Les dépenses pour l’achat d’un veau et les aliments requis pour l’engraisser sont les deux coûts variables les plus importants pour le secteur de l’alimentation du bétail. L’utilisation d’une moins grande quantité d’aliments pour engraisser un veau améliorerait substantiellement la rentabilité de la production de bœuf et pourrait réduire les répercussions environnementales. Les coûts alimentaires sont élevés en raison de mauvaises conditions de croissance dans les principaux pays producteurs de céréales compte tenu de l’utilisation de céréales fourragères dans la production d’éthanol et de la concurrence accrue de l’utilisation des terres pour la production de cultures versus le développement urbain.
Points importants |
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L’indice de consommation est une mesure clé de l’efficacité. Il est également connu sous le nom de taux de conversion alimentaire (TCA) |
En raison de la variabilité de la teneur en eau, les aliments sont mesurés en fonction de leur teneur en matière sèche (MS) |
Les bœufs nourris de rations avec une teneur élevée en céréales se développent plus rapidement, engraissent plus tôt et produisent des carcasses plus lourdes et plus grasses |
Il a été démontré que les méthodes de transformation comme le floconnage améliorent l’efficacité alimentaire comparativement à la compression à sec |
Les stimulateurs de croissance sont parmi les nombreux outils sophistiqués utilisés par les parcs d’engraissement et les producteurs pour élever plus de bœufs, plus rapidement, en utilisant moins d’aliments et en maintenant des normes élevées en matière de santé animale, de qualité des carcasses et de salubrité alimentaire. Les stimulateurs de croissance comprennent les ionophores, les implants de croissance et les bêta-agonistes |
Les ionophores sont des antimicrobiens (qui sont catégorisés comme étant de faible importance en médecine humaine et qui ne sont pas utilisés pour traiter des infections bactériennes chez les humains) offerts aux bovins par le biais des aliments dans le but d’améliorer la disponibilité des nutriments pour l’animal. Ils peuvent améliorer l’efficacité alimentaire et la prise de poids, réduire la production de méthane, réduire l’incidence de ballonnements et d’acidose et prévenir des maladies comme la coccidiose |
Les implants stimulateurs de croissance hormonale favorisent généralement le dépôt de protéines et découragent le dépôt de matières grasses, ce qui améliore la prise de poids et la conversion alimentaire |
Indice de consommation
L’indice de consommation est une mesure clé de l’efficacité. Également connu sous le nom de taux de conversion alimentaire (TCA), l’indice de consommation est une mesure de l’efficacité de l’animal pour convertir les nutriments alimentaires en une masse corporelle accrue. L’indice de consommation est une variable importante dans les coûts associés à l’engraissement d’un animal. L’efficacité peut également être exprimée sous forme d’un ratio gain : aliments et dans ce cas, un nombre plus élevé est désiré.
En raison de la variabilité de la teneur en eau, les aliments sont mesurés en fonction de leur teneur en matière sèche (MS).
Imaginez deux veaux d’engraissement. Les deux veaux prennent en moyenne 3,5 livres par jour (1,59 kg/jour). Après un certain temps, nous mesurons que le veau A consomme en moyenne 21 lb (9,53 kg) de MS par jour, ce qui équivaut à un indice de consommation de 6:1. Le veau B consomme 28 lb/jour (12,70 kg/jour), soit un indice de consommation de 8:1 et par conséquent, il a une efficacité alimentaire inférieure au veau A. Basé sur des coûts de ration de 187$/tonne* (ou 0,085$ cents par livre), il coûte 1,79$ par jour pour nourrir le veau A. Le veau B coûte 2,38$ par jour. Si les deux veaux atteignent leur poids d’engraissement en 200 jours, l’animal ayant une efficacité alimentaire inférieure (veau B) coûterait 119$ de plus pour le producteur comparativement à un animal avec une meilleure efficacité alimentaire (veau A). (*Remarque : cet exemple pourrait ne pas refléter les coûts alimentaires actuels)
Cet exemple illustre l’importance d’améliorer et de maximiser l’efficacité alimentaire des bovins, ce qui peut faire la différence entre la rentabilité et la non-rentabilité dans le secteur de l’alimentation animale.
Les progrès de la recherche sur l’efficacité alimentaire
Sur la base des coûts alimentaires actuels, une amélioration additionnelle de 1 % à l’indice de consommation permettrait des économies de 11,1 millions de dollars annuellement pour le secteur des parcs d’engraissement.
De nombreux projets de recherche réalisés au fil des ans ont mené avec succès à des améliorations considérables aux taux de croissance, aux jours d’engraissement, aux poids de carcasse et aux indices de consommation.
Depuis les années 1950, l’indice de consommation s’est nettement amélioré grâce à la recherche appliquée et le développement. Au cours des 30 dernières années, l’indice de consommation s’est amélioré de 30 %. Les améliorations notables ont été dues aux études portant sur la régie de la ration, de la transformation des céréales et des stimulateurs de croissance.
Régie des rations
La substitution de fourrages par des céréales dans les rations d’engraissement peut entraîner des améliorations considérables dans l’efficacité alimentaire. Les bœufs nourris de rations avec une teneur élevée en céréales se développent plus rapidement, engraissent plus tôt et produisent des carcasses plus lourdes et plus grasses. Les recherches suggèrent également que le type et la qualité des céréales et l’équilibre de nutriments essentiels comme les vitamines, les protéines et les oligominéraux ont un impact considérable sur l’efficacité alimentaire. Les rations équilibrées augmentent le gain moyen quotidien et peuvent réduire les coûts alimentaires par livre de gain. Afin de prévenir l’acidose du rumen et des abcès du foie, il est nécessaire de bien adapter les bovins effectuant une transition d’aliments à base de fourrages à des rations à base de céréales ayant une teneur élevée en énergie.
Transformation des céréales
La digestibilité des céréales comme le maïs, l’orge et l’avoine est améliorée lorsqu’elles sont transformées. Il a été démontré que les méthodes de transformation comme le floconnage améliorent l’efficacité alimentaire comparativement à la compression à sec. En cassant la coquille externe des céréales, les microbes du rumen sont mieux en mesure d’utiliser l’amidon et les minéraux des céréales. La transformation permet également le mélange de céréales avec des suppléments et elle affecte le goût et les taux de passage. Cependant, la transformation des céréales en particules trop fines cause l’acidose. Trouver la méthode et le niveau de transformation idéaux contribue à une amélioration de l’indice de consommation.
Stimulateurs de croissance
L’analyse indique que les coûts de production seraient 10 % plus élevés si les producteurs n’utilisaient pas d’implants, d’ionophores ou de bêta-agonistes
Les stimulateurs de croissance sont parmi les nombreux outils sophistiqués utilisés par les parcs d’engraissement et les producteurs pour élever plus de bœufs, plus rapidement, en utilisant moins d’aliments et en maintenant des normes élevées en matière de santé animale, de qualité des carcasses et de salubrité alimentaire. Les stimulateurs de croissance comprennent les ionophores, les implants de croissance et les bêta-agonistes. De nombreux produits dans chaque catégorie sont approuvés pour une utilisation par la Direction des médicaments vétérinaires de Santé Canada.
Une étude2 a déterminé que le gain moyen quotidien était 21 % plus élevé et que l’efficacité alimentaire était améliorée de 23 % chez les bœufs engraissés ayant reçu des implants et des ionophores comparativement aux bœufs dans un groupe de contrôle. Les économistes John Lawrence et Maro Ibarburu de l’Université d’État de l’Iowa rapportaient que les gains moyens quotidiens dans les parcs d’engraissement augmentaient de 3 %, 16 % et 16 % respectivement lorsque des ionophores, des implants et des bêta-agonistes étaient utilisés. L’efficacité alimentaire était améliorée de 4 % avec les ionophores, de 10 % avec les implants et de 14 % avec l’utilisation de bêta-agonistes.
Ionophores
Comme pour toutes les technologies sophistiquées, une utilisation appropriée et optimale des produits de stimulation de croissance peut améliorer le rendement et la valeur de l’animal, tandis qu’une utilisation inadéquate n’apporte aucun bienfait, réduit la valeur de la carcasse et/ou entraîne des pertes financières.
Les ionophores sont des antimicrobiens offerts dans les aliments qui peuvent améliorer la disponibilité des nutriments pour l’animal et prévenir des maladies comme la coccidiose.
Les ionophores améliorent l’efficacité alimentaire en agissant sur les microbes du rumen. La plupart des microbes du rumen convertissent les fibres complexes et l’amidon dans les fourrages et les céréales en molécules simples qui peuvent être absorbées dans le flux sanguin pour fournir de l’énergie et des protéines à l’animal. Les bactéries du rumen, connues sous le nom de méthanogènes, convertissent les fibres alimentaires et l’amidon en méthane. Le méthane contient de l’énergie, mais il ne peut pas être absorbé par l’animal, donc il est éructé et gaspillé. Les ionophores améliorent l’efficacité alimentaire et la prise de poids en inhibant sélectivement les bactéries méthanogènes et ils permettent aux bactéries bénéfiques du rumen à rendre plus d’énergie alimentaire disponible à l’animal.
Les ionophores sont souvent inclus par erreur dans les discussions portant sur l’utilisation préoccupante d’antimicrobiens dans le bétail et le lien potentiel avec la résistance antimicrobienne chez les humains. Ces antimicrobiens sont catégorisés comme étant de « faible importance » en médecine humaine, ce qui signifie qu’ils ne sont pas utilisés pour traiter les infections bactériennes chez les humains et par conséquent, la réduction ou l’élimination de leur utilisation aurait des impacts négatifs sur la production de bovins avec peu ou aucun bienfait pour la santé humaine. Lorsque des groupes de défense des animaux propagent des statistiques comme « plus de 80 pour cent de tous les antibiotiques utilisés aux États-Unis sont utilisés sur des animaux destinés à la consommation et la grande majorité de cette utilisation est sur des animaux en santé », ils ignorent les populations beaucoup plus nombreuses et les poids corporels beaucoup plus lourds des bovins comparativement aux Américains et ils incluent les ionophores dans leur calcul.
Implants de croissance hormonale
D’autres stimulateurs de croissance ont un impact sur la manière dont les nutriments sont utilisés par l’animal après qu’ils ont été absorbés dans le sang. Les implants de croissance, administrés sous forme d’un comprimé implanté sous la peau de l’oreille de l’animal, augmentent les hormones de reproduction qui se produisent naturellement dans l’animal. Chez les bouvillons, les implants remplacent certaines des hormones qui ont été retirées lors de la castration.
Les implants favorisent généralement le dépôt de protéines et découragent le dépôt de matières grasses. Ils améliorent à la fois la prise de poids et la conversion alimentaire. Le dépôt de matières grasses nécessite deux fois plus d’énergie alimentaire que le dépôt de protéines. En plus de cela, les tissus musculaires contiennent approximativement 70 % d’eau, tandis que les matières grasses contiennent moins de 25 % d’eau. Ceci signifie que pour chaque dix livres de muscles gagnés, environ trois livres proviennent de la ration et sept livres de l’eau. Ce ratio est inversé pour la croissance des matières grasses (approximativement sept livres de la ration et trois livres de l’eau). Les régimes d’implants agressifs peuvent avoir un impact négatif sur la qualité des carcasses (maturité, état du persillé, tendreté et possiblement la coloration de viande maigre), particulièrement s’ils sont utilisés sur les mauvais types de bovins.
Les implants de croissance combinés avec les additifs alimentaires ionophores sont efficaces dans les programmes des parcs d’engraissement. Des recherches ont démontré que les implants de croissance produisent les améliorations usuelles en matière de gains quotidiens et d’efficacité alimentaire, tandis que les additifs alimentaires ionophores, en combinaison avec les implants de croissance, réduiront la quantité d’aliments requis pour un montant de gain donné de 7 à 8 %.
La sécurité des stimulateurs de croissance a été évaluée par de nombreux experts et organismes, incluant Santé Canada, l’Organisation mondiale de la santé et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Tous ces organismes ont conclu que les hormones peuvent être utilisées de manière sécuritaire dans la production de bœuf. Les niveaux trouvés dans les produits alimentaires comme le bœuf sont trop faibles pour représenter un risque pour la santé humaine.
Pour mettre ces niveaux en perspective, considérez les niveaux d’œstrogènes présents naturellement dans toutes les plantes et tous les animaux, y compris les humains. Ce tableau montre qu’une personne devrait manger chaque jour 3 millions de hamburgers provenant de bovins auxquels on a administré des hormones de croissance avant d’être exposée à une quantité d’œstrogènes équivalente à celle produite quotidiennement par une femme moyenne.
Les implants contenant de la testostérone sont similaires; il existe un facteur de sécurité de plusieurs milliers de fois basé sur l’hypothèse que les gens consomment l’équivalent de 6 à 7 portions de bœuf par jour.
Agonistes bêta-adrénergiques
Les agonistes bêta-adrénergiques font partie de la plus récente catégorie de stimulateurs de croissance disponibles sur le marché depuis 2004. Ces additifs alimentaires ne sont pas des antimicrobiens et ils n’imitent pas ou ne complètent pas des hormones de reproduction. Les médicaments pour l’asthme sont également des bêta-agonistes.
« Agoniste bêta-adrénergique » est un terme compliqué décrivant le fonctionnement de ces produits. « Adrénergique » signifie « ressemblant à l’adrénaline ». « Agoniste » (le contraire d’antagoniste) signifie « qu’il travaille d’une manière semblable ». Le terme « bêta » fait référence au récepteur particulier sur lequel il se lie sur la surface des cellules musculaires. Un agoniste bêta-adrénergique est donc une substance qui se lie à un récepteur bêta sur les muscles et qui agit comme une sorte d’adrénaline. L’adrénaline détourne le flux sanguin des organes de digestion vers les muscles dans la réaction de lutte ou de fuite. De même, les bêta-agonistes redirigent les nutriments pour qu’une plus grande croissance survienne dans les tissus musculaires plutôt que dans les organes internes.
Tous les bêta-agonistes approuvés pour les bovins de boucherie (p. ex. la ractopamine et le zilpatérol) augmentent le dépôt des protéines (croissance musculaire), les taux de croissance, l’efficacité alimentaire et le caractère maigre de la carcasse. Certains bêta-agonistes réduisent également le renouvellement des protéines (réduisent la dégradation musculaire), entraînant ainsi une hausse du rendement de la carcasse. Les bêta-agonistes sont offerts à la fin de la période d’alimentation, lorsque la croissance musculaire ralentit, le dépôt des matières grasses s’accélère et l’efficacité alimentaire baisse.
Comme avec les implants agressifs, les bêta-agonistes doivent être régis de manière adéquate, auprès de la bonne catégorie de bovins pour éviter des conséquences négatives sur la qualité des carcasses. Les avantages d’offrir des bêta-agonistes peuvent disparaître si le produit est offert pendant une trop longue période, ou si le délai entre le retrait du produit et l’abattage est trop long.
Les préoccupations quant à l’utilisation de bêta-agonistes dans le bétail sont populaires dans les médias. Quelques pays importateurs ont une politique de tolérance zéro pour certains types de bêta-agonistes, ce qui fait de leur utilisation un enjeu dans certaines négociations commerciales. Une personne devrait consommer plus de 180 portions de bœuf par jour, ou 30 portions de foie par jour, de bovins ayant reçu des bêta-agonistes pour obtenir l’effet d’un « jet » d’un médicament pour l’asthme.
Déterminer le poids final
Déterminer le moment auquel un animal a atteint son poids final est un aspect important de l’efficacité alimentaire. Une fois que le taux de gain de l’animal ralentit, la majorité des aliments consommés est convertie en gras résiduel plutôt qu’en viande utilisable et par conséquent, ceci n’est pas rentable. Les producteurs peuvent peser ou surveiller les animaux individuels ou les enclos dans le but de suivre les gains et déterminer le moment auquel le poids final est atteint.
Génétique
En plus des pratiques de régie qui optimisent l’efficacité alimentaire dans les parcs d’engraissement, la sélection de bovins qui ont une efficacité alimentaire au niveau génétique est importante. De nombreuses recherches ont été réalisées pour permettre des améliorations génétiques en matière d’efficacité alimentaire en mesurant la consommation alimentaire résiduelle. Les progrès dans la production d’animaux terminaux par le croisement maximisent également les gains, la classification et le rendement.
- Références
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- F. Whiting (1957). The effect of concentrate to hay ratio and other ration factors on the feedlot performance of beef cattle. Canadian Journal of Animal Science, 37, pp 50-57
- L. Faucitano, P. Y. Chouinard, J. Fortin, I. B. Mandell, C. Lafrenière, C. L. Girard and R. Berthiaume (2008). Comparison of alternative beef production systems based on forage finishing or grain-forage diets with or without growth promotants: 2. Meat quality, fatty acid composition, and overall palatability. Journal of Animal Science, 86, pp 1678-1689
Remerciements
Merci à Dr Jock Buchanan-Smith, professeur à la retraite de l’Université de Guelph et chercheur en nutrition et en régie des bovins de boucherie et à Dre Katie Wood, professeure adjointe de l’Université de Guelph, pour la contribution de leur temps et de leur expertise dans la rédaction de cette publication.
Ce contenu a été révisé pour la dernière fois en Août 2019.