 219 % plus de rendement sur le second site. Des recherches réalisées en Saskatchewan comparaient l’alimentation de pâturage en hiver (pâturage sur balles et transformation de balles) à une alimentation conventionnelle dans les enclos d’élevage17. Dans cette étude, les rendements des fourrages de matières sèches étaient 3,3 à 4,7 fois supérieurs lorsque les bovins broutaient pendant l’hiver comparativement aux sites de contrôle où les bovins ne broutaient pas en hiver. La plus grande production de fourrages pourrait être associée avec l’amélioration des conditions physiques du sol (taux d’infiltration, humidité du sol et compactage) et les nutriments dans le sol (N, P, et K en particulier).
Le pâturage sur balles importe des nutriments contenus dans les aliments vers un endroit concentré et ajoute également des nutriments provenant de l’urine et du fumier. Ces nutriments ajoutés augmentent la fertilité de l’endroit, mais peuvent également entraîner des accumulations excessives de nutriments dans le sol à des endroits localisés. La régie doit miser sur la prévention de « points chauds » localisés d’accumulation de nutriments pour éviter des risques environnementaux. Ceci inclut la sélection appropriée du site, la densité des balles, les déplacements des bovins pour assurer une distribution plus uniforme de fumier et d’urine, une analyse annuelle du sol et une rotation des champs utilisés pour l’alimentation.
La meilleure option pour le placement des balles est sur des champs ensemencés des cultures vivaces. Évitez le pâturage sur balles dans des endroits sensibles sur le plan environnemental comme les zones riveraines, les sites où le ruissellement s’écoulera directement dans de l’eau de surface, les nappes phréatiques élevées ou le sol sablonneux. Ne permettez pas le pâturage sur balles dans des pâturages indigènes afin de prévenir l’introduction d’espèces envahissantes et de mauvaises herbes ou l’altération de la composition végétale des pâturages indigènes. Sur les sites permettant le pâturage sur balles, prévoyez la gestion de problèmes de mauvaises herbes comme le chardon des champs ou le chiendent qui pourraient pousser en grandes quantités dans les endroits avec beaucoup de fumier.
Pour éviter une accumulation excessive de nutriments, une densité maximale d’approximativement 800 jours-vaches/acre est recommandée. Dépendamment du poids individuel des balles, cela équivaut à approximativement 25 balles/acre. Les recommandations pour l’espacement des balles dépendent de nombreux facteurs. Cependant, une grille de centres de 40 pieds, avec une distance de 30-35 pieds entre les balles, facilitera le déplacement des animaux et une couverture plus uniforme des nutriments provenant du fumier.
Dans les climats plus secs comme dans l’Ouest canadien, placez les balles avec des ficelles de plastique sur leurs extrémités pour que la ficelle puisse être retirée à l’automne avant l’alimentation. Il est important d’enlever la ficelle ou l’emballage en filet pour empêcher que les animaux ingèrent le matériel, ce qui pourrait possiblement entraîner un compactage et la mort. Si vous utilisez de la ficelle de sisal, les balles peuvent être placées sur le côté, car la ficelle pourrira. Dans les climats plus humides comme dans l’Est canadien, les balles peuvent être placées sur le côté pour éviter que l’humidité soit emprisonnée au cœur de la balle et qu’elle gèle. La ficelle doit être retirée à l’avance.
Des tests annuels du sol permettent de surveiller l’état nutritionnel des sites de pâturage sur balles pour prévenir une accumulation excessive de nutriments. La sélection des sites et la rotation de champs de pâturage sur balles doivent être basées sur cette information. Les recommandations générales comprennent de ne pas placer les balles sur la même grille que les années précédentes et de faire des rotations des champs pour que le pâturage sur balles ne survienne qu’une fois aux cinq ans.
Le pâturage sur balles réduit les coûts de superficie, particulièrement lorsque les balles sont broutées dans le champ de foin où elles ont été produites. Les coûts augmentent plus les balles sont transportées loin de l’aire d’alimentation et en fonction du nombre de fois qu’elles sont manipulées. Assurez-vous de faire une analyse des coûts pour votre exploitation lorsque vous considérez ce type de système d’alimentation. Une analyse économique utilisant les données des coûts de production des régions de l’Atlantique et de l’Ouest canadien a évalué les économies potentielles obtenues par l’utilisation de pâturage de réserve en combinaison avec le pâturage sur balles dans les conditions climatiques des régions atlantiques du Canada. Une étude a identifié que les producteurs pourraient observer une réduction jusqu’à 54 % des coûts de production annuels totaux pour les aliments, la superficie et la litière de paille comparativement à un plan d’alimentation conventionnel19.
Adoption de pratiques de pâturage prolongé
Le Recensement de l’agriculture de 2016 rapporte que 35,4 % des exploitations bovines canadiennes utilisent des méthodes de pâturage ou d’alimentation dans les champs en hiver. Les taux d’adoption varient par région, majoritairement en raison des conditions climatiques et ces types de systèmes de régie en hiver sont les plus populaires en Colombie-Britannique (49 %), en Alberta (45,8 %) et en Saskatchewan (40 %). Des taux d’adoption plus faibles existent au Manitoba à 30,7 %, au centre du Canada à approximativement 20 % et dans les provinces de l’Atlantique à 15,9 %2.
Entre 2006 et 2011, un changement est survenu dans les exploitations bovines de l’Ouest canadien. Les animaux sont passés d’une alimentation en confinement pendant les mois d’hiver à une alimentation dans les champs ou sur des pâturages sur balles, des fourrages de réserves ou en andain. Le Recensement de l’agriculture de 2016 a indiqué que l’alimentation dans les champs avait augmenté en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique entre 2011 et 2016, mais elle avait décliné dans les provinces des Prairies. Cette réduction dans l’utilisation de l’alimentation dans les champs en hiver dans certaines régions n’est pas nécessairement mauvaise, mais elle suscite des questions de savoir pourquoi certains producteurs n’optent plus pour ces systèmes. La nutrition est-elle manquante ? Est-ce qu’il y a des préoccupations concernant le gaspillage alimentaire ? La faune est-elle une préoccupation ? Est-ce qu’il y a des écarts dans la mise en œuvre de programmes d’alimentation en hiver qui entraînent des hausses de coûts plutôt que des réductions de coûts comme prévu ? Une meilleure compréhension de ces facteurs peut aider à informer les recherches et les efforts de prolongement futurs.
- Les références peuvent être trouvées ici
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1 Beef Cattle Research Council. 2019. Adoption Rates of Recommended Practices by Cow-Calf Operators in Canada. Calgary, AB: Canfax Research Services.
2 National Farm Animal Care Council. 2013. Code of Practice for the Care and Handling of Beef Cattle.
3 Johnston, J. and M. Bowman. 1996. Stockpiled Pasture: 3. Effect of Harvest Date on the Yield and Quality of Stockpiled Grass. Ontario Ministry of Agriculture, Food and Rural Affairs.
4 Johnson, J. and C. Wand. 1999. Stockpiling Perennial Forages for Fall and Winter Beef Cow Grazing. Ontario Ministry of Agriculture, Food and Rural Affairs.
5 Johnston, J., M. Lenover, S. Burnett and S. Slaght. 1997. Stockpiled Pasture: 1. Effect of Management System and Nitrogen Application. Ontario Ministry of Agriculture, Food and Rural Affairs.
6 Jefferson, P.G., W.P. McCaughey, K. May, J. Woosaree, and L. McFarlane. 2004. Forage quality of seeded native grasses in the fall season on the Canadian Prairie Provinces. Can. J. Plant Sci. 84: 503-509.
7 Willms, W.D., J. King and J.F. Dormaar. 1998. Weathering losses of forage species on the fescue grassland in southwestern Alberta. Can. J. Plant Sci. 78: 265-272.
8 Kulathunga, D.G.R.S., G.B. Penner, J.J. Schoenau, D. Damiran, K. Larson, and H.A. Lardner. 2016. Effect of perennial forage system on forage characteristics, soil nutrients, cow performance, and system economics. The Professional Animal Scientist. 32:784-797.
9 Ontario Ministry of Agriculture, Food and Rural Affairs. 1998. Forage Production from Spring Cereals and Cereal-Pea Mixtures.
10 Lardner, H.A., G.B. Penner, J.J. McKinnon, and K. Larson. 2019. Validating the stage of maturity at harvest for oat, barley, and triticale for swath grazing. Saskatchewan Agriculture Development Fund Final Report.
11 Manitoba Agriculture, Food and Rural Initiatives. 2006. Grazing Cattle on Corn.
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13 Baron, V.S., H.G. Najda, D.H. McCartney, M. Bjorge, and G.W. Lastiwka. 2003. Winter weathering effects on corn grown for grazing in a short-season area. Can. J. Plant Sci. 83: 333-341.
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15 Krause, A.D., H.A. Lardner, J.J. McKinnon, S. Hendrick, K. Larson, and D. Damiran. 2013. Comparison of grazing oat and pea crop residue versus feeding grass-legume hay on beef-cow performance, reproductive efficiency, and system cost. The Professional Animal Scientist. 29: 535-545.
16 Omokanye, A., C. Yoder, L. Sreekumar, L. Vihvelin, and M. Benoit. 2018. Forage production and economic performance of pasture rejuvenation methods in northern Alberta, Canada. Sustainable Agriculture Research. 7(2): 94-110.
17 Jungnitsch, P.F., J.J. Schoenau, H.A. Lardner, and P.G. Jefferson. 2011. Winter feeding beef cattle on the western Canadian prairies: Impacts on soil nitrogen and phosphorous cycling and forage growth. Agriculture, Ecosystems & Environment. 141: 143-152.
18 Manitoba Agriculture, Food and Rural Initiatives, Agriculture and Agri-Food Canada, Manitoba Forage Council. 2008. The Basics and Benefits of Bale Grazing.
19 Teno G., H. Mayer, D. Boccanfuso, J. Duynisveld, and T. Dykens. 2017. Economic benefits of extending the grazing season in beef cattle production in Atlantic Canada by in the International Journal of Agricultural Management. 6(1): 32-39.
20 Alemu, A.W., Doce, R.R., Dick, R.R., Basarab, J.A., Kröbel, R., Haugen-Kozyra, K., Baron, V.S. 2016. Effect of winter feeding systems on farm greenhouse gas emissions. Agricultural Systems. 141: 28-37
Remerciements
Les mises à jour sur cette page ont été complétées en collaboration et avec l’expertise des employés de Perennia Food and Agriculture.
Ce contenu a été révisé pour la dernière fois en Juillet 2023.