Résistance aux antimicrobiens

Résistance aux antimicrobiens chez les bovins de boucherie

La résistance aux antimicrobiens se produit naturellement lorsque la constitution génétique des microbes est modifiée d’une manière qui les rend plus sensibles aux antimicrobiens conçus pour les tuer ou empêcher leur croissance. Au Canada, la surveillance indique que les niveaux de résistance chez les bovins et les bovins de boucherie sont extrêmement faibles et n’ont pas augmenté au fil du temps. Les données de recherche et de surveillance suggèrent que l’élimination de l’utilisation des antimicrobiens dans la production de viande bovine aurait des conséquences négatives claires sur la santé des bovins sans aucun avantage évident pour la santé humaine. Voir la section d’introduction ci-dessous pour les définitions des mots « antimicrobien » et « antibiotique ».  

Points importants
Les antimicrobiens utilisés dans la production bovine canadienne sont réglementés par Santé Canada
Les antimicrobiens médicalement importants utilisés dans la production bovine canadienne ne sont disponibles que sur ordonnance dans le cadre d’une relation vétérinaire-client-patient (RVCP) valide.
La résistance aux antimicrobiens est un phénomène naturel
L’utilisation d’antimicrobiens ne provoque pas de résistance antimicrobienne, mais elle peut accélérer le taux de résistance antimicrobienne. Une bonne gestion des antimicrobiens aide à limiter la sélection pour la résistance aux antimicrobiens et prolonge l’efficacité des antimicrobiens
L’utilisation et la résistance aux antimicrobiens sont des enjeux importants pour l’industrie canadienne du bœuf. Nous avons besoin d’antimicrobiens pour rester efficaces à la fois en médecine humaine et vétérinaire 
La plupart des antimicrobiens utilisés dans la production de bœuf au Canada sont des ionophores, qui ne sont pas considérés comme importants sur le plan médical par l’Organisation mondiale de la santé 
Bien que des antimicrobiens importants sur le plan médical soient utilisés, les antimicrobiens de catégorie 1 (classés comme « d’importance très élevée pour la médecine humaine ») représentent une très petite proportion des antimicrobiens utilisés dans la production de bœuf au Canada 
Les antimicrobiens médicalement importants approuvés pour une utilisation chez les bovins de boucherie ne sont disponibles que sur ordonnance vétérinaire et ne peuvent pas être utilisés pour améliorer la croissance ou l’efficacité alimentaire 
L’utilisation, la résistance et les solutions de rechange aux antimicrobiens font l’objet de nombreux efforts de recherche dans l’industrie canadienne du bœuf 
L’Agence de la santé publique du Canada effectue une surveillance de l’utilisation des antimicrobiens dans les parcs d’engraissement canadiens, ainsi qu’une surveillance de la résistance aux antimicrobiens dans les parcs d’engraissement, les abattoirs et le bœuf au détail par l’intermédiaire du Programme intégré canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (PICRA) 

Introduction

Antimicrobien: une substance qui peut détruire ou empêcher la croissance des micro-organismes. Il existe de nombreux types différents de substances antimicrobiennes, y compris les antibiotiques, les antiprotozoaires (par exemple les ionophores pour la coccidiose), les biocides comme l’alcool, le savon et l’eau de Javel.

Antibiotique: substance antimicrobienne produite par un micro-organisme (ou une version synthétique) qui peut tuer ou empêcher la croissance d’un autre micro-organisme. En médecine humaine et vétérinaire, les antibiotiques sont utilisés pour traiter les infections bactériennes. 

Tous les antibiotiques sont des antimicrobiens, mais tous les antimicrobiens ne sont pas des antibiotiques. Les deux termes sont souvent utilisés de manière interchangeable. 

Antimicrobien médicalement important: Antimicrobiens considérés comme importants pour le traitement des infections bactériennes chez les humains. 

Certains médicaments sont considérés comme plus importants que d’autres dans le traitement des infections bactériennes graves, et le développement d’une résistance à ces antimicrobiens pourrait avoir des conséquences plus graves pour la santé humaine. 

Les antimicrobiens sont utilisés dans l’aquaculture, la production fruitière, l’apiculture, la production animale, les animaux de compagnie, la faune, certaines cultures, les produits chimiques industriels et ménagers et la médecine humaine. Dans le bétail, diverses catégories d’antimicrobiens médicalement importants sont utilisées à des fins thérapeutiques (c’est-à-dire pour traiter une maladie) ou pour lutter contre une maladie. L’utilisation d’antimicrobiens importants sur le plan médical à des fins de production chez le bétail (c.-à-d. améliorer l’efficacité alimentaire) a été interdite au Canada. D’autres outils de gestion utilisés pour prévenir et contrôler les maladies dans la production de viande bovine comprennent la nutrition, l’hygiène, les vaccins, le logement, les antiparasitaires probiotiques et enzymes. 

Fonction des antimicrobiens 

Presque tous les antimicrobiens sont dérivés de ceux produits naturellement par les micro-organismes du sol. Imaginez que deux types de microbes partagent le même environnement et dépendent de la même source de nutriments pour exister. Le microbe A aura un avantage concurrentiel s’il peut produire et excréter un antimicrobien qui inhibe ou tue le microbe B, et vice-versa. En même temps, le microbe A peut avoir naturellement développé un mécanisme de résistance pour se protéger contre son propre antimicrobien afin qu’il ne se tue pas accidentellement lorsqu’il le produit – c’est ce qu’on appelle la « résistance intrinsèque ». 

Les antimicrobiens sont utilisés en médecine humaine et vétérinaire pour les mêmes raisons. L’utilisation d’un antimicrobien pour cibler des agents pathogènes microbiens spécifiques est un moyen efficace de lutter contre les maladies infectieuses, en particulier lorsque des vaccins efficaces ne sont pas disponibles. 

Les antimicrobiens endommagent ou tuent leur microbe cible en endommageant ou en bloquant des caractéristiques structurelles spécifiques (par exemple, la paroi cellulaire ou un récepteur de surface cellulaire) ou des fonctions métaboliques. Parfois, les microbes cibles subissent des mutations génétiques aléatoires ou acquièrent des gènes de résistance d’un autre microbe (résistant). Cela peut modifier les caractéristiques structurelles ou les processus métaboliques qui rendent le microbe cible et sa progéniture résistants à cet antimicrobien (ou à des antimicrobiens apparentés qui tuent ou empêchent la croissance de la même manière). 

Mutation des microbes 

La résistance aux antimicrobiens se produit naturellement et n’est pas causée par l’utilisation d’antimicrobiens. Si l’antimicrobien est utilisé en présence d’un microbe pathogène résistant aux antimicrobiens (agent pathogène), l’agent pathogène résistant aux antimicrobiens aura un avantage concurrentiel sur ses cousins sensibles. 

Il est important de reconnaître que la mutation n’est pas causée par la présence d’un antimicrobien. 

Si l’antimicrobien continue d’être utilisé, les pathogènes résistants survivront, se reproduiront et deviendront plus fréquents, tandis que les pathogènes sensibles se raréfieront progressivement. Dans ce cas, l’antimicrobien deviendra moins efficace et l’animal ne répondra pas à un traitement continu avec le même antimicrobien, même si la dose est augmentée. Dans ce cas, le vétérinaire ou le médecin peut passer à un antimicrobien d’une classe ou d’une catégorie différente.

Catégories d’antimicrobiens 

Les antimicrobiens sont divisés en quatre catégories selon leur importance en médecine humaine. Chaque catégorie d’importance contient des médicaments antimicrobiens de différentes classes. Les classes de médicaments sont basées sur leur composition chimique. 

  • Les antimicrobiens classés comme « très haute importance » sont utilisés pour traiter des infections humaines très graves. 
  • Les antimicrobiens de « haute importance » sont de préoccupation intermédiaire en médecine humaine. 
  • Les médicaments « d’importance moyenne » sont rarement utilisés pour traiter de graves problèmes de santé humaine. Par exemple, la tétracycline utilisée pour traiter l’acné est classée comme étant d’importance moyenne. 
  • Les antimicrobiens de « faible importance », comme les ionophores, ne sont pas utilisés en médecine humaine pour traiter les infections bactériennes. 

Au Canada, les antimicrobiens importants sur le plan médical comprennent ceux des catégories d’importance très élevée, élevée et moyenne. Les antimicrobiens de faible importance ne sont pas classés comme médicalement importants. Les antimicrobiens des quatre catégories (importance faible, moyenne, élevée ou très élevée) sont homologués pour utilisation chez les bovins de boucherie au Canada. La majorité des doses d’antimicrobiens utilisées dans la production bovine canadienne sont d’importance faible (catégorie IV) pour la santé humaine. La majorité des doses d’antimicrobiens médicalement importants utilisées chez les bovins de boucherie canadiens sont d’importance moyenne (catégorie III). 

Les antimicrobiens de faible importance comprennent les ionophores, qui sont utilisés chez les bovins de boucherie pour prévenir des maladies telles que la coccidiose et pour améliorer l’efficacité alimentaire. Généralement, les antimicrobiens des catégories II et III sont utilisés pour le traitement ou le contrôle des infections bactériennes. Au Canada, les antimicrobiens de catégorie I (très haute importance) sont rarement utilisés dans la production de bovins de boucherie et uniquement pour le traitement (et non le contrôle ou la prévention) des infections bactériennes graves chez les animaux manifestement malades. 

Catégorie d’importance en médecine humaine Classe antimicrobienne  Les produits antimicrobiens homologués 
I: Très élevé e.g. les fluoroquinolones  e.g. Baytil, A180
e.g. les céphalosporines de 3e/4e génération e.g. Excenel, Excede
II: Élevé   e.g. les macrolides e.g. Tylan, Micotil, Draxxin, Zuprevo, Zactran
III: Moyen  e.g. les tétracyclines 

e.g. les phénicols 

e.g. Liquamycin, Aureomycine.g.

e.g. Nuflor, Resflor

IV: Faible  e.g. les ionophores e.g. Rumensin, Bovatec, Posistec

Préoccupations dans la production bovine 

La résistance aux antimicrobiens est une préoccupation dans la production animale pour deux raisons : 

  1. Si les agents pathogènes développent une résistance, les antimicrobiens cesseront d’agir, les animaux ne répondront pas au traitement et le risque de problèmes de santé et de bien-être des animaux et de décès peut augmenter. 
  1. Les agents pathogènes du bétail résistants aux antimicrobiens peuvent transmettre leur résistance aux agents pathogènes humains. Il en résulterait que les médicaments antimicrobiens ne seraient pas aussi efficaces dans le traitement des infections humaines. 

Préoccupations en santé publique 

La plus grande préoccupation concerne les antimicrobiens qui sont de très haute importance en médecine humaine, mais qui sont également utilisés dans le bétail. Ce sont des médicaments de dernier recours en médecine humaine (et en médecine vétérinaire); ils sont utilisés pour les infections qui ne répondent pas aux médicaments de moindre importance et pour lesquelles il n’existe pas d’autres alternatives. Si les médicaments de très haute importance ne fonctionnent pas, les médecins (et les vétérinaires) n’ont pas d’autre choix.

L’utilisation de tous les antimicrobiens en médecine vétérinaire est approuvée et réglementée par Santé Canada.

Les ionophores (classés comme « faible importance » en médecine humaine) sont souvent inclus à tort dans les discussions sur l’utilisation des antimicrobiens chez le bétail et le lien potentiel avec la résistance aux antimicrobiens chez l’homme. Les ionophores ne sont pas utilisés en médecine humaine pour traiter les infections et ont un mode d’action très différent des autres antibiotiques. Il n’y a aucune preuve que les ionophores conduisent à une résistance croisée aux antibiotiques importants en médecine humaine.

Les producteurs travaillent avec leurs vétérinaires pour élaborer des protocoles sur le moment où il est approprié d’utiliser divers antimicrobiens et respectent les délais d’attente pour s’assurer que les animaux traités n’entrent pas dans le système alimentaire jusqu’à ce qu’il soit sécuritaire de le faire. 

Le lien potentiel entre l’utilisation d’antimicrobiens dans la production bovine et la résistance aux antimicrobiens en médecine humaine a été très difficile à prouver ou à réfuter. Une étude financée par le Fonds de développement de l’industrie bovine Canada-Alberta a révélé que les bactéries isolées du personnel des parcs d’engraissement qui travaillaient à la fois avec des bovins malades et les médicaments eux-mêmes avaient des niveaux de résistance aux antimicrobiens qui n’étaient pas plus élevés (et étaient inférieurs dans de nombreux cas) que dans les bactéries prélevées en laboratoires de santé humaine. 

L’industrie canadienne du bœuf a soutenu un certain nombre de projets de recherche étudiant cette question depuis la fin des années 1990. Deux études financées par le Beef Cattle Research Council (BCRC) ont révélé que les médicaments les plus importants pour la santé humaine sont rarement utilisés par l’industrie bovine canadienne. À l’inverse, les antimicrobiens de faible importance qui sont les plus largement utilisés par l’industrie canadienne du bœuf ne sont jamais utilisés pour traiter les infections bactériennes en médecine humaine. 

Plus récemment, des recherches soutenues par le Beef Science Cluster ont examiné le risque que des résidus d’antimicrobiens, des bactéries résistantes ou des gènes de résistance puissent se déplacer des parcs d’engraissement vers les environnements humains, par le fumier, le sol et l’eau. Cette étude a révélé que le compostage du fumier est un moyen efficace de dissiper les résidus d’antimicrobiens et les gènes de résistance. De plus, les zones humides et les sols microbiologiquement actifs jouent un rôle important dans la dégradation des antimicrobiens et des gènes de résistance. Par conséquent, les populations microbiennes et les profils de résistance aux antimicrobiens des parcs d’engraissement et des environnements associés à l’homme diffèrent considérablement.  

Les bactéries qui se sont adaptées pour prospérer dans un environnement particulier ne pourront pas rivaliser avec leurs proches parents qui se sont adaptés pour prospérer dans un environnement différent. Par exemple, les entérocoques sont un groupe de bactéries que l’on trouve couramment chez les bovins et les humains. Mais il existe de très nombreux types d’entérocoques différents, chacun avec sa ou ses niches environnementales préférées. Enterococcus hirae sont les Enterococcus les plus courants chez les bovins de boucherie (et rarement trouvés chez l’homme), tandis que Enterococcus faecium et Enterococcus faecalis sont couramment trouvés chez l’homme, mais rarement chez les bovins. Enterococcus faecium et E. faecalis sont les entérocoques qui provoquent le plus souvent des infections chez l’homme. 

Même lorsque E. faecium et E. faecalis ont été occasionnellement trouvés chez les bovins, leur constitution génétique et leurs schémas de résistance aux antimicrobiens différaient de ceux d’E. faecium et d’E. faecalis trouvés chez les patients humains. L’E. faecium et l’E. faecalis que l’on trouve occasionnellement chez les bovins n’ont pas non plus les gènes nécessaires pour induire la maladie chez l’homme. Cela suggère fortement que les pratiques d’utilisation des antimicrobiens dans la production de viande bovine influencent les schémas de résistance aux antimicrobiens dans les environnements associés aux bovins, tandis que les pratiques d’utilisation des antimicrobiens en médecine humaine influencent les schémas de résistance aux antimicrobiens chez l’homme. 

Un parc d’engraissement de l’étude a élevé certains enclos de bovins en utilisant des antibiotiques (« production conventionnelle ») et n’utilisant pas d’antibiotiques dans d’autres enclos de bovins (« production naturelle »). Les mêmes types de gènes de résistance aux antibiotiques ont été trouvés dans les enclos conventionnels et naturels. Cependant, un plus grand nombre total de gènes de résistance aux antibiotiques a été trouvé dans les enclos conventionnels. Cela souligne le fait que plus on utilise d’antibiotiques, plus on trouvera de bactéries résistantes aux antibiotiques courants chez les bovins. Cela signifie que l’utilisation responsable d’antibiotiques chez les bovins est d’une importance cruciale pour s’assurer qu’ils continuent d’être efficaces dans le traitement des maladies du bétail, même si cela ne pose pas de risque en aval pour la santé humaine. Cela prouve également que ne pas utiliser d’antibiotiques n’entraîne pas la perte par toutes les bactéries de leurs gènes de résistance aux antimicrobiens. 

Surveillance de la résistance aux antimicrobiens chez les bovins de boucherie 

L’Agence de la santé publique du Canada a instauré le Programme intégré canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (PICRA) pour surveiller la résistance aux antimicrobiens chez les humains et le bétail, ainsi que la viande vendue au détail. Les résultats de la surveillance fluctuent d’une année à l’autre, mais les résultats du PICRA à ce jour indiquent que la résistance aux antimicrobiens est relativement faible. La multirésistance est également faible et n’augmente pas. 

Ce faible niveau de résistance est probablement dû au fait que les médicaments de très haute importance sont très rarement utilisés chez les bovins de boucherie au Canada; les médicaments de dernier recours en médecine humaine sont également des médicaments de dernier recours en médecine bovine. 

Les données de recherche et de surveillance suggèrent que l’élimination de l’utilisation d’antimicrobiens dans la production de viande bovine aura des conséquences négatives claires sur la santé des bovins sans aucun avantage évident pour la santé humaine. 

En s’appuyant sur les cadres de surveillance de l’utilisation et de la résistance aux antimicrobiens élaborés en collaboration avec l’industrie bovine, le PICRA a mis en œuvre une composante de parcs d’engraissement de l’Alberta à ses programmes de surveillance à la ferme en 2016. En 2019, ce projet pilote a été élargi pour inclure davantage de parcs d’engraissement en Alberta, ainsi que des lots en Saskatchewan et en Ontario.

Bien qu’une grande partie de la recherche sur l’utilisation et la résistance des antimicrobiens chez les bovins de boucherie se soit concentrée sur le secteur des parcs d’engraissement, l’utilisation des antimicrobiens a également été étudiée dans le secteur vache-veau au Canada. Une enquête auprès de 100 exploitations vache-veau inscrites au Réseau de surveillance vache-veau de l’Ouest canadien a révélé que, bien que des antibiotiques médicalement importants aient été utilisés dans presque tous les troupeaux, la plupart étaient des antimicrobiens de catégorie III (importance moyenne) et ont été utilisés chez moins de 5 % des vaches, veaux ou taureaux dans la plupart des troupeaux. L’utilisation plus faible d’antimicrobiens dans les troupeaux de vaches-veaux (par rapport aux parcs d’engraissement) résulte probablement d’un risque de maladie plus faible lié à un stress moindre, à un moindre mélange d’animaux provenant de sources multiples et à une densité de peuplement plus faible dans les pâturages par rapport aux enclos de confinement. 

Idées fausses sur l’utilisation des antimicrobiens et la résistance chez le bétail 

Les industries de l’élevage sont également souvent critiquées en raison de la désinformation et de l’incompréhension concernant la disponibilité et l’utilisation des antimicrobiens dans la production animale. 

Sur ordonnance seulement 

En termes simples, la VCPR veut dire que votre vétérinaire connaît votre ferme, vos pratiques de gestion, votre troupeau et les problèmes usuels de santé de façon assez élaborée pour donner des avis et des recommandations appropriées

Au Canada, les antimicrobiens médicalement importants pour les bovins ne sont disponibles que sur ordonnance vétérinaire, dans les limites d’une relation vétérinaire-client-patient (RVCP) valide. 

Les éleveurs de bovins ne peuvent légalement acheter en vente libre des antimicrobiens médicalement importants sans ordonnance au Canada. 

Antimicrobiens dans l’alimentation du bétail 

Les antimicrobiens médicalement importants ne peuvent pas être étiquetés ni utilisés pour stimuler la croissance des bovins au Canada. Tous les antimicrobiens importants sur le plan médical dans les aliments nécessitent une ordonnance vétérinaire avant que l’aliment puisse être formulé ou vendu. 

Dans certains cas, la méthode d’administration du médicament est confondue avec la raison pour laquelle il est utilisé. Par exemple, lorsqu’un médicament est administré par l’alimentation à un animal plutôt qu’injecté, une hypothèse erronée peut être émise selon laquelle le but du médicament administré est de favoriser la croissance. En fait, si un grand nombre d’animaux doivent être traités quotidiennement pendant une période de temps, il est beaucoup plus sûr et moins stressant pour l’animal d’administrer le médicament par l’alimentation ou l’eau que de manipuler chaque individu à plusieurs reprises pour l’injection quotidienne du médicament. 

De l’eau ou des aliments peuvent être utilisés pour administrer l’oxytétracycline et la chlortétracycline aux veaux d’engraissement présentant un risque élevé de maladie respiratoire. De même, la tétracycline orale peut être prescrite aux adolescents pour traiter l’acné, et non pour les faire grandir plus vite. 

Un manque d’appétit est un signe courant de maladie respiratoire chez les bovins. Garder les animaux en bonne santé leur permet de manger et de grandir, ce qui peut également contribuer à la confusion entre l’utilisation d’antimicrobiens à des fins sanitaires et la promotion de la croissance. Cependant, l’administration d’antimicrobiens à des bovins en bonne santé n’améliore pas le taux de croissance ni l’efficacité alimentaire.

Utiliser des antimicrobiens pour contrôler la maladie 

La métaphylaxie est le traitement d’un groupe d’animaux pour lutter contre une épidémie ou pour contrôler la propagation d’une infection lorsque le risque de développer une maladie est élevé. Cette stratégie peut être utilisée pour prévenir les maladies respiratoires chez les veaux à haut risque (légers, fraîchement sevrés, issus des ventes aux enchères). Les veaux nouvellement arrivés en parc d’engraissement peuvent être stressés, selon qu’ils ont été sevrés récemment, sur quelle distance ils ont été transportés et s’ils ont été adaptés aux aliments secs. Le stress peut altérer la fonction immunitaire. Étant donné qu’il n’existe pas de vaccins efficaces contre tous les agents pathogènes respiratoires et que les vaccins ne sont pas efficaces s’ils sont administrés après que les bovins du parc d’engraissement ont déjà commencé à montrer des signes de maladie, les antimicrobiens peuvent être utilisés pour contrôler la propagation et le développement de la maladie pendant les premières semaines dans le parc d’engraissement. Une fois que les veaux se sont adaptés et ont surmonté les facteurs de stress, l’incidence de la maladie est très faible.

L’utilisation d’antimicrobiens d’importance moyenne ou faible pour contrôler ou prévenir efficacement la maladie chez les bovins peut réduire le besoin d’utiliser des médicaments antimicrobiens plus puissants d’importance élevée ou très élevée pour traiter et guérir la maladie une fois que la maladie a progressé et s’est aggravée. 

Utilisation d’antibiotiques sur des animaux atteints d’infections virales 

Un antibiotique ne sera pas efficace contre la diarrhée des veaux causée par le rotavirus ou le coronavirus, ou les maladies respiratoires causées par des virus (par exemple BVD, IBR, PI-3, BRSV). Cependant, ces conditions peuvent être traitées avec des antibiotiques pour réduire le risque d’infections bactériennes secondaires pouvant entraîner une pneumonie.

Les virus ne sont pas sensibles aux antibiotiques. 

Suivi des quantités administrées 

Les opérations modernes d’alimentation du bétail et les usines d’aliments pour animaux sont équipées d’équipements de traitement, de mélange et de distribution d’aliments hautement sophistiqués qui aident à garantir que chaque animal reçoit la quantité d’antimicrobien nécessaire, s’il est administré par le biais de l’alimentation. Les antibiotiques injectables sont délivrés de manière encore plus précise, avec un volume spécifique donné à un animal en fonction de son poids corporel individuel. 

Les meuneries commerciales et à la ferme sont régies par la réglementation de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. 

Éviter la résistance aux antimicrobiens 

Le développement de microbes résistants aux antimicrobiens peut être découragé par des pratiques de gestion qui réduisent le besoin d’utiliser des antimicrobiens et une utilisation prudente lorsque les antimicrobiens sont nécessaires.

Utilisation responsable des antimicrobiens 

  • Surveiller en permanence la santé des bovins pour assurer un traitement ou des soins rapides 
    • Un traitement rapide donnera généralement un meilleur taux de réponse et nécessitera moins de traitements  
    • Un traitement retardé peut être responsable d’un échec du traitement, puis d’un traitement prolongé en conséquence 
    • Un traitement retardé augmentera le risque de propagation de l’infection 
    • Surveiller l’efficacité du traitement afin de remédier rapidement aux traitements inefficaces 
  • Avoir un diagnostic précis avant d’utiliser des antimicrobiens
    • Par exemple, toutes les boiteries ne sont pas du piétin (une infection bactérienne) 
    • Les virus ne sont pas sensibles aux antibiotiques 
    • Les antimicrobiens qui ciblent spécifiquement l’agent pathogène doivent être préférés aux agents à large spectre et le traitement local doit être préféré au traitement systémique, le cas échéant 
  • Choisissez le bon produit pour traiter la condition 
    • Discutez avec votre vétérinaire pour vous aider à déterminer si les avantages pour la santé du traitement d’un médicament antimicrobien particulier l’emportent sur le risque potentiel et le fardeau sur la résistance
  • Suivre les instructions du vétérinaire et/ou de l’étiquette 
    • Utiliser la bonne voie d’administration (orale, sous-cutanée, intramusculaire ou intraveineuse)
    • Délivrer le médicament à la bonne dose
    • Administrer le médicament pendant le nombre de jours approprié 
      • Le traitement ne doit pas être arrêté plus tôt que l’indiquent les instructions du vétérinaire et/ou de l’étiquette, car la réduction des symptômes peut être confondue avec une guérison 
      • À condition que les instructions du vétérinaire et/ou de l’étiquette soient suivies, les antimicrobiens doivent être utilisés pendant la période de temps la plus courte nécessaire pour obtenir une guérison fiable. Cela minimise l’exposition d’autres populations bactériennes à l’antimicrobien
    • Si l’étiquette du produit n’est plus disponible, visitez le Compendium des produits vétérinaires pour la rechercher
  • Éliminer correctement le produit périmé, les contenants vides et les aiguilles usagées 
  • Respecter les exigences et les procédures recommandées dans le programme canadien de salubrité des aliments à la ferme Verified Beef Production PlusTM 
  • Sachez quand euthanasier. Il est irresponsable de donner des antimicrobiens à un animal qui a un mauvais pronostic plutôt que de l’euthanasier. Utiliser des procédures et de l’équipement acceptables pour l’euthanasie des bovins, comme indiqué dans le Code de pratiques des bovins de boucherie

Prévenir les maladies pour réduire le besoin d’utiliser des antimicrobiens 

  • Réduire le stress des animaux. Le stress peut affaiblir le système immunitaire, augmenter le risque de maladie et augmenter la dépendance aux antimicrobiens. Envisagez des pratiques telles que: 
Value of preconditioning calves tool
  • Maintenir les pâturages et les enclos aussi propres et secs que possible en les protégeant des éléments. 
  • Utiliser des pratiques de biosécurité pour réduire la propagation de l’infection parmi les animaux. 
    • Minimiser le mélange d’animaux provenant de différentes sources lorsque cela est possible; 
    • Isoler les animaux malades; 
    • Évitez la surpopulation. 
  • Assurez-vous d’avoir une relation vétérinaire-client-patient valide et maintenez une relation continue avec votre vétérinaire pour développer et maintenir un programme de gestion de la santé du troupeau et des protocoles de biosécurité appropriés pour aider à prévenir et à contenir les maladies. Rassemblez et partagez autant de connaissances et de dossiers avec votre vétérinaire que possible, y compris l’historique des bovins entrants pour aider à déterminer ce qui est nécessaire pour des routines efficaces de prévention des maladies avec le bétail à l’arrivée. 
    • Température d’un animal malade; 
    • Réponses observées au traitement

Les producteurs qui participent au programme canadien Verified Beef Production Plus (VBP+) démontrent qu’ils suivent des pratiques approuvées par l’industrie qui sélectionnent, utilisent, entreposent et éliminent les antimicrobiens de manière responsable. 

Stratégie nationale de recherche sur les antimicrobiens pour le bœuf 

La Stratégie nationale de recherche sur les antimicrobiens pour le bœuf a été élaborée par le Beef Cattle Research Council (BCRC) et la National Beef Value Chain Roundtable (BVCRT) à la suite d’une analyse complète de la situation de la recherche sur les antimicrobiens pertinente pour le secteur canadien du bœuf, d’une consultation approfondie et d’une validation avec tous les principaux intervenants, groupes et collaboration avec les bailleurs de fonds pour coordonner et aligner les priorités de financement. Cette stratégie identifie les résultats de recherche prioritaires pour l’industrie canadienne du bœuf et a obtenu l’engagement des principaux bailleurs de fonds de la recherche du Canada à se concentrer sur l’atteinte de ces résultats. 

Les résultats de la recherche ont été définis dans les domaines prioritaires suivants: 

  • Résistance antimicrobienne; 
  • Utilisation d’antimicrobiens; 
  • Alternatives aux antimicrobiens. 

Remerciements 

Merci au Dr Tim McAllister (Agriculture et Agroalimentaire Canada) et au Dr Cheryl Waldner (Western College of Veterinary Medicine) pour leur temps et leur expertise lors de l’élaboration de cette page. 

Ce contenu a été révisé pour la dernière fois en Janvier 2020.