Le rajeunissement d’un peuplement fourrager, que ce soit du foin ou du pâturage, implique l’utilisation d’une ou de plusieurs méthodes pour accroître la productivité, avec une transition vers des espèces de fourrages ayant un rendement plus élevé et qui apportent une valeur nutritionnelle améliorée pour le bétail.
Il est important de noter que les méthodes de rajeunissement présentées ci-dessous, ainsi que les discussions portant sur leur utilisation, sont axées sur des sites précédemment cultivés ou perturbés, contrairement au rajeunissement de parcours naturels indigènes. Tous les peuplements résiduels de parcours naturels indigènes doivent être conservés et NON améliorés ou remplacés avec des espèces de plantes non indigènes. Ces endroits doivent toujours être régis selon des principes écologiques sains.
Les résultats de recherche disponibles sont inclus dans la mesure du possible tout au long de cette page. Pour certaines méthodes de rajeunissement, les informations spécifiques à la région sont limitées ou indisponibles. Le BCRC s’est efforcé de fournir autant d’informations à jour que possible. Contactez une association locale de fourrage, de pâturage ou de bétail, un spécialiste de la vulgarisation ou un agronome de votre région pour vérifier s’il existe des informations supplémentaires spécifiques à votre région.
Points importants |
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L’humidité du sol est la variable la plus importante lors du rajeunissement d’un peuplement fourrager et elle doit être considérée dans la planification et la méthode de rajeunissement |
Si un peuplement fourrager nécessite un rajeunissement, il est essentiel d’identifier la raison derrière la baisse de productivité |
Le parcours naturel indigène doit être conservé, avec une régie basée sur des principes écologiques sains et il ne doit pas être amélioré ou remplacé par des espèces végétales non indigènes |
La régie du pâturage doit être la première technique de rajeunissement à considérer. Tant que les problèmes de régie du pâturage ne sont pas réglés, aucun autre aspect du rajeunissement ne permettra de maintenir des peuplements sains |
Une analyse du sol est importante pour déterminer le pH du sol et les niveaux de fertilité et elle permettra également d’identifier des carences en nutriments. Les résultats de l’analyse du sol aideront à déterminer les taux d’application optimaux de fertilisants dans votre région pour votre type de sol spécifique et vos espèces de fourrages |
Les perturbations mécaniques accentuent la décomposition des racines en relâchant les nutriments dans le sol et en les rendant disponibles pour les végétaux |
Des herbicides sélectifs peuvent être utilisés pour contrôler les espèces végétales non désirées qui font de la concurrence aux espèces de fourrages désirées, leur permettant ainsi d’utiliser les nutriments, la lumière du soleil et l’humidité et de supplanter potentiellement des espèces végétales moins désirables |
La tonte peut être utilisée pour éliminer les plantes indésirables, offrant un avantage concurrentiel aux espèces fourragères les plus recherchées, leur permettant d’utiliser les nutriments, la lumière du soleil et l’humidité et potentiellement de supplanter les plantes les moins recherchées |
Les avantages du semis de gazon incluent le fait de ne pas exposer le sol à l’érosion, car cela peut survenir lors du retournement de la terre et du réensemencement, en plus de conserver l’humidité disponible dans le sol, de réduire les coûts et de maintenir les terres en production |
Sursemer une légumineuse par-dessus un peuplement existant est une technique de rajeunissement relativement abordable. Cependant, l’établissement réussi des plants dépend fortement de conditions favorables |
Les inconvénients importants associés au retournement d’un peuplement établi et au réensemencement comprennent la perte de production lors de la première année, le potentiel pour de l’érosion, la perte d’humidité dans le sol et les coûts |
Les peuplements fourragers récemment établis ont généralement une production relativement élevée, et dans les premières années, ils ont peu de besoins de maintenance. Or, au fil du temps, la productivité peut baisser en raison de nombreux facteurs, incluant :
- des sols moins productifs en raison de la texture, d’un drainage inadéquat, de carences en nutriments, de la salinité, de l’acidité ou de la structure
- une humidité limitée pendant des périodes de sécheresse ou de pluie inopportune
- une disparité entre les espèces fourragères et le type de production désiré, que ce soit du pâturage, du foin ou l’utilisation des deux
- une régie inadéquate de longue date (p. ex., mauvaise planification du pâturage, surutilisation, périodes de repos inadéquates qui entraînent la perte d’espèces végétales désirées.
Souvent, c’est une combinaison de ces facteurs qui entraîne une baisse significative dans la production de foin et de pâturage.
Décider de rajeunir ou non
La première étape lors de la décision à savoir si l’on doit rajeunir un peuplement fourrager est de comparer la productivité potentielle avec l’état actuel du pâturage ou de la prairie de fauche. Ceci aidera à déterminer si des améliorations ou des changements de régie sont nécessaires.
Une évaluation du peuplement débute par l’évaluation de la population actuelle des espèces végétales. Quelles sont les espèces végétales désirables présentes et quelle est la quantité de chaque espèce comparativement aux espèces indésirables ? Est-ce qu’il y a des espèces envahissantes ? Est-ce qu’il a des plantes toxiques ? Est-ce qu’il y a de grandes zones de sol nu et de l’évidence d’érosion ? Une évaluation de la santé du pâturage ou du parcours naturel est une première étape importante pour identifier les meilleures options de rajeunissement.
Réalisez une évaluation réaliste du système actuel de régie des fourrages qui est appliqué à la zone en question. Toutes les décisions de régie antérieures jouent un rôle pour déterminer l’état actuel du peuplement fourrager.
Les paramètres du sol, incluant le type, la texture, le pH et des limitations comme la salinité (sol contenant des sels solubles en quantités qui interfèrent avec la croissance des végétaux) ou des sols solonetziques (teneur élevée en sodium avec une carapace dans le sous-sol qui est très dure lorsque le sol est sec ou qui a une faible perméabilité lorsque le sol est mouillé) influencent la production fourragère. Dans l’Est canadien, les sols acides entraînent souvent une baisse de la production, puisque le faible pH du sol a un impact sur la solubilité des nutriments et il limite l’absorption par les végétaux. Toutes ces variables doivent être prises en considération lors de l’évaluation d’une option de rajeunissement. En collectant et en envoyant un échantillon de sol à un laboratoire, vous identifierez s’il y a une carence de nutriments clés ou si la fertilité et/ou le pH du sol est un facteur limitant pour l’optimisation de la productivité.
Bien que cela soit en grande partie hors du contrôle du gestionnaire des terres, l’humidité du sol est la variable la plus importante lors du rajeunissement d’un peuplement fourrager. Le niveau d’humidité d’un pâturage ou d’une prairie de fauche de la saison de croissance précédente et les précipitations prévues doivent être pris en considération lors de la coordination et du choix de la méthode de rajeunissement. Avec une humidité du sol adéquate, particulièrement dans les endroits irrigués ou recevant des précipitations élevées, les options de rajeunissement deviennent moins risquées et plus économiques. L’ensemencement de fourrages au printemps peut accroître les probabilités d’un établissement réussi, car l’humidité est généralement disponible en raison de la fonte de la neige et des pluies printanières. Les températures printanières plus fraîches peuvent aider avec l’établissement d’espèces résistantes au froid avant que les températures élevées causent du stress ou de la dormance pour les plants.
Évaluation de votre système de régie |
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À quel moment le pâturage survient-il? |
Quel taux de chargement est appliqué? |
Quels sont la fréquence et le niveau d’utilisation? |
Des périodes de repos sont-elles fournies et sont-elles suffisamment longues? |
Quelle souplesse ai-je dans mon système en cas de circonstances imprévues? |
À quel moment et à quelle fréquence les coupes de foin surviennent-elles? |
L’humidité du sol est la variable la plus importante lors du rajeunissement d’un peuplement fourrager.
Quels sont les buts et les objectifs du rajeunissement?
L’identification de la meilleure option de rajeunissement doit être basée sur les objectifs généraux à long terme. Les coûts initiaux pour de nombreuses méthodes de rajeunissement peuvent être considérables. Par conséquent, une évaluation et une planification minutieuses sont nécessaires. Voici des questions à considérer:
- Dans combien de temps les résultats sont-ils attendus et pendant combien de temps l’effet durera-t-il?
- Dans combien de temps prévoyez-vous faire paître le peuplement ? Pendant combien de temps l’enclos ou le champ peut-il être maintenu hors de production?
- Quelle est la mesure d’un rajeunissement réussi (p. ex. rendement accru, plus grand pourcentage des espèces désirées, retrait des espèces envahissantes, qualité des fourrages améliorée)?
- Comment le rajeunissement d’une zone de terre s’alignera-t-il avec le plan de régie annuel des fourrages? Est-ce que les écarts de productivité pendant des périodes spécifiques de l’année seront réglés par le rajeunissement?
- Est-ce que l’objectif est d’accroître le rendement des fourrages ou de changer le type d’espèce ? Quelles espèces fourragères sont désirées?
- Quelles sont les limitations du site (p. ex., ensoleillement vs sols lourds, précipitations)?
- Avez-vous accès à l’équipement nécessaire?
- Quels sont les coûts connexes et le rendement potentiel sur les investissements?
- Quel est le niveau de risque?
Si un peuplement fourrager nécessite un rajeunissement, il est essentiel d’identifier la raison derrière la baisse de productivité. Est-ce qu’une mauvaise régie du pâturage est un facteur ? Est-ce qu’il y a un manque de fertilité ? La régie n’a-t-elle pas été ajustée pour tenir compte des conditions de sécheresse ? Si la cause n’est pas éliminée et/ou si les pratiques de régie ne sont pas ajustées, tous les effets positifs du rajeunissement seront de courte durée.
Si la cause n’est pas éliminée et/ou si les pratiques de régie ne sont pas ajustées, tous les effets positifs du rajeunissement seront de courte durée.
Méthodes de rajeunissement des fourrages
Après une évaluation du peuplement fourrager actuel et une identification claire des buts et des objectifs, les options pour le rajeunissement des fourrages peuvent être évaluées avec précision. Pour sélectionner la meilleure méthode ou une combinaison de méthodes, une série de questions peut aider à identifier les options à considérer.
Les méthodes de rajeunissement peuvent également être catégorisées en fonction des mesures prises, incluant la régie, la manipulation, l’amélioration ou le remplacement.
Pâturage
La régie du pâturage affecte directement la santé du peuplement et elle devrait être la première technique de rajeunissement considérée. Le besoin pour un rajeunissement est généralement un signe qu’il y a des problèmes avec le système de régie actuel. Le nombre d’animaux (unité animales), la fréquence de pâturage et la durée de la période de rétablissement (période de repos) influencent directement le déclin du peuplement fourrager et entraînent un pâturage excessif. Tant que les problèmes de régie du pâturage ne sont pas réglés, aucun autre aspect du rajeunissement ne permettra de maintenir des peuplements sains.
Tant que les problèmes de régie du pâturage ne sont pas réglés, aucun autre aspect du rajeunissement ne permettra de maintenir des peuplements sains. |
Bien souvent, le repos peut être un outil simple et efficace pour rajeunir les peuplements. Offrir des pauses aux cultures fourragères vivaces par une meilleure régie du pâturage accroîtra leur vigueur et leur permettra d’être plus compétitives avec des espèces indésirables.
Afin de gérer la planification, la fréquence et l’intensité du pâturage, ainsi que les périodes de repos, des enclos multiples doivent être utilisés. La mise en place stratégique de clôtures et l’accès à des sources d’eau permettront de contrôler la pression du pâturage et la répartition du bétail. Avec du repos et du rétablissement, il peut être possible de renverser le déclin de la santé d’un peuplement fourrager et d’observer des améliorations. Des rapports de l’Ontario estiment qu’une hausse de 25-35 % de la productivité des pâturages peut facilement être réalisée en sous-divisant les pâturages et en permettant des périodes de repos appropriées1.
Le retour aux fondements de la régie des peuplements fourragers et la mise en œuvre d’un système de régie du pâturage doivent être considérés à des intervalles réguliers. Les pratiques de régie doivent être évaluées régulièrement et des ajustements doivent être apportés lorsqu’il y a des changements à la santé et à la vigueur des fourrages.
Dans certaines régions et sous certaines conditions, des changements à la végétation d’un pâturage pourraient ne pas nécessairement être un indicateur d’une régie inadéquate du pâturage, mais plutôt une succession naturelle des espèces végétales indigènes. Ceci est certainement le cas lorsque des espèces ligneuses font partie d’un site naturel potentiel2. Le pâturage régi de manière intensive est une technique qui a été utilisée avec succès pour contrôler la régénération de trembles dans la région de Parkland en Alberta et dans la région de Peace River en Colombie-Britannique. Dans des peuplements de trembles sains avec une densité élevée de drageons, la production fourragère peut être accrue de jusqu’à deux tiers avec un pâturage régi de manière intensive3.
Le pâturage en hiver (ainsi qu’une alimentation planifiée et régie dans les champs en hiver) peut être une option pratique de rajeunissement des fourrages. Les sites de pâturage, qu’ils utilisent le pâturage sur balle ou le pâturage de réserve, peuvent être situés stratégiquement afin de répartir les nutriments produits par le fumier et l’urine. Sur deux sites dans le nord de l’Alberta, où la productivité était en déclin sur des pâturages de 15 ans composés de brome et de luzerne, le pâturage sur balles produisait continuellement un rendement de matière sèche plus élevé comparativement à d’autres méthodes de rajeunissement (incluant le retournement de la terre et le réensemencement, la régie du pâturage, la fertilisation, l’application de fumier et le sursemis)4. Cette hausse de production pourrait être due en partie à une amélioration des conditions physiques du sol (taux d’infiltration, humidité du sol et compactage) et à une hausse des nutriments dans le sol. Les balles composées d’herbes fourragères matures avec des tiges porte-graines présentes peuvent également aider à réensemencer des pâturages, ce qui peut être avantageux ou néfaste selon la composition des espèces. Le pâturage sur balle a été pratiqué avec succès à la Ferme expérimentale de Nappan d’AAC en Nouvelle-Écosse depuis les dix dernières années, avec des rapports anecdotiques sur la qualité améliorée des pâturages.
La fertilisation des fourrages peut également être réalisée en permettant l’alimentation de peuplements fourragers pendant l’hiver. Plutôt que de nourrir les bovins dans des corrals, les aliments sont offerts aux animaux dans les pâturages ou les prairies de fauche. L’alimentation dans les champs permet des économies de coûts de machinerie et de manutention de fumier, tandis que la production fourragère peut être accrue en raison de l’ajout de nutriments5.
Fertilisation et modification du pH
Si une évaluation du peuplement fourrager actuel démontre qu’il y a une quantité suffisante de l’espèce végétale désirée encore présente, la fertilisation peut être un outil efficace pour revigorer et accroître le rendement des fourrages. En appliquant des nutriments qui sont limitants, comme déterminé par une analyse du sol, la production fourragère peut être améliorée.
Le pH du sol doit être pris en considération avec les plans de fertilisation. En cas de pH du sol faible, les nutriments pourraient être présents dans le sol, mais ils ne peuvent pas être absorbés par les espèces végétales. Lorsque les sols sont très acides (pH inférieur à 5,8), les bactéries du sol et les bactéries fixatrices d’azote dans les peuplements de légumineuses sont négativement affectées et l’activité biologique du sol est réduite6. De plus, l’augmentation du pH peut réduire la solubilité de l’aluminium et du manganèse, qui pourraient être potentiellement toxiques aux plantes en quantités excessives. Une absorption optimale des nutriments par la majorité des cultures survient lorsque le pH du sol se situe entre 6,0 et 7,0. Des pH du sol faibles sont courants dans l’Est canadien en raison des couches rocheuses sous-jacentes et des types de sols. Ils ont souvent besoin de modifications après quelques années pour contrebalancer la progression naturelle vers des niveaux de pH plus faibles. L’ajustement du pH du sol augmentera la solubilité des nutriments et leur permettra d’être plus disponibles pour les végétaux. L’ajout de fertilisants à des sols ayant un pH faible, sans modifier le pH, ne réglera pas le problème d’insolubilité des nutriments.
Dans les régions canadiennes où les sols acides sont un facteur limitant pour la production fourragère, une pratique courante est d’appliquer un matériel qui contient une forme quelconque de chaux ou une équivalence efficace de carbonate de calcium (comme la cendre de bois). Le type de chaux devrait être sélectionné en fonction de votre analyse de sol ; de la chaux dolomitique doit être sélectionnée si du magnésium est requis, plutôt que de la chaux calcique. Contactez votre personnel de vulgarisation local ou des conseillers agronomiques si vous avez des questions concernant la source de chaux la plus appropriée à votre situation. Lorsqu’une application de chaux est requise, la chaux est plus efficace si elle est incorporée avant l’ensemencement ou au moins six mois à l’avance lors du sursemis. La chaux ne doit pas être appliquée en même temps que du fertilisant afin d’éviter les interactions avec le fertilisant avant l’incorporation dans le sol. Un délai d’un à trois ans pourrait être nécessaire pour que la chaux soit pleinement efficace, particulièrement si elle n’est pas incorporée. Des démonstrations dans des fermes dans les régions de l’Atlantique du Canada ont démontré que l’application de chaux sur des pâturages peut accroître la productivité de 30 % l’année suivant l’application7. Avec ce type de restauration du sol, le pH est amélioré et une moins grande quantité de fertilisant sera requise en raison d’une meilleure disponibilité des nutriments du sol. Comme pour tous les facteurs relatifs au sol, une analyse du sol est essentielle pour déterminer si le pH doit être ajusté ainsi que les meilleures pratiques de régie les plus rentables à employer.
Des ajustements au pH doivent être considérés avant de procéder à des applications de fertilisant. Avec un pH du sol de 5, seulement 50 % du fertilisant appliqué est disponible pour les cultures comparativement à 80 % lorsque le pH du sol est de 6.
Une analyse du sol est également essentielle pour déterminer les nutriments disponibles à l’heure actuelle et les nutriments qui pourraient être en carence. Sans cette information essentielle, il est fort possible que votre investissement soit mal utilisé. Connaître les nutriments à appliquer ainsi que les quantités appropriées est une première étape importante d’un programme de fertilité.
Une analyse du sol est essentielle pour déterminer les nutriments disponibles à l’heure actuelle et les nutriments qui pourraient être en carence.
L’utilisation de fertilisant (inorganique) ou de fumier (organique) pour améliorer la production et la longévité doit être basée sur les taux d’application recommandés considérant l’efficacité de l’utilisation de fertilisant, la disponibilité des nutriments dans le sol et l’humidité du sol. Sous des conditions idéales, l’application de fertilisant peut être l’une des méthodes les plus économiques pour améliorer le rendement et la qualité des fourrages.
Les nutriments appliqués dépendront également du type de sol et du type de végétation. En règle générale, les herbes fourragères ont tendance à manquer d’azote et de phosphore, tandis que les légumineuses pourraient bénéficier de l’ajout de phosphore et de soufre. Du fertilisant peut être utilisé pour ajuster le ratio d’herbes fourragères et de légumineuses dans un peuplement mixte avec une application d’azote qui augmente la proportion d’herbes fourragères et de phosphore qui accroît la quantité de légumineuses. Cependant, l’ajout de grandes quantités d’azote dans les champs ayant une teneur élevée de légumineuses peut réduire considérablement la quantité de légumineuses ou cesser leur processus de fixation de l’azote – une situation qui s’avère très peu rentable.
Il est généralement préférable d’appliquer un fertilisant en bande sous la surface du sol plutôt que de l’épandre afin de réduire les pertes d’azote dans l’atmosphère et d’accroître l’efficacité du phosphore en raison de sa lente mobilité dans le sol5. L’application en bande est préférable lorsque les plants sont dormants et lorsque le sol est humide pour minimiser les blessures aux plants en raison d’une perturbation aux racines.
L’application de fertilisant granulaire dépend énormément de l’humidité pour décomposer le produit et le rendre disponible. Alors que certaines recherches suggèrent que l’application de fertilisant pourrait ne pas entraîner des augmentations de la productivité économique lors d’années de grande sécheresse, la majorité des fertilisants, lorsqu’ils sont appliqués en bande, demeureront dans le sol et seront disponibles pour les années futures8.
L’application de fertilisant granulaire dépend énormément de l’humidité pour décomposer le produit et le rendre disponible.
Sous irrigation, l’utilisation de fertilisant devient beaucoup moins risquée alors que le moment et la quantité d’eau appliquée peuvent être régis. Le potentiel pour l’optimisation des rendements fourragers est très élevé puisque les nutriments et l’humidité peuvent être contrôlés de près comparativement aux conditions de terres arides, où les résultats dépendent des précipitations de pluie.
Des recherches réalisées au Western Beef Development Centre à Lanigan, en Saskatchewan, ont déterminé qu’en général, la réponse d’une prairie cultivée à des taux d’application d’azote actuel (N) inférieurs à 50 lb/acre a tendance à ne pas couvrir le coût des intrants. Par conséquent, en fonction des résultats de l’analyse du sol, des taux supérieurs à 50 lb/acre sont probablement requis. De plus, une évaluation de quatre taux d’application d’azote sur des prairies artificielles a déterminé que le meilleur rendement avec de l’azote a été observé à un taux de 100 lb/acre de N actuel. À des taux supérieurs à 100 lb/acre de N actuel, il n’y avait pas de bienfait additionnel pour le rendement.
Une étude réalisée dans l’ouest du Québec évaluait le rendement des peuplements fourragers dominés par des fléoles des prés et des dactyles pelotonnés avec quatre taux de fertilisant de N9. En moyenne, 112 lb/acre (125 kg/ha) de N actuel étaient nécessaires pour atteindre une production économique optimale dans des conditions avec un sol relativement frais qui retenait possiblement la minéralisation de N du sol au début du printemps. Ce manquement de N dans le sol devait être compensé par l’ajout d’un fertilisant pour atteindre la production économique optimale de ces herbes fourragères.
Les deux exemples ci-dessus, tirés de régions différentes du pays, présentent des directives très généralisées et mettent l’accent sur l’importance de l’évaluation de chaque site, incluant les conditions du sol et les types de fourrages. Dans tous les cas, une analyse du sol est nécessaire pour déterminer le taux d’application optimal pour votre type de sol spécifique et votre espèce fourragère. De plus, les applications fractionnées de fertilisants sont pratiques pour coordonner la livraison des nutriments lorsque les plants en ont besoin et elles réduisent la quantité de volatilisation, entraînant une meilleure efficacité.
Le tableau suivant indique le rendement obtenu de plusieurs types de fourrages avec divers taux d’application de fertilisant dans de nombreuses zones de sol et d’emplacements en Saskatchewan. Notez l’effet synergique lors de l’application de plus d’un nutriment (azote et phosphore) avec un rendement accru de deux à trois fois comparativement à l’application d’azote seulement.
Comme pour tous les traitements de rajeunissement, les coûts et les avantages de la fertilisation doivent être évalués minutieusement. L’objectif de la fertilisation est de réduire le coût par unité de la production fourragère. Or, des rendements plus élevés ne se traduisent pas nécessairement en économies de coûts ou en augmentation de profits en raison des coûts associés aux fertilisants et à leur application. Les coûts optimaux de fertilisants sont affectés par le prix du foin, le prix des fertilisants et le coût de base de la terre. Alors que les prix du foin augmentent, la volonté de payer pour des fertilisants devrait augmenter. Alors que les coûts des terres augmentent, la volonté de payer pour des fertilisants devrait augmenter. Les augmentations de prix des fertilisants inorganiques peuvent accroître l’intérêt pour maximiser l’utilisation de fumier. Les augmentations de prix des fertilisants inorganiques peuvent accroître l’intérêt pour une maximisation de l’utilisation du fumier. (L’analyse de fumier pour déterminer la teneur en nutriments est un moyen pour perfectionner la régie des nutriments). Par conséquent, il est important pour les producteurs de connaître leurs coûts de production (CP) et d’ajuster leur stratégie en fonction du prix actuel.
Perturbation mécanique
La perturbation mécanique peut être réalisée au moyen de bras de cultivateur ou de bras d’ammoniac anhydre, de couteaux ou de herses rotatives. Quel que soit le type d’équipement utilisé, l’objectif est de perturber 30 à 50 pour cent des peuplements de cultures fourragères vivaces à une profondeur de deux à quatre pouces au moyen d’un ou deux passages au début du printemps, avant la croissance des plants. Ceci créera une surface inégale, donc il est probable que vous deviez utiliser une traînée ou un rouleau après la perturbation.
Cette forme de rajeunissement accroîtra la décomposition des racines en relâchant les nutriments dans le sol et en les rendant disponibles pour les végétaux. Avec des précipitations suffisantes, le relâchement d’azote entraînera une augmentation de la croissance des fourrages semblable à l’application de fertilisant.
Bien qu’il y ait un éclaircissement du peuplement et une baisse de la production fourragère initialement, cette méthode de rajeunissement peut entraîner une augmentation du rendement de fourrage à long terme. Par contre, la perturbation des graines de mauvaises herbes peut causer des problèmes de mauvaises herbes. Il est important de noter que l’utilisation de la perturbation mécanique pour améliorer la production de fourrages dépend énormément de conditions d’humidité adéquates.
Des travaux réalisés au Western Beef Development Centre à Lanigan, SK, ont démontré une augmentation du rendement de 145 % des pâturages d’agropyre à crête lorsqu’un peuplement était piqué (perturbation minimale) au milieu du mois d’avril avec un couteau de ¾ pouce comparativement à aucune perturbation10. Lors de l’ajout d’un fertilisant à base d’azote avec le traitement de piquage, il y avait une augmentation au rendement de 202 % avec 50 lb N/acre et une augmentation de 289 % avec l’ajout de 100 lb N/acre. Dans cette étude, les traitements étaient appliqués en même temps que les pluies printanières, ce qui a contribué à une réaction de croissance positive.
Des études réalisées sur cinq sites dans la région centrale de l’Alberta au moyen d’un aérateur Aer-Way pour effectuer une perturbation mécanique n’ont pas démontré un changement significatif en matière de rendement11.
Application d’herbicide
Des herbicides sélectifs peuvent être utilisés pour contrôler des végétaux indésirables (des plantes ligneuses, le développement de broussailles, des plantes toxiques et envahissantes) qui rivalisent avec des espèces fourragères désirables.
Des produits homologués ne sont pas disponibles pour contrôler toutes les espèces et certains traitements pourraient être dispendieux et difficiles à appliquer. Plusieurs traitements de suivi pourraient être requis pour un contrôle efficace et il y a parfois un risque d’endommager ou d’éliminer certaines espèces désirables. L’application d’herbicides pourrait seulement fournir une solution à court terme, car certaines mauvaises herbes sont des indicateurs de problèmes au niveau du pH du sol, de la fertilité ou de la régie du pâturage.
Des herbicides peuvent être appliqués au moyen d’un pulvérisateur au sol lorsque les conditions du sol le permettent. Les applicateurs à mèche sont efficaces pour contrôler les mauvaises herbes qui sont plus hautes que le peuplement fourrager et ils peuvent minimiser la quantité d’herbicides appliqués, ce qui peut permettre des économies de coûts.
De nombreux herbicides sont homologués pour le contrôle des mauvaises herbes dans les cultures fourragères. Choisir le bon herbicide pour la tâche et les circonstances est important, car certains produits pourraient nécessiter l’arrêt de la production d’aliments pour un certain temps. Contactez un agronome régional pour plus d’information et des recommandations spécifiques concernant l’utilisation et l’application.
Fauchage
Le fauchage peut être utilisé pour enlever de la végétation indésirable comme les mauvaises herbes ou la broussaille. L’enlèvement de ces plants peut fournir un avantage concurrentiel pour les espèces fourragères les plus désirables, en leur permettant de faire usage des nutriments, de la lumière du soleil et de l’humidité et de possiblement faire concurrence aux plants moins désirables.
Cette méthode de rajeunissement peut mettre l’équipement à rude épreuve lorsqu’elle est utilisée sur un terrain accidenté et peut être coûteuse en temps et en argent. Initialement, il y a une réduction des fourrages disponibles, mais des améliorations au rendement à long terme peuvent être réalisées. Pour les arbres et les arbustes, le fauchage est nécessaire, car des drageons et des tiges ligneuses se développeront. Le fauchage deux années de suite est beaucoup plus efficace pour contrôler les plantes ligneuses qu’un seul fauchage, suivi d’un fauchage plusieurs années après. Après le fauchage, les bovins chercheront les nouveaux drageons de la plupart des espèces ligneuses si la densité de peuplement est suffisamment élevée pour réduire le pâturage sélectif.
Semis de gazon
Le semis de gazon se veut un ensemencement direct de fourrages dans un peuplement de culture fourragère vivace existant afin d’améliorer la composition des espèces, sans retourner la terre. Dans ces situations, les densités des espèces végétales désirées sont devenues trop faibles et les espèces indésirables ou envahissantes sont devenues trop nombreuses dans le peuplement. L’utilisation d’un herbicide non sélectif, comme le glyphosate, vise à supprimer la végétation existante et en croissance pour permettre l’établissement réussi de nouveaux plants. Si la végétation existante n’est pas supprimée, la compétition des plants établis pour les nutriments et l’humidité du sol réduira énormément l’établissement de nouveaux fourrages.
N’oubliez pas, tous les peuplements résiduels de parcours naturels indigènes doivent être conservés et NON améliorés ou remplacés avec des espèces de plantes non indigènes. Ces endroits doivent toujours être régis selon des principes écologiques sains.
Le succès du semis de gazon dépend énormément d’une humidité adéquate du sol et du contact des semences avec le sol pour permettre l’établissement de nouveaux plants. Les avantages de l’ensemencement direct dans un pâturage comprennent le fait de ne pas exposer la terre à l’érosion, comme cela peut survenir avec le retournement de la terre et le réensemencement, la conservation de l’humidité disponible dans le sol, la réduction des coûts et la capacité de maintenir les champs en production. De plus, la fertilité du sol est importante pour toutes les méthodes d’établissement de fourrages. Assurez-vous d’analyser le sol des champs avant le rajeunissement et appliquez un fertilisant au besoin. Les sites qui manquent de potassium ou de phosphore ou qui ont un pH inférieur à 6 ne sont pas de bons candidats pour le sursemis si une modification du pH n’est pas réalisée à l’avance. Le type de sol peut également avoir un impact sur les probabilités de réussite. Les sols bien drainés, silteux ou limoneux auront potentiellement de meilleurs résultats que les sols argileux.
L’utilisation d’équipement d’ensemencement sans labour est courante lors de l’ensemencement de cultures fourragères annuelles, mais l’équipement peut également être utilisé pour le semis de gazon de fourrages. L’équipement adéquat permettra une bonne pénétration dans le sol, un bon contact entre les semences et le sol et une couverture sur la plupart des sols, tous des variables importantes dans l’établissement des semis.
Un projet réalisé par le Western Beef Development Centre (WBDC) comparait divers rayonneurs de semis direct avec le semis de gazon de luzerne dans des peuplements d’herbes fourragères. Tous les rayonneurs testés fonctionnaient bien dans cette situation avec des établissements de semis semblables lors de la comparaison des traitements.
Comme l’objectif du rajeunissement est l’amélioration de la qualité et du rendement d’un fourrage, l’utilisation d’une légumineuse est généralement recommandée. La luzerne a tendance à s’établir facilement ; les jeunes plants sont vigoureux, ils poussent rapidement et la culture s’adapte bien à divers types de sol et de conditions d’humidité12. Des preuves anecdotiques de l’est du Canada ont démontré que le trèfle des prés s’établit plus facilement dans les peuplements d’herbes fourragères hautes et qu’il tolère bien l’ombre. D’autres légumineuses, incluant le lotier corniculé, le sainfoin et le chiche sauvage prennent plus de temps pour s’établir comparativement à la luzerne, mais ils fournissent une source de fourrage tolérante au pâturage qui ne cause pas de ballonnements. Les herbes cultivées sont plus difficiles à établir lors de l’ensemencement dans un peuplement où des herbes fourragères sont déjà présentes, mais un mélange de légumineuses et d’herbes fourragères pourrait bien fonctionner pour les sites où les peuplements existants d’herbes fourragères sont clairsemés.
Une étude portant sur le semis de gazon de luzerne et la suppression de gazon de sites au Manitoba a démontré une différence marquée dans la production de fourrages entre les zones pulvérisées et non pulvérisées, alors que la suppression d’espèces fourragères existantes permettait aux nouveaux plants de luzerne de tirer pleinement avantage de l’humidité disponible13. Dans un second site au Manitoba, la suppression du gazon avait plus que doublé la production fourragère avec de la luzerne nouvellement établie comparativement à des sites non pulvérisés.
Dans un environnement semi-aride (Swift Current, SK), le semis de gazon de luzerne dans des peuplements d’herbes fourragères qui avaient des bandes pulvérisées avec un herbicide produisait les résultats les plus favorables lors de la production de fourrages sur une période de trois ans suivant le traitement. Le gain moyen quotidien pour les animaux qui broutent le peuplement rajeuni a démontré de meilleurs résultats lorsque le semis de gazon était utilisé comparativement à du fertilisant, du piquage ou des traitements impliquant un travail du sol. Dans un environnement relativement sec avec des sols plus légers, cette méthode permettait une maintenance de la couverture du sol, tout en réduisant la compétition des plants établis. Comparativement à la récolte et au retournement d’un peuplement fourrager, le gazon supprimé aidait à retenir l’humidité pour les nouveaux jeunes plants établis. De plus, comme des bandes étaient pulvérisées plutôt que le peuplement entier, c’est n’était pas l’ensemble du fourrage qui était retiré de la production comme c’est le cas avec le retournement et le réensemencement.
Dans le même environnement de prairie semi-aride, l’effet de la largeur des bandes pulvérisées a également été évalué. Les résultats ont démontré qu’une largeur de 50 centimètres avec les semences placées directement au centre de la bande produisait le meilleur établissement des plants et une plus importante production de matière sèche trois ans après le traitement. La production d’agropyre à crête existant et adjacent et de luzerne nouvellement ensemencée était bonne, alors que la présence de mauvaises herbes était minimisée.
Le surpâturage intentionnel pour supprimer les plants et réduire la compétition a été utilisé, mais cette technique donne de moins bons résultats que l’utilisation d’herbicide. Si vous utilisez une pression de pâturage extrême au cours de la saison avant le semis de gazon, vous devez faire preuve d’une régie prudente pour éviter d’éliminer les espèces désirables. Des recherches réalisées à Lacombe, en Alberta, ont déterminé qu’un pâturage intensif l’année avant le semis de gazon de luzerne ou d’astragale pois chiche dans un pâturage dominé par du pâturin n’était pas suffisant pour réduire la compétition14. Cependant, sur les sites où du brome dominait, cette technique avait plus de succès. Une étude au Québec qui utilisait des moutons pour paître un pâturage lisse de brome/d’alpiste roseau avant le semis de gazon de trèfle rouge ou blanc et dans les deux mois suivants l’ensemencement produisait des densités de trèfle semblables lorsque comparées à une application de 2,9 L/acre de glyphosate deux semaines avant l’ensemencement. Toutefois, une compétition à plus long terme du peuplement existant était mieux contrôlée par le glyphosate que par le pâturage et par conséquent, les rendements et la qualité du trèfle avaient tendance à être plus élevés lorsque le glyphosate était utilisé pour la suppression comparativement au pâturage15.
Sursemis de légumineuses
L’objectif de l’introduction d’une légumineuse dans un peuplement fourrager à faible densité peut être réalisé en répandant les semences, suivi du passage d’une herse, d’un rouleau et/ou du pâturage pour encourager le contact entre les semences et le sol et l’incorporation de la semence dans le gazon pour accroître le succès de la germination. Les semences de gazon n’ont pas habituellement un aussi bon rendement que les semences de légumineuses en raison de leur moins grande densité et la forme de la semence qui peut réduire le contact entre la semence et le sol.
Le succès du sursemis dépend énormément de la compétition réduite des plants déjà établis. Pour cette raison, l’utilisation de fertilisant pendant le sursemis n’est pas recommandée, car les nutriments ajoutés seront également utilisés par les plants se trouvant déjà dans le peuplement, augmentant ainsi la compétition pour les nouveaux plants. Si un fertilisant est appliqué, il est recommandé de ne pas appliquer de l’azote, car cela favorisera la croissance d’herbes fourragères et la compétition.
Le sursemis est une technique de rajeunissement relativement peu dispendieuse. Cependant, le succès de l’établissement dépend énormément des conditions favorables. Les peuplements à faible densité ou les champs surpâturés auront un bien meilleur établissement comparativement aux peuplements ayant des fourrages établis qui sont déjà très denses. Un pâturage prudent pendant l’année de l’établissement peut également aider à accroître l’établissement de légumineuses en réduisant la compétition du gazon. Comme toujours, une période de repos est essentielle pour assurer un rétablissement approprié. Une humidité adéquate est également essentielle pour l’établissement de légumineuses lors du sursemis. Le sursemis peut être réalisé à plusieurs moments pendant l’année, mais le début du printemps est souvent un bon choix en raison du niveau d’humidité raisonnablement fiable attendu et de la biomasse relativement faible dans les champs, ce qui peut encourager un meilleur contact des semences avec le sol.
L’ensemencement en sol gelé est une technique qui a été utilisée avec succès principalement dans l’Est canadien pour introduire des légumineuses dans un peuplement fourrager existant dans des endroits où le terrain ou les roches limitent d’utilisation de gros équipements d’ensemencement16. Les semences de fourrages sont répandues par-dessus la neige ou au début du printemps lorsque le sol est encore gelé. L’effet de la fonte de la neige aide à transporter la semence sous la surface du sol et l’alternance de gel et de dégel soulève la surface du sol, permettant à la semence d’être incorporée dans la terre. Les légumineuses ont plus de succès avec cette méthode, car elles ont tendance à être plus denses que les semences de gazon et elles germent à des températures plus basses, ce qui permet une croissance tôt au printemps17. L’établissement d’herbes avec l’ensemencement en sol gelé a beaucoup moins de succès, car elles sont moins denses et ont tendance à rester sur le dessus du sol, retardant ainsi la croissance jusqu’à l’arrivée de températures plus chaudes, ce qui coïncide avec les températures plus sèches. Le coût de l’équipement est faible, mais la mortalité des jeunes plants est élevée entraînant un risque plus élevé pour un établissement réussi. Comme pour les autres techniques de rajeunissement, un niveau d’humidité adéquat est très important pour que l’ensemencement en sol gelé produise un établissement de fourrages.
Certains producteurs ont utilisé du bétail avec succès comme un moyen à faibles coûts pour introduire de nouveaux plants de légumineuses dans le peuplement de pâturage. Si le bétail est nourri de semences de légumineuses, en les ajoutant à un mélange de grains ou de minéraux, certaines semences « dures » resteront viables lorsqu’elles passent au travers du système digestif. Les semences passeront au travers de l’animal, mais elles ne germeront pas dans du fumier fraîchement excrété. Alors que le fumier se décompose et qu’il est réparti dans le sol, certaines graines intactes peuvent germer. Les semences doivent être brutes et non endommagées, non traitées et sans blessures mécaniques ou cicatrices causées par la récolte. Le succès de cette méthode est variable et produit un peuplement très peu uniforme, car seulement de jeunes plants aléatoires s’établissent. Une étude en Ontario a déterminé que seulement 10 % des graines germeront lorsqu’elles sont semées de cette manière. Cependant, dépendamment de l’emplacement et de l’état du pâturage, cela pourrait être l’option la plus viable pour le réensemencement18.
Que ce soit un sursemis de gazon ou un sursemis de légumineuses dans un peuplement fourrager existant, les avantages suivants peuvent être réalisés si l’établissement est réussi :
- L’élimination ou la réduction du besoin pour une fertilisation à l’azote, car les légumineuses se lieront à l’azote et fourniront les besoins pour les plants d’herbes au sein du peuplement
- Une meilleure qualité fourragère avec une teneur plus élevée en protéines, ce qui entraîne un meilleur rendement de l’animal lors du pâturage
- Une meilleure répartition saisonnière de la croissance des fourrages tout au long de la saison de croissance, car les légumineuses sont plus productives pendant le milieu de l’été comparativement aux herbes fourragères en saison fraîche.
Retournement et réensemencement
L’approche la plus traditionnelle, mais drastique pour le rajeunissement est de supprimer le peuplement existant au moyen d’un herbicide non sélectif comme le glyphosate, suivi du travail du sol et du réensemencement. Cette méthode nécessite un engagement à plus long terme et elle est généralement utilisée lorsque des plants indésirables, comme des espèces envahissantes ou ligneuses ont empiété un pâturage et que la densité des plants désirables est relativement faible. Souvent, une culture céréalière annuelle, comme de l’avoine ou de l’orge, est cultivée pendant la première année, suivi de l’établissement d’espèces fourragères lors de la deuxième année.
Un important inconvénient au retournement et au réensemencement d’un peuplement établi est la perte de production au cours de la première année. Si les conditions d’humidité ne sont pas favorables, plus d’une année peut être nécessaire pour rétablir un peuplement fourrager. D’autres défis comprennent le potentiel pour de l’érosion et la perte d’humidité dans le sol lors du travail du sol et de l’établissement d’un nouveau peuplement. Les coûts pour le rétablissement d’un peuplement sont importants, car les opérations dans les champs comprennent le travail du sol, la préparation du lit de semences et l’ensemencement. L’accès au bon type d’équipement doit également être considéré.
Les avantages de cette méthode de rajeunissement comprennent le relâchement potentiel de nutriments dans le sol pour une utilisation par la culture suivante. Ceci est également une occasion pour répandre et incorporer des modifications au chaulage du sol pour améliorer le pH des champs. Si l’objectif est un changement complet au peuplement fourrager, incluant le retrait d’espèces indésirables ou le changement d’un type de fourrage pour un autre (herbe fourragère à légumineuse ou mélange d’herbe fourragère/de légumineuse), le retournement et le réensemencement pourraient être l’option la plus viable.
Comme avec toutes les méthodes d’ensemencement de fourrages, une préparation adéquate du lit de semence est importante. Un lit de semence ferme avant l’ensemencement permet un meilleur contrôle de la profondeur de l’ensemencement et un meilleur contact des semences avec le sol. En règle générale, une fermeté adéquate est lorsqu’une empreinte de botte dans le sol n’a pas plus de ¼ pouce (6 mm) de profondeur. Du sol meuble peut donner lieu à des profondeurs d’ensemencement excessives.
Évaluer les coûts et les avantages des options de rajeunissement
Les coûts estimés pour le rajeunissement d’un peuplement fourrager sont relativement simples à calculer en utilisant les taux moyens publiés et les taux pour la location d’équipement, plus le prix des entrants (p. ex., herbicides, fertilisants, semences). Les avantages sont plus difficiles à prédire, comme les rendements peuvent être assez variables. Cependant, des estimations peuvent être utilisées pour déterminer des augmentations potentielles à la productivité.
Remerciements
Les mises à jour de cette page ont été réalisées en collaboration et avec l’expertise du personnel de Perennia Food and Agriculture.
- Références
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1 Kyle, Jack. 2014. Pasture Opportunities. Ontario Ministry of Agriculture, Food and Rural Affairs.
2 Dobb A. and S. Burton. 2013. Rangeland Seeding Manual for British Columbia. B.C. Ministry of Agriculture, Sustainable Agriculture Management Branch, Abbotsford, B.C.
3Bork, E.W., D. Gabruck, and B. Klein. 2008. Trembling aspen: Comparative strategies to manage aspen in Canada’s Parkland. Greencover Canada Program.
4 Omokanye, A., C. Yoder, L. Sreekumar, L. Vihvelin, and M. Benoit. 2018. Forage production and economic performance of pasture rejuvenation methods in northern Alberta, Canada. Sustainable Agriculture Research 7: 94-110.
5 Jungnitsch, P., J.J. Schoenau, H.A. Lardner, and T. Highmoor. 2005. The effect of winter feeding systems on nutrients, forages, cattle and economics. Soils and Crops Workshop.
6 Fears, R. 2015. The value of liming low-pH soils. Progressive Forage.
7 Nova Scotia Agricultural College. No date. Liming Pastures.
8 Saskatchewan Soil Conservation Association. Rejuvenating Forages.
9 Ziadi, N., R.R. Simard, G. Allard, and G. Parent. 2000. Yield response of forage grasses to N fertilizer as related to spring soil nitrate sorbed on anionic exchange membranes. Can. J. Soil Sci. 80:203-212.
10 Lardner, H.A., 1998. Rejuvenation of Crested Wheatgrass. Western Beef Development Centre factsheet.
11 Mahli, S.S., K. Heier, K. Nielsen, W.E. Davies, and K.S. Gill. 2000. Efficacy of pasture rejuvenation through mechanical aeration or N fertilization. Canadian Journal of Plant Science 80:813-815.
12 Manitoba Agriculture, Food and Rural Initiatives. 2006. Sod-Seeding into Existing Forage Stands.
13 Manitoba Agriculture. Improving Survival of Sod-Seeded Alfalfa.
14 McCartney, D., M.P. Schellenberg, F. Stewart, and C. Stevens. 2007. Sod seeding methods for rejuvenating grazing lands in the Aspen Parkland of Western Canada. Final Report, Agriculture and Agri-Food Canada, Lacombe, AB.
15 Seguin, P. P.R. Peterson, C.C. Sheaffer, and D.L. Smith. 2001. Physical sod-suppression as an alternative to herbicide use in pasture renovation with clovers. Canadian Journal of Plant Science 81:255-263.
16 Stewart, F. 2004. Options for Improving Forage Production on Pastures and Hay Lands. Manitoba Forage Council.
17 Kyle, J. 2009. Frost Seeding – A Cheaper Alternative. Ontario Ministry of Agriculture, Food and Rural Affairs.
18 Thomas, Bill. 2021. Improving Pasture and Hayfields by No-Till Interseeding. Perennia Food and Agriculture Inc factsheet.
Ce contenu a été révisé pour la dernière fois en Décembre 2022.