Une gestion efficace du pâturage garantit non seulement un rendement fourrager élevé, la durabilité, la santé et la productivité des animaux, qui ont tous un impact sur les coûts de production, mais profite également à l’écosystème des pâturages. Les innovations dans la gestion des pâturages donnent aux producteurs un plus grand contrôle pour soutenir l’environnement (par exemple la biodiversité), mais leur permettent également de mieux utiliser les ressources des pâturages pour la production d’aliments.
Le pâturage est une ressource essentielle dans l’industrie bovine. Un plan de gestion efficace nécessite une compréhension claire de la production de fourrage, des objectifs de production réalistes, des stratégies de pâturage efficaces et une réponse rapide à la disponibilité du fourrage et aux changements environnementaux. Gérer les pâturages pour qu’ils soient productifs et persistent dans le temps nécessite de savoir quand faire paître certaines espèces, si elles peuvent supporter plusieurs pâturages/coupes en une seule année et combien de temps de récupération est nécessaire pour éviter le surpâturage (qui est une question de temps et non d’intensité).
Points importants |
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Croissance des plantes |
– L’intervalle de la courbe de croissance pour chaque espèce fourragère est unique et un facteur important pour déterminer la bonne saison d’utilisation pour le pâturage |
Repos et récupération |
– Le surpâturage est fonction du temps et le repos est essentiel pour l’éviter. Lorsque les plantes poussent lentement, la période de récupération ou de repos requise devra être plus longue que lorsque les plantes poussent rapidement |
Gestion des peuplements |
– La diversité végétale est importante pour maintenir un pâturage productif; s’il n’existe qu’un seul type de plante, la diversité est faible et la production sera limitée |
Élaboration d’un plan de pâturage |
– Un plan de pâturage qui fait correspondre le nombre d’animaux aux rendements fourragers prévus doit être réalisé avant la rotation des animaux |
Conception de la parcelle |
– La forme de la parcelle doit être déterminée par la topographie, le type de sol et les différences d’espèces afin de réduire les problèmes liés à un pâturage inégal et à un temps de récupération variable |
Répartition du bétail |
– La répartition idéale du pâturage se produit lorsque l’ensemble du pâturage est pâturé uniformément à un niveau approprié dans un laps de temps prédéterminé |
– Le bétail ne broute pas au hasard et doit être forcé ou incité à se rendre vers des zones rarement utilisées. Le sel et les minéraux doivent être placés loin de l’eau et utilisés pour répartir les animaux plus uniformément |
Légumineuses au pâturage |
– Les légumineuses dans le cadre d’un plan de pâturage annuel peuvent aider à restaurer l’azote du sol, à augmenter les rendements fourragers et à étendre la capacité de charge des pâturages |
Terminologie et calculs de la gestion des pâturages |
– Le taux de chargement est le nombre d’animaux sur un pâturage pendant une période donnée |
– La densité animale est le nombre d’animaux dans une zone particulière à un moment donné |
– La capacité de charge est le nombre moyen d’animaux qu’un pâturage peut supporter pour une saison de pâturage |
Croissance des plantes
L’efficacité avec laquelle les plantes convertissent l’énergie solaire en feuilles vertes et la capacité des animaux à récolter et à utiliser l’énergie de ces feuilles dépendent de la phase de croissance des plantes. Les plantes traversent trois phases de croissance qui forment une courbe en forme de S (figure 1).
La phase I se produit au printemps après la dormance ou après un pâturage sévère où peu de feuilles restent pour intercepter la lumière du soleil, forçant les plantes à mobiliser l’énergie des racines. Les racines deviennent plus petites et plus faibles à mesure que l’énergie est utilisée pour faire pousser de nouvelles feuilles.
La phase II est la période de croissance la plus rapide. Lorsque la repousse atteint un quart à un tiers de la taille mature de la plante, suffisamment d’énergie est capturée par la photosynthèse pour soutenir la croissance et commencer à reconstituer les racines.
À la phase III, le matériel est mature et sa teneur en éléments nutritifs, sa palatabilité et sa digestibilité sont relativement faibles. Les feuilles deviennent ombragées, meurent et se décomposent. Au cours de cette phase, la croissance des nouvelles feuilles est compensée par la mort des feuilles plus anciennes.
Ajustez les périodes de pâturage et de repos pour maintenir les plantes en phase II. Ne faites pas paître les plantes lorsqu’elles sont en phase I, car la repousse est très lente. Il ne faut pas non plus laisser les plantes arriver à maturité et entrer en phase III, car l’ombrage et la sénescence des feuilles réduisent la photosynthèse. La récolte d’énergie est maximisée en maintenant les plantes en phase II.
Figure 1 : La courbe de croissance sigmoïde (S) d’un peuplement fourrager typique indique comment le rendement, les taux de croissance et les périodes de repos changent au cours de la saison de croissance (Voisin 1988).
L’intervalle de la courbe de croissance pour chaque espèce fourragère est unique et ces caractéristiques de croissance sont un facteur important pour déterminer la bonne saison d’utilisation pour le pâturage (Figure 2). Par exemple, l’agropyre à crête commence sa croissance relativement tôt dans la saison de croissance, tandis que les espèces de graminées indigènes poussent plus tard dans la saison. Sur la base de ces caractéristiques, l’agropyre à crête est mieux brouté tôt dans la saison alors que des plantes indigènes sont mieux adaptées à une utilisation en été ou en automne. Il est important de reconnaître que les espèces fourragères peuvent être broutées en dehors de leur saison optimale d’utilisation, cependant, la période de repos subséquente doit être prolongée pour donner aux plantes suffisamment de temps pour récupérer.
Figure 2 – Rendement relatif moyen et période de croissance des graminées indigènes et des pâturages ensemencés en Saskatchewan.
Repos et récupération
Le surpâturage fonction du temps et se produit lorsqu’une plante est broutée (défoliée) avant qu’elle ne se soit remise du pâturage précédent. Cela se produit soit en laissant les animaux au pâturage trop longtemps dans une parcelle, soit en les ramenant trop tôt, avant que les plantes n’aient eu la chance de se rétablir et de repousser. Le repos est essentiel pour éviter le surpâturage et doit avoir lieu lorsque les plantes poussent activement, et non pendant la dormance.
Le temps nécessaire à une plante pour récupérer après le pâturage dépend de plusieurs facteurs, dont le type d’espèce fourragère, la vigueur de la plante et le niveau d’utilisation (c’est-à-dire la quantité de matière végétale qui a été enlevée). Le temps de récupération dépend également de la saison ou de la période de l’année qui détermine les conditions telles que la durée du jour et la température. La fertilité et l’humidité ont également un impact sur les taux de croissance des plantes.
Lorsque les plantes poussent lentement, par exemple en cas de sécheresse ou à la fin de l’été, la période de récupération ou de repos requise devra être plus longue que lorsque les plantes poussent rapidement. Cela se rapporte à la courbe de croissance en forme de S représentée sur la figure 1. Comprendre la phase de la courbe de croissance, le taux de croissance correspondant et le moment de la période de croissance pour chaque espèce fourragère est essentiel aux décisions de gestion liées aux périodes de repos et de récupération adéquates.
Figure 3 : la période de récupération ou de repos requise devra être plus longue que lorsque les plantes poussent rapidement
Déterminer le nombre de jours de repos nécessaire n’est malheureusement pas un calcul simple. Il faut plutôt observer et évaluer comment les pâturages repoussent et se rétablissent pour obtenir les meilleures informations. Avec l’expérience viendront les connaissances nécessaires pour déterminer quand un pâturage s’est rétabli et est prêt à être pâturé. En règle générale, une période de récupération minimale est estimée à au moins six semaines.
Gestion des peuplements
Le maintien d’un peuplement de pâturage en bon état est essentiel à la réussite d’un plan de pâturage. Les espèces recherchées fournissent un fourrage de haute qualité et une production pendant une grande partie de la saison de pâturage. En règle générale, les fourrages recherchés sont des graminées et des légumineuses rustiques qui repoussent rapidement. Les espèces indésirables sont celles qui sont peu appétissantes pour l’animal en pâture ou qui peuvent contenir des composants antinutritionnels. La diversité des plantes est également importante pour maintenir un pâturage productif tout au long du paysage et de la saison de croissance. S’il n’existe qu’un seul type de plante, la diversité est réduite et la production sera limitée. Si de nombreuses variétés végétales sont présentes, la diversité est riche. Il faut également maintenir une forte densité de plantes, car les zones dénudées et ouvertes ne sont pas utiles et favorisent l’envahissement par les mauvaises herbes et l’érosion du sol.
La gestion d’un peuplement fourrager repose sur le niveau d’utilisation qui permet un pâturage maximal du fourrage sans dommage ni impact négatif sur la végétation, y compris la croissance au-dessus et au-dessous du sol. Déterminer la quantité optimale de fourrage à enlever ou à laisser n’est pas une tâche facile et dépend de facteurs végétaux, animaux et environnementaux. Les résultats de la recherche et le jugement professionnel aident à fournir des lignes directrices pour déterminer le niveau d’utilisation approprié, mais l’expérience est le meilleur guide. Une ligne directrice générale souvent employée par les gestionnaires de pâturage est la règle « prendre la moitié, laisser la moitié », soit utiliser 50 % en poids (biomasse) des principales espèces fourragères disponibles dans un peuplement. Ce niveau d’utilisation correspond à un niveau modéré d’intensité de pâturage et constitue une bonne ligne directrice de départ à utiliser. Cependant, il est important d’ajuster les taux d’utilisation en fonction de variables spécifiques au site, notamment les espèces fourragères, la période de l’année, le fourrage disponible et les objectifs généraux de gestion.
L’état général d’un peuplement fourrager à une incidence sur le nombre d’animaux qu’un pâturage peut supporter et sur la durée pendant laquelle le pâturage peut avoir lieu. Des facteurs tels que la gestion antérieure du pâturage, les espèces de fourrage, l’âge du peuplement, le type de sol, la texture, le niveau de fertilité et les conditions d’humidité influencent le rendement et la qualité du fourrage et, par conséquent, le taux de chargement. La compréhension de ces facteurs et la mise en œuvre d’un système de pâturage sont essentielles à une gestion efficace du pâturage.
Un outil interactif de sélection des espèces fourragères est disponible pour aider les gestionnaires des terres à sélectionner les espèces fourragères qui conviennent le mieux à leurs terres. Les calculateurs de taux de semis et de coût des semences sont également intégrés.
Visitez la page sur la santé des pâturages et des zones riveraines pour plus d’informations, y compris des vidéos, sur l’état des pâturages et les évaluations de la santé.
Élaboration d’un plan de pâturage
Un plan de pâturage qui fait correspondre le nombre d’animaux aux rendements fourragers prévus doit être réalisé avant la rotation des animaux.
Une première étape importante dans l’élaboration d’un plan consiste à définir des buts et des objectifs pour l’ensemble du processus de pâturage. Cela comprend des mesures de rentabilité, des choix de mode de vie et des résultats biologiques tels que la santé du sol, la production de fourrage, les impacts sur l’écosystème et la performance des animaux.
La réalisation d’un inventaire des ressources est essentielle. Quelle quantité de fourrage est disponible et à quels moments de la saison de pâturage? La source de fourrage est-elle en mesure de répondre aux besoins nutritionnels des animaux visés? Quelle est la durée de la saison de pâturage prévue? Quelle infrastructure physique est disponible ou nécessaire?
Ce processus d’inventaire et d’évaluation des ressources est essentiel au développement et à la mise en œuvre d’un système de pâturage réussi. Planificateur de pâturage : Un guide pour développer votre système de pâturage fournit une excellente ressource pour aider les producteurs à planifier, développer et/ou modifier leur système de pâturage. Il comprend un certain nombre de feuilles de travail et de modèles utiles dans le processus d’inventaire et de planification.
Systèmes de pâturage
Un système de pâturage est la manière dont un producteur gère les ressources fourragères pour nourrir les animaux, en équilibrant la demande de bétail (à la fois en quantité et en qualité) avec la disponibilité du fourrage et en favorisant une repousse rapide des pâturages pendant la saison de pâturage ainsi que la persistance à long terme des pâturages. Les systèmes de pâturage varieront en fonction du climat, des espèces végétales, du type de sol et du bétail. Les systèmes qui sont couramment utilisés au Canada comprennent le pâturage continu ou les systèmes de pâturage contrôlé qui sont nombreux et variés, même dans leur terminologie, y compris, mais sans s’y limiter : le pâturage en rotation, le pâturage par succession, le pâturage à la dérobée, le pâturage en bandes, le pâturage limité, la mise en réserve des pâturages et le pâturage prolongé
Il existe un certain nombre de ressources qui fournissent un excellent aperçu des types, du développement et de la mise en œuvre des systèmes de pâturage. Les exemples comprennent:
Pasture 101: Managing and Planning Grazing (en anglais)
Maritime Pasture Manual: Chapter 2 – Grazing Systems (en anglais)
Managing Saskatchewan Rangeland (en anglais)
Pasture Planner: A Guide for Developing Your Grazing System (en anglais)
Avec un pâturage continu, les animaux broutent naturellement le plus souvent les espèces végétales les plus appétissantes. Les réserves racinaires finissent par s’épuiser et les plantes peuvent mourir. Dans les pâturages très peuplés et pâturés en continu, les repousses seront pâturées assez fréquemment. Dans les pâturages continus à forte densité de bétail, les repousses sont broutées assez régulièrement. Les pâturages continus à faible charge sont constitués de sections de plantes en phase I et en phase III. Si les animaux sont forcés de manger des matières de la phase III, leur consommation quotidienne diminuera, ce qui réduira leur gain de poids.
Dans un système de pâturage contrôlé, les animaux n’ont accès qu’à des parties relativement petites d’un pâturage pendant un certain temps. Les pâturages sont divisés en parcelles où le bétail broute pendant des périodes de temps relativement courtes, après quoi celui-ci est retiré pour s’assurer que les plantes ont suffisamment de temps pour récupérer avant d’être pâturées à nouveau. Parce que cela nécessite une meilleure connaissance des plantes fourragères et des interactions pâturage-animaux, le pâturage contrôlé est souvent appelé pâturage en gestion intensive (PGI).
Qu’il s’agisse de gérer des pâturages indigènes ou des espèces fourragères cultivées, quatre principes de gestion de base s’appliquent:
- Équilibrer le nombre d’animaux avec la quantité de fourrage disponible;
- Obtenir une répartition uniforme des animaux sur le terrain;
- Alterner les périodes de pâturage et de repos pour gérer et entretenir la végétation;
- Utiliser les types de bétail les plus adaptés aux réserves de fourrage et aux objectifs de gestion.
Les historiques de taux de charge sur des champs similaires dans la même zone peuvent être très utiles pour établir les taux de charge initiaux. Le nombre optimal d’animaux sur un pâturage permet une utilisation efficace du fourrage, mais laisse suffisamment de matière végétale pour permettre une récupération rapide et complète.
Conception de la parcelle
Lors du développement d’un système de pâturage, la forme de la parcelle doit être déterminée par la topographie, le type de sol et les différences d’espèces afin de réduire les problèmes de pâturage inégal et de temps de récupération variable. Si une parcelle présente de nombreuses variations, certaines zones seront sous-utilisées tandis que d’autres seront sévèrement pâturées.
La taille des parcelles doit être déterminée par la taille prévue du troupeau en fonction du potentiel de production de fourrage et de la densité de chargement privilégiée afin de maintenir la fréquence des déplacements de bétail constante. À mesure que la productivité de la terre augmente, la taille des parcelles doit être réduite pour atteindre les niveaux d’utilisation souhaités. Généralement, les parcelles carrées offrent une utilisation plus uniforme du fourrage et une meilleure distribution du fumier par rapport aux formes longues et étroites.
Le développement d’un système de distribution d’eau est une considération importante dans la conception efficace d’un plan de pâturage et de parcelles de pâturage. L’accès à l’eau a un impact sur les habitudes de pâturage du bétail et sa compréhension aidera à gérer l’utilisation du fourrage. Il est recommandé que les systèmes de pâturage soient conçus pour fournir des sources d’eau à moins de 600 à 800 pieds de toutes les zones d’une parcelle pour une uniformité optimale du pâturage. Les systèmes d’eau portables sont un outil puissant pour gérer la distribution des pâturages et le cycle du fumier. Si l’eau ne peut pas être fournie dans chaque parcelle, des allées conçues pour amener le bétail à la source d’eau sont une alternative. Planifiez l’aménagement du pâturage pour minimiser la longueur de l’allée et maintenez la largeur de l’allée entre 16 et 24 pieds pour réduire la flânerie par les animaux. De même, minimiser de la zone commune autour d’une source d’eau réduira le temps que les animaux passent à se rassembler sur le site.
Répartition du bétail
Une bonne répartition du bétail, obtenue en disposant les animaux afin d’obtenir une utilisation uniforme de toutes les ressources fourragères, peut augmenter la production. La répartition du bétail au pâturage varie selon le type et la classe des animaux, la topographie, l’emplacement de l’eau, la présence de sel et de minéraux, l’appétence du fourrage, le type de végétation, la qualité du fourrage, la quantité de fourrage, l’emplacement de l’ombre et de l’abri, les modèles de clôtures, la taille du pâturage, le système de pâturage, la densité du cheptel et les vents dominants.
La répartition idéale au pâturage se produit lorsque l’ensemble du pâturage est pâturé uniformément à un degré approprié dans un laps de temps prédéterminé. Les bovins, étant des créatures d’habitude, broutent rarement uniformément lorsqu’ils sont laissés seuls. Ils broutent des zones plus faciles, en particulier celles proches de l’eau, et facilement accessibles. Le bétail ne pâture pas au hasard et doit être forcé ou attiré vers des zones rarement utilisées.
L’amélioration de la répartition du bétail dans les pâturages se traduit par une efficacité de récolte plus élevée, car le bétail consomme une plus grande proportion du fourrage disponible. Elle répartit également les effets de la défoliation sur une plus grande partie de plantes fourragères disponibles.
Les méthodes pour améliorer la répartition du bétail comprennent:
- Gérer la densité du bétail et/ou la saison de pâturage;
- Pousser les animaux à des endroits spécifiques en clôturant;
- Utiliser des stratégies de gestion du pâturage telles que le pâturage en rotation;
- Attirer les animaux vers des endroits spécifiques avec de l’eau, du sel, des aliments supplémentaires ou la mise de brosses et de graisseurs;
- Utiliser le type et la classe de bétail les mieux adaptés aux caractéristiques du terrain et de la végétation.
L’emplacement des abreuvoirs est probablement le facteur le plus important affectant la répartition du bétail dans les pâturages, car l’eau est le point central des activités de pâturage. Près de l’eau, les végétaux sont fortement sollicités et la production fourragère baisse. La réduction de la taille des pâturages et de la distance à l’eau peut améliorer considérablement la répartition du bétail. Le sel et les minéraux doivent être placés loin de l’eau et utilisés pour répartir les animaux plus uniformément.
La topographie est une cause importante de mauvaise répartition des pâturages. Dans la mesure du possible, les pâturages doivent être clôturés pour minimiser la variabilité de la topographie, des communautés végétales et du moment de la croissance des plantes.
L’ombre est un autre facteur important de la répartition des animaux, car les animaux migrent vers ces zones pendant les périodes chaudes de la journée pour rester au frais et éviter l’irritation des insectes.
Légumineuses au pâturage
Les légumineuses dans le cadre d’un plan de pâturage annuel peuvent être avantageuses, car ces plantes peuvent aider à restaurer l’azote du sol, à augmenter les rendements fourragers et à augmenter la capacité de charge des pâturages. De meilleures performances animales peuvent également être obtenues lors du pâturage de peuplements contenant des légumineuses. Cependant, le pâturage des légumineuses nécessite des efforts de gestion accrus pour assurer une persistance optimale des peuplements et des performances animales.
Les producteurs hésitent souvent à semer de la luzerne à des fins de pâturage en raison des craintes de ballonnement/météorisation même si le rendement et la productivité pourraient être augmentés. Pour profiter des avantages du pâturage de cette légumineuse, une gestion prudente est essentielle. Pour réduire le risque :
- Ne déplacez pas le bétail vers un nouveau pâturage lorsqu’il est mouillé par une forte rosée, des pluies ou de l’eau d’irrigation. Faire paître la luzerne lorsqu’elle est humide augmente le risque de météorisation, il est donc préférable de déplacer les animaux vers un nouveau pâturage l’après-midi plutôt que le matin.
- Ne laissez jamais les animaux avoir faim avant de les introduire dans un pâturage de luzerne, car cela peut entraîner une surconsommation de luzerne fraîche.
- Attendez que la luzerne soit en pleine floraison pour la faire brouter. Le risque de ballonnement est plus élevé lorsque la luzerne est aux stades de croissance végétative et au début de la floraison. Lorsque la luzerne entre en pleine floraison ou après la floraison, les niveaux de protéines solubles diminuent, les parois cellulaires des plantes s’épaississent, la teneur en lignine augmente et le taux de digestion de la luzerne dans le rumen diminue.
- Ne pas faire paître la luzerne pendant trois jours à deux semaines après un gel meurtrier. Le gel peut augmenter l’incidence de la météorisation en rompant les parois cellulaires des plantes, ce qui entraîne un taux de digestion initial élevé. Retarder le pâturage de la luzerne jusqu’à ce que le peuplement sèche. Le temps nécessaire au séchage varie selon l’endroit et la météo.
- Veillez à surveiller fréquemment l’état du bétail et tout signe de ballonnement ou de maladie, et adaptez les plans de pâturage en conséquence.
Le risque de météorisation lors du pâturage de peuplements purs de luzerne peut également être réduit grâce à la sélection de variétés à météorisation réduite (par exemple AC Grazeland) et à l’utilisation de produits tels que Bloat-Guard, le bolus Rumensin CRC ou Alfasure.
De nombreux producteurs préfèrent éviter la météorisation en semant des mélanges de luzerne et de graminées. Selon le pourcentage de luzerne dans le mélange, cela peut réduire le risque de ballonnement, mais le maintien de la luzerne dans le peuplement peut être un défi. Au fil du temps, les plantes disparaissent du peuplement, éliminant de nombreux avantages, notamment une fertilité accrue.
Une étude menée à Swift Current, en Saskatchewan4, a montré que le nombre de plants de luzerne et de sainfoin a chuté de 50 % au cours de l’essai de pâturage sur une période de quatre ans. Des recherches menées près de Brandon, au Manitoba, ont également révélé que le pourcentage de luzerne dans un mélange est passé de 75,4 – 84,1 % à 32,5 – 40,3 % sur une période de quatre ans5.
Les techniques de gestion suivantes peuvent aider à maintenir les légumineuses dans un peuplement :
- Au printemps, attendez que la luzerne mesure trois à quatre pouces de hauteur avant de la faire paître. Une fois la période de pâturage printanière terminée, laissez la luzerne repousser pendant environ 25 à 40 jours avant de la faire brouter à nouveau ou de la couper pour le foin.
- Laissez les plantes se reposer en septembre et octobre, ou contrôlez le pâturage pour maintenir au moins 6 à 8 pouces de luzerne sur pied en tout temps.
- Évitez de réduire la hauteur à moins de 2 ou 3 pouces à la fin de l’automne pour aider à protéger la luzerne des dommages hivernaux.
- Laissez les plantes pousser sans couper ni paître pendant au moins quatre à six semaines avant la première gelée meurtrière.
Il existe de nombreuses autres espèces de légumineuses qui, récemment, ont été utilisées dans les pâturages. Cela comprend le sainfoin, l’astragale pois chiche, le lotier corniculé, le trèfle alsike, le trèfle rouge, le trèfle blanc, le trèfle kura, le mélilot et le trèfle des prairies violet ou blanc. Ces légumineuses peuvent ne pas avoir les rendements de la luzerne, mais peuvent mieux convenir à la terre, au type de sol ou au système de gestion. Les légumineuses telles que le sainfoin, le lotier corniculé, le trèfle violet et le trèfle blanc contiennent des tanins condensés qui peuvent réduire la dégradation des protéines dans le rumen et prévenir les ballonnements. La digestion des protéines dans l’intestin grêle plutôt que par les bactéries du rumen contribue à une croissance animale plus efficace. Si ces légumineuses contenant du tanin sont semées dans un mélange avec de la luzerne, elles réduiront « activement » le risque de météorisation. L’astragale pois chiche ne contient pas de tanins, mais elle est plus lente à digérer et ne provoque pas de ballonnements.
En tant que légumineuse qui ne provoque pas de ballonnante, les gains des animaux sur les pâturages de sainfoin peuvent être aussi efficaces et rapides que sur les pâturages de luzerne. Le sainfoin est résistant au charançon de la luzerne, pousse plus tôt au printemps et plus tard à l’automne. Des chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada à Lethbridge ont sélectionné le sainfoin pour améliorer le rendement, la repousse et la survie dans les peuplements de luzerne, et ont découvert que la survie du sainfoin dépend en partie de la variété de luzerne avec laquelle il est cultivé, ainsi que de l’endroit où il est cultivé.
Vous trouverez plus d’informations sur les stratégies de pâturage des légumineuses et les recherches en cours dans les fiches d’information suivantes du BCRC :
Keeping legumes in pasture stands longer (en anglais)
New sainfoin varieties (en anglais)
Accroître la productivité de la luzerne résistante au froid à l’automne
Grazing alfalfa more safely (en anglais)
Improving abiotic stress tolerance in alfalfa (en anglais)
Terminologie de la gestion des pâturages
Une connaissance pratique des termes et des calculs de gestion du pâturage est un outil extrêmement utile lors de la planification et de l’élaboration de plans de pâturage pratiques et réussis. La capacité de préparer et d’estimer l’utilisation du fourrage signifie moins d’incertitude lorsqu’il s’agit de prendre des décisions de gestion en « temps réel » une fois que les animaux paissent dans les pâturages.
L’unité animale (UA) est une unité standard utilisée pour calculer l’impact relatif du pâturage de différents types et classes de bétail. Une unité animale est définie comme une vache de boucherie de 1 000 lb (450 kg), avec ou sans veau allaitant, dont les besoins quotidiens en matière sèche de fourrage sont de 26 lb (11,8 kg).
Une unité animale mensuelle (UAM) est la quantité de fourrage nécessaire pour répondre aux besoins métaboliques d’une unité animale pendant un mois (30 jours). Une UAM équivaut à 780 lb (355 kg) de matière sèche fourragère.
Les besoins en fourrage changent avec la taille et le type d’animal. Le poids métabolique (poids vif à la puissance 0,75) explique la variation significative de l’apport en matière sèche chez les animaux de différentes tailles et fournit une estimation plus précise de la demande en fourrage. Les unités animales équivalentes (UAE) ont été calculées pour diverses espèces et tailles d’animaux. Le tableau 1 présente les catégories de taille des bovins de boucherie et les équivalents d’unités animales correspondants.
Le taux de chargement est le nombre d’animaux sur un pâturage pendant une période de temps spécifiée et est généralement exprimé en unités animales-mois (UAM) par unité de surface. Par exemple, une zone qui prend en charge 30 vaches (1 000 lb) pendant une saison de pâturage de quatre mois a un taux de charge de 120 UAM pour cette zone. Si le pâturage a une superficie de 100 acres, le taux de charge serait exprimé comme 1,2 UAM/acre (120 UAM divisés par 100 acres). Votre taux de chargement ne restera pas le même année après année, vous devrez donc ajuster le nombre d’animaux que vous avez l’intention de faire paître pour atteindre le taux de charge souhaité pour chaque pâturage de votre système de pâturage. Les taux de charge doivent également tenir compte des taux d’utilisation des pâturages. Le taux d’utilisation détermine la quantité de fourrage utilisée pour le pâturage par le bétail, mais aussi la quantité piétinée ou consommée par les insectes et la faune.
Taux de charge (UAM/acre) = (Rendement fourrager [lb/acre] x (Taux d’utilisation [%] ÷ 100)) ÷ 780 lb/UA/mois
La densité du cheptel est le nombre d’animaux dans une zone particulière à un moment donné et est exprimée en unités animales (UA) par unité de surface. La densité du cheptel augmente à mesure que le nombre d’animaux dans un enclos augmente ou que la taille de l’enclos diminue et est basée sur le niveau de gestion du pâturage. Par exemple, un troupeau de 30 vaches de 1000 livres dans un enclos de 2 acres clôturé au sein d’un plus grand territoire de 100 acres a une densité de cheptel de 15 000 lb/acre (30 vaches x 1 000 lb/vache divisée par 2 acres) ou 15 Unités animales/acre (1 UA = 1 000 lb donc 15 000 lb/acre divisé par 1 000 lb = 15 UA/acre), même si le taux de chargement pour l’ensemble du pâturage de 100 acres est de 1,2 AUM/acre. La différence entre ces deux valeurs est le facteur temps.
Le calcul de la capacité de charge
La capacité de charge est le nombre moyen d’animaux qu’un pâturage peut supporter pendant une saison de pâturage. La capacité de charge répond au premier principe de la gestion des pâturages : équilibrer les réserves de fourrage avec les besoins du bétail. La capacité du pâturage à produire du fourrage est mesurée en UAM. La quantité de fourrage consommée par un type particulier d’animal (p. ex. couple vache-veau, yearling) est exprimée en UAE.
Il est utile de calculer la capacité de charge avant la saison de pâturage, car la productivité du fourrage change avec le temps ou l’état (c’est-à-dire médiocre, passable, bon, excellent) sur les pâturages existants. De plus, si les producteurs ont récemment acquis un pâturage et ne disposent d’aucune donnée historique sur le taux de chargement, le calcul de la capacité de charge aidera les producteurs à gérer le pâturage de manière appropriée.
Il y a quatre étapes importantes pour estimer la capacité de charge d’un pâturage :
- Cartographier le site (topographie, types de sol et zone) et les types de végétation.
- Évaluer la santé des pâturages ou l’état des pâturages cultivés (p. ex. mauvais, passable, bon ou excellent).
- Utiliser les guides provinciaux de production fourragère – ou utilisez l’échantillonnage sur le terrain – pour obtenir un taux de chargement initial (unités animales) pour le pâturage.
- Surveiller l’état et ajuster le taux de chargement au besoin.
Le calculateur de capacité de charge du BCRC est un outil d’aide à la décision élaboré pour aider les producteurs à déterminer combien de fourrage est disponible pour le pâturage. Les producteurs peuvent utiliser le calculateur de la méthode 1 s’ils souhaitent calculer une estimation de la capacité de charge en fonction des guides provinciaux de production fourragère disponibles. L’utilisation de la méthode 1 est facile et fonctionne mieux lorsque l’état du pâturage (ou la santé du pâturage) est similaire dans tout le champ et que la communauté de plantes fourragères (ou le type de parcelle) est uniforme.
Les producteurs peuvent utiliser la méthode 2 s’ils prévoient de couper, sécher et peser les échantillons prélevés sur leur pâturage. L’échantillonnage sur le terrain offre une plus grande précision, mais nécessite plus de travail pratique. Les producteurs peuvent choisir l’échantillonnage au champ si les guides provinciaux ne sont pas disponibles pour leur région ou si les types de pâturages ou les conditions varient dans leur champ. La production de fourrage varie chaque année, de sorte que l’approche de la méthode 2 devrait inclure plusieurs années d’échantillonnage pour estimer la productivité à long terme du pâturage.
Dans les deux méthodes du calculateur, les producteurs peuvent entrer leur superficie de pâturage, leur type d’animal (c.-à-d. veaux sevrés), paires vache-veau) ainsi que le taux d’utilisation du fourrage dans les cases jaunes. Les taux d’utilisation recommandés pour les pâturages indigènes varient de 25 à 50 %. Pour les pâturages cultivés, les taux d’utilisation recommandés varient de 50 à 75 % selon les niveaux de fertilité.
- Références
-
1 Voisin, A. 1988. Grass Productivity. Island Press. 358pp.
2 Gerrish, J.R., P.R. Peterson, and R.E. Morrow. 1995. Distance Cattle Travel to Water Affects Pasture Utilization Rate. American Forage and Grassland Council. Proc. 1995:61-65.
3 Gerrish, J.R. Beef Cattle Handbook – Grazing System Layout and Design. University of Wisconsin – Extension, Cooperative Extension.
4 Iwaasa, A. 2006. Carbon sequestration, methane production and nitrous oxide emissions from cattle grazing native prairie. http://www.beefresearch.ca/factsheet.cfm/pasture-management-and-productivity-56
5 Kopp, J. C., W. P. McCaughey, and K. M. Wittenberg. 2003. Yield, quality and cost effectiveness of using fertilizer and/or alfalfa to improve meadow bromegrass pastures. Canadian Journal of Animal Science 83.2: 291-298.
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